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TROISIÈME PARTIE: ETABLISSEMENT D’UNE BASE SOLIDE POUR L’INTRODUCTION D’INNOVATIONS EN MATIÈRE DE FORESTERIE RURALE


CHAPITRE 8 CONCEPTION ET ÉLABORATION DES PROGRAMMES
CHAPITRE 9 COMMENT RENDRE PLUS EFFICACES LES PROGRAMMES DE BOISEMENT EN MILIEU RURAL
ANNEXE I GUIDE ABREGE DES OUVRAGES TRAITANT D’AGROFORESTERIE

CHAPITRE 8 CONCEPTION ET ÉLABORATION DES PROGRAMMES


8.1 Choix des projets
8.2 Planification des projets
8.3 Analyse économique et financière
8.4 Les petits paysans et les aspects économiques du boisement
8.5 Suivi et évaluation

Il n’est pas simple de fixer avec réalisme un ensemble d’objectifs sur lesquels fonder la planification d’activités forestières privées et collectives. En effet, ces objectifs vont bien plus loin que ceux de la foresterie classique, ou l’on se contente de comparer les réalisations concrètes aux buts prévus pour mesurer les progrès accomplis. La foresterie communautaire et la foresterie sur petites exploitations ne sont pas des fins en elles-mêmes et l’évaluation des progrès matériels ne donne qu’une idée incomplète des effets et des résultats des programmes entrepris. Le nombre d’arbres plantés, de forestiers formés, de bords de route reboisés: ces chiffres nous renseignent mal sur l’effet positif d’une activité.

Il n’est pas utile d’augmenter dans une région le nombre d’arbres destinés au bois de feu s’il n’existe pas, sur place, de besoin correspondant ou de marché pour l’absorber. De même, il faut concevoir un projet de protection des bassins versants non pas comme une fin en soi, mais plutôt comme un moyen d’atteindre certains objectifs économiques et sociaux. Il peut s’agir de soutenir la production agricole sur place ou en aval, en entretenant la fertilité du sol et en réduisant les inondations en aval, de protéger la vie et la santé des populations locales en contrôlant la qualité de l’eau, ou de tout autre objectif en rapport avec les aspirations et les besoins fondamentaux des communautés locales.

Les termes “foresterie communautaire” et “foresterie au service des collectivités” sont employés fréquemment par les planificateurs comme par les forestiers, mais leur signification varie presque avec chaque projet. Souvent, l’étiquette “foresterie communautaire” sert simplement à indiquer qu’un projet donné est censé combattre des contraintes sociales - fréquemment présumées.

Comme on l’a vu au chapitre 4, l’expression “foresterie communautaire” regroupe un ensemble d’objectifs plutôt qu’une seule perspective de développement. Il se peut que ces objectifs multiples soient divergents ou même incompatibles. Ainsi une activité peut avoir pour but de donner aux populations rurales un moyen de profiter des débouchés commerciaux lucratifs pour le bois, tandis qu’une autre peut viser à protéger l’environnement ou à accroître la production agricole, alors qu’une troisième tend à améliorer l’approvisionnement en bois des ménages.

L’intérêt de la planification est de donner une image précise de ce que sont d’un côté les objectifs réels, et, de l’autre les avantages des différentes méthodes propres à les réaliser. Il n’y a guère d’activités qui puissent satisfaire les besoins multiples de tous les différents groupes de bénéficiaires potentiels, car bien souvent, les conditions locales imposent leurs propres complexités et contradictions. Certains objectifs peuvent même être incompatibles avec d’autres. Les programmes présentent presque toujours des aspects négatifs et l’élaboration d’un projet doit certainement comporter toute une série de compromis et de choix pour arriver à la solution qui paraît la plus acceptable et la mieux réalisable pour tous les intéressés.

Pour réussir, les programmes de foresterie à l’échelle de l’exploitation et ceux de foresterie collective doivent être élaborés avec la participation des populations locales, en particulier des hommes et des femmes qui doivent en bénéficier, et des représentants des agences d’exécution et de financement. Ce genre de planification n’est jamais une chose simple ni facile. Elle peut exiger la création ou le renforcement des services locaux de planification. Cependant l’expérience a montré que d’autres approches plus centralisées ne font que renforcer le statu quo et ne permettent généralement pas de réaliser les grands objectifs sociaux.

8.1 Choix des projets

La planification et l’aménagement forestiers sont un travail de longue haleine. La foresterie communautaire et la foresterie paysanne ont besoin d’être encadrées par une structure politique nationale qui traduit un engagement soutenu en faveur du développement rural. S’il existe des obstacles sérieux au boisement, il faut que le gouvernement soit disposé à appuyer une législation qui puisse les éliminer. Il peut être nécessaire de modifier les régimes fonciers de façon à favoriser la culture d’arbres ou de faire disparaitre les contraintes qui limitent la demande commerciale de bois et d’autres produits forestiers.

Il est bien sûr souhaitable que les gouvernements élaborent des plans globaux d’utilisation des terres quand ils mettent sur pied des stratégies nationales de développement. Cependant, ces plans doivent tenir compte des préférences locales et laisser une marge de flexibilité à ceux qui les mettent en pratique sur place. Les gouvernements nationaux et les organismes d’aide au développement doivent se garder de tomber dans le piège du cercle vicieux des actions qui ont pour seul but de se valider les unes les autres sans avoir le moindre égard pour les vrais besoins des populations locales. Les pressions politiques ou les courants internationaux peuvent mettre en avant certaines idées qui se répercutent ensuite sur la législation, les dispositions budgétaires, les conditions de prêts et les politiques gouvernementales, et peuvent même déterminer les priorités en matière de développement, que ces priorités correspondent ou non aux besoins des populations rurales.

Les projets qui en résultent donnent souvent l’impression d’avoir besoin d’une justification. Les habitants des campagnes n’ont peut-être pas besoin d’arbres supplémentaires mais les gouvernements et les organismes d’aide, soumis à des pressions d’ordre politique, en faveur du reboisement, peuvent décider d’affecter des terres aux plantations d’arbres alors que d’autres utilisations seraient peut-être plus appropriées. Les mêmes pressions déterminent parfois aussi le type d’arbre à planter: alors que la population a besoin de fourrage, on plante des arbres à bois de feu.

De nombreux pays ont tellement besoin de devises qu’ils demandent une aide internationale pour mettre en oeuvre des projets. Les propositions sont alors soumises et les objectifs fixés sans tenir aucun compte des réalités locales, pour que les projets paraissent plus intéressants aux organismes d’aide. Les propositions de projet, préparées sur place ont souvent l’apparence d’être réalisables même si elles comportent des objectifs éloignés de la réalité et du contexte.

La promesse de résultats rapides est une autre tentation a laquelle succombent fréquemment les responsables de la préparation d’un projet. Les agences de financement ont une préférence bien compréhensible pour les projets qui donnent des résultats visibles des les premières phases. Des programmes mis en oeuvre rapidement risquent de rencontrer plus tard des difficultés si les principes fondamentaux sur lesquels ils se basent ont été mal définis et mal appliqués.

8.2 Planification des projets

Tous les projets, et à plus forte raison les projets ou il faut tenir compte du temps de croissance des arbres, exigent une planification réfléchie et raisonnée. Comme on l’a vu au chapitre 4, les objectifs peuvent varier; une bonne planification exige une orientation clairement définie et le choix d’une stratégie qui correspond aux objectifs fixés. Cette définition des objectifs requiert une bonne connaissance de la région où sera mis en oeuvre le projet.

Dans la pratique, le point le plus faible de l’élaboration des programmes de foresterie collective et de forestérie paysanne est souvent le rassemblement de données de base pendant la phase de préparation. C’est pour cette raison que de nombreux programmes ont eu des objectifs et des buts irréalisables et que les maigres ressources disponibles ont été mal utilisées. Le manque de données risque aussi de dissimuler les vrais succès du projet. Il arrive qu’un programme soit considéré comme un échec simplement parce qu’il n’a pas réussi à atteindre des objectifs qui n’étaient pas réalisables.

Il n’est pas raisonnable de vouloir décrire en détail, ou d’essayer de prévoir, les effets d’un programme orienté vers la vente sans connaître de façon approfondie les marchés locaux du bois et des produits ligneux. Or, ces renseignements élémentaires font souvent défaut. Dans ces conditions, il est pratiquement impossible de faire une évaluation réaliste des effets probables d’un programme, et en particulier de savoir qui bénéficiera de la plantation d’arbres et qui en subira éventuellement les conséquences néfastes.

Les critiques adressées aux programmes de foresterie paysanne en Inde, par exemple, tiennent en grande partie au fait que nombre de projets ont été mis en oeuvre sans que l’on ait eu une idée claire de la structure de la demande commerciale. En conséquence, les projets ont évolué dans des directions et avec des résultats qui ont surpris leurs promoteurs. Avec du recul, il est clair que des enquêtes de marché préalables auraient permis de mieux prévoir les résultats de ces activités, et certaines critiques auraient pu être prévues et peut-être même évitées.

De même, au Sahel, une meilleure connaissance de l’offre et de la demande de bois aurait permis de mieux planifier les programmes de parcelles boisées villageoises. Notamment, une meilleure compréhension de l’économie rurale du bois aurait amené à élaborer un programme aux bases plus larges, englobant des produits autres que le bois de feu.

La quantité et la nature des données générales à requérir pour une planification efficace dépendent de la portée et des objectifs du programme. Si l’intention est de compter sur les incitations commerciales pour encourager les exploitants à cultiver des arbres, il faut disposer d’un tableau complet de la situation locale de l’offre et de la demande de bois et des liens avec les marchés. Par contre, si les objectifs du programme concernent l’environnement, et comprennent, par exemple, la lutte contre l’érosion et la dégradation des sols, il est indispensable de savoir d’où proviennent ces problèmes.

La connaissance des régimes fonciers locaux est essentielle a tout type d’activité forestière, de même que celle des coutumes qui régissent les systèmes de tenure sur les arbres. Pour obtenir ce genre de renseignements, il faut recueillir des données anthropologiques et sociologiques. C’est souvent en interrogeant les bénéficiaires potentiels des projets, en tenant des réunions et en menant des enquêtes spontanées que l’on obtient des renseignements utiles d’ordre socio-économique. Il n’en faut pas moins vérifier toutes les données, car les personnes interrogées pensent parfois qu’elles ont avantage à donner des renseignements incorrects. Ce procédé sera plus fructueux si l’on encourage la population a participer à la définition des problèmes et à la collecte des renseignements.

L’étude de l’ensemble de la situation est un élément essentiel d’une planification rationnelle, mais il n’est pas toujours possible d’y procéder. Il est indispensable de prévoir de bonnes méthodes d’enquête et d’allouer des fonds suffisants pour les mener. Ces enquêtes ne doivent viser qu’à recuillir les données nécessaires. Si la masse des données est trop importante, l’analyse détaillée des renseignement obtenus par une enquête initiale s’en trouve compliquée et ralentie. La question n’est pas simplement d’élargir l’éventail des connaissances, mais de cerner avec rigueur le domaine a explorer pour planifier les actions à entreprendre, et d’imaginer des méthodes qui permettront d’obtenir les renseignements voulus de la manière la plus efficace et la plus économique.

8.3 Analyse économique et financière

Les planificateurs d’un projet désirent généralement savoir si l’intervention forestière envisagée répondra à certains critères économiques et financiers. Ils ont besoin de savoir si l’investissement sera rentable à long terme et quels seront les bénéfices probables pour l’économie en général et pour les petits exploitants en particulier.

L’analyse économique mesure ce que la société gagne et ce qu’elle perd comme résultat de la mise en oeuvre d’un projet. Les coûts sont souvent évalués en fonction des opportunités qui ont été écartées et sont donc appelés “coûts d’opportunité”. Les avantages se mesurent en fonction des biens et des services que le projet pourrait procurer à la société dans son ensemble. L’analyse financière mesure la circulation monétaire réelle parmi les particuliers et les agences des secteurs public et privé, engagés dans un projet donné. Les deux analyses, économique et financière, sont nécessaires à tout projet pour lequel un financement du secteur public est envisagé (Gregersen et Contreras, 1979).

Les agriculteurs désirent aussi savoir si un projet satisfait certains critères économiques. Cependant, ils évaluent les effets de leur participation d’une manière très différente de celle d’une agence de financement. Ce qui les intéresse, c’est de savoir si une certaine démarche, qui peut comporter la plantation d’arbres, sera avantageuse pour eux à court et à long termes, et non pas si le projet est “économiquement viable” d’une manière générale.

Les planificateurs doivent comprendre que les critères des agriculteurs ne sont pas les mêmes que les leurs. En conséquence, il peut être nécessaire de modifier un projet pour l’adapter aux besoins d’ordre économique des petits exploitants parfois d’une manière qui ne correspond pas aux idées des planificateurs sur la viabilité économique du projet.

Lorsqu’on entreprend une analyse globale, qu’elle soit économique ou financière, il est parfois très difficile d’évaluer les coûts et les avantages d’un projet. Ainsi, bien souvent le bois de feu ne fait pas l’objet d’un commerce. Dans les analyses économiques, on lui assigne des prix théoriques, soit en lui donnant la valeur d’autres combustibles de remplacement, comme le charbon, le kérosène, les excréments animaux ou les résidus végétaux, soit en évaluant le coût du travail de ramassage. On suppose alors qu’il peut très bien être remplacé par d’autres ressources en capital et en main-d’oeuvre, ce qui n’est pas forcément vrai. Il s’ensuit que les ressources en bois de feu sont surestimées ou sous-estimées sans aucune cohérence dans les diverses analyses.

La qualité de l’environnement est aussi difficile à inscrire dans des analyses économiques. Certains concepts, tels que la protection des bassins versants et de l’habitat et la conservation des sols, sont reconnus par tous comme importants, mais dans l’esprit de maints économistes, les arbres ne sont intéressants que s’ils peuvent être abattus et non pour l’effet bénéfique qu’ils peuvent avoir sur l’environnement s’ils restent sur pied. Un prix est attaché à chaque arbre que l’on abat (tout comme un bénéfice est accru chaque fois qu’un arbre est planté), mais ces coûts et ces avantages ne sont pas compris dans le prix sur coupe. Dans la plupart des cas, les analyses économiques ne font aucune mention des effets des plantations d’arbres sur l’environnement, qu’ils soient positifs ou négatifs (Banque mondiale, 1984).

Il est sans doute vrai que les analyses économiques présentent beaucoup de lacunes. Mais il n’existe pas d’autre procédure qui tienne compte méthodiquement des problèmes et des critères de l’allocation des fonds par les gouvernements et les organismes internationaux d’aide au développement.

8.4 Les petits paysans et les aspects économiques du boisement

L’évaluation des coûts et des avantages du boisement varie énormément en fonction de l’optique de la personne qui fait un tel calcul. Un département des forêts peut chercher à promouvoir les systèmes d’agroforesterie parce qu’il souhaite ralentir la dégradation de l’environnement ou stabiliser des systèmes d’utilisation des terres à peu de frais (Romm, 1980). De leur côté, les exploitants sont sans doute bien plus intéressés par des avantages immédiats comme l’accroissement de la production agricole, et ne sont pas enclins à assumer le coût des objectifs plus généraux, d’ordre social ou écologique. Les systèmes taungya peuvent réduire les coûts de la plantation d’arbres pour les services forestiers mais ils risquent aussi d’imposer aux cultivateurs des dépenses et des contraintes de moins en moins acceptables (Seth, 1981). On a remarqué, par exemple, que dans le sud du Nigeria, les systèmes taungya demandaient plus de travail physique aux agriculteurs, et leur assuraient moins de revenus et moins de sécurité que les systèmes de culture itinérante que la taungya était censée remplacer (Bail, 1977).

En évaluant les différentes stratégies de production, les exploitants ne se basent pas toujours sur des coûts et des bénéfices définis par le marché. Les agriculteurs s’intéressent à la façon dont leurs besoins fondamentaux sont satisfaits: l’alimentation, l’abri, l’habillement sont-ils assurés? La famille est-elle en bonne santé? La capacité de production de l’exploitation réussit-elle à répondre à leurs besoins? Et ainsi de suite. Dans la sélection d’une nouvelle stratégie, le coût en main-d’oeuvre a fournir par les cultivateurs, hommes et femmes, pendant les diverses saisons, par rapport à la main d’oeuvre nécessaire à d’autres activités aux mêmes périodes, est un élément déterminant. Les exploitants se demandent aussi si une modification de leur système de production, qui pourrait améliorer leur situation en cas de réussite, ne les ferait pas tomber bien plus bas en cas d’échec.

Pour savoir si les petits exploitants vont, oui ou non, adopter un nouveau système de production, il faut que les planificateurs apprennent à comprendre de quelle façon les agriculteurs mesurent les risques. Y aura-t-il des compensations suffisantes en cas d’échec? L’économie agricole pourra-t-elle retrouver son ancien niveau de production de subsistance si jamais l’opération forestière venait à échouer? Quel en sera le coût pour la société et pour l’agriculteur?

Dans une certaine mesure, la perception du risque dans l’esprit du cultivateur peut s’assimiler à un taux d’escompte implicite et souvent très élevé. Un arbre planté cette année vaut bien plus aux yeux du cultivateur au bout de 2 ou 3 ans que dans 10 ou 15 ans. Il existe bien sûr des exceptions: certains exploitants plantent des arbres pour en tirer profit dans leurs vieux jours, ou pour leurs enfants ou même leurs petits-enfants.

Les planificateurs doivent donc se demander si une activité donnée de boisement rapportera à brève échéance des avantages au petit exploitant. L’un des avantages des essences exotiques et des arbres à croissance rapide est qu’ils satisfont les critères du taux d’escompte élevé de l’exploitant. Ils donnent des bénéfices au bout de quelques années et le risque que court l’exploitant en investissant dans une nouvelle stratégie de production se trouve ainsi quelque peu réduit. L’exploitation de produits vite rentables, comme les champignons, est aussi intéressante quand il existe des débouchés commerciaux appropriés.

La peur du risque lié à la plantation d’arbres est souvent fonction des dimensions de l’exploitation. Le boisement fait courir plus de risques au petit exploitant, car si ses arbres meurent, les autres moyens qu’il a de se procurer des revenus seront limités par les dimensions de sa terre. Les propriétaires de domaines plus grands ne connaîssent souvent pas ces contraintes, car ils ont assez de terre pour pratiquer plusieurs autres cultures en même temps.

Le fait que les gros propriétaires peuvent plus facilement consacrer des terres au boisement et planter plus d’arbres que les petits exploitants rend difficiles à réaliser les objectifs d’équité et de juste répartition des avantages. Le problème est encore plus complexe si les interventions forestières ont pour but de faire bénéficier les secteurs les plus défavorisés de la collectivité des retombées positives de cette entreprise. Les activités de boisement sont d’autant plus profitables qu’elles visent des groupes ayant des préoccupations et des objectifs économiques communs, déterminés par leur accès au capital et au travail et par l’utilisation qu’ils en font (Arnold, 1983).

Il est en outre indispensable que l’exploitant analyse la rentabilité potentielle de ses activités en se fondant sur une connaissance de l’évolution du marché. Surtout si les opérations de boisement sont organisées sur une grande échelle et peuvent donc réduire les pénuries sur le marché, les rentrées financières estimées au début du projet, iront en s’amenuisant par rapport aux premières estimations à mesure que le projet se déroule. Vraisemblablement, la plantation de 600 millions d’arbres effectuée ces dernières années dans le Gujarat réduira les pénuries une fois que les arbres sont commercialisables, et il est bien possible que l’on n’en retire pas les profits escomptés.

8.5 Suivi et évaluation

Le suivi et l’évaluation d’un projet permettent aux administrateurs de relever et de comprendre les progrès des activités forestières. Notamment, cela permet de prendre des mesures correctives chaque fois que surgissent des problèmes.

Le suivi consiste à mesurer les résultats et les effets d’un projet en fonction des critères fixés au préalable. Il peut s’agir d’un critère tout à fait simple - la réalisation des taches prévues, la construction de pépinières, la production de jeunes plants, etc. - qui donne des indications sur le fonctionnement et l’efficacité des opérations. Il suffit d’obtenir des rapports d’avancement périodiques, de bien organiser la présentation des données, et de les transmettre au niveau d’administration concerné.

L’évaluation consiste à faire une analyse qui relie les conclusions du suivi à l’amélioration de la gestion et de l’exécution du projet. L’évaluation permanente requiert une analyse et une évaluation continues du déroulement du projet et de ses incidences. Elle doit donc viser à résoudre les problèmes. Pour être efficace, la conception d’un projet doit être dynamique en ce sens que le projet doit pouvoir s’adapter aux variations des besoins et résoudre les nouveaux problèmes à mesure qu’ils apparaissent.

L’évaluation doit aussi porter sur le contexte du projet - l’environnement socio-économique dans lequel il doit se dérouler. Il est indispensable de comprendre ce contexte pour faire concorder les objectifs du projet avec ceux des groupes de personnes qui doivent en bénéficier, et, au besoin, les modifier ou en changer la portée (French, 1985).

L’évaluation des effets, des incidences et du contexte du projet se fonde sur des facteurs tels que la dynamique de la production et de la consommation de produits ligneux, la conscience qu’ont les gens de manquer de bois et la manière dont ils font face à ces pénuries, les modes d’organisation sociale liés à la plantation et à la culture des arbres, la commercialisation des produits ligneux et les prix du bois sur les divers marchés. Les renseignements de ce genre sont généralement obtenus grâce à des études de terrain et à des enquêtes bien conçues pour éviter la surabondance de données, dont les résultats doivent toujours être ventilés par genre (Chambers, 1978)

Les évaluations finales, effectuées à la fin d’un projet, et les évaluations postérieures, effectuées quelques années plus tard, portent sur la réalisation des buts et des objectifs à long terme. Ces évaluations servent à mettre en lumière les leçons apprises et a orienter les projets et activités à venir.

Les rapports entre la direction d’un projet et les personnes responsables du suivi et de l’évaluation sont importants. Un service de suivi et d’évaluation administrativement distinct a l’avantage de travailler avec une grande indépendance. En revanche, puisque le but principal du suivi et de l’évaluation est d’aider les réalisateurs du projet à agir plus efficacement, on admet de plus en plus qu’une étroite collaboration est souhaitable (FAO, 1985).

Ce type de suivi et d’évaluation devrait, peut-être, être confié à une personne assez haut placée dans la hiérarchie administrative du projet. Il est souvent indispensable de jouir d’influence, de prestige et de la liberté de transmettre les renseignements tant positifs que négatifs, aux principaux responsables des politiques.

Par contre, pour certaines évaluations, il est très important de ne pas être impliqué personnellement. On a trop souvent tendance à surestimer les réalisations locales, surtout quand elles sont loin d’atteindre les buts fixés. Ces nécessités contradictoires confirment que les activités de suivi et d’évaluation doivent avoir recours à des sources d’informations multiples.

Il faut également tenir compte des conditions et des contraintes locales qui gênent la recherche des données. Au Népal, par exemple, les communications écrites sont considérées comme des documents juridiques engageant la responsabilité de leur auteur. La rédaction de rapports de suivi systématiques est une pratique contraire aux usages administratifs locaux qui reposent, pour la plupart, sur la communication orale. En outre, le personnel de terrain craint que les chiffres fournis au service de suivi ne soient utilisés pour des vérifications comptables ou les contradictions seraient imputées à une utilisation abusive des fonds (Bhattrai et Campbell, 1985).

Compte tenu du caractère novateur des projets de boisement par les populations, le flux continu de renseignements et leur évaluation doivent absolument être considérés comme un instrument essentiel à la gestion du projet. Les différences de style de gestion, d’objectifs et de groupes bénéficiaires entraînent l’adoption de systèmes comportant des orientations et des centres d’intérêt différents. Il importe de trouver des systèmes de suivi et d’évaluation appropriés, faisant appel à une plus grande participation de la part des populations. Néanmoins, la participation des populations locales est une composante nécessaire des programmes destinés à accroître l’autonomie locale en matière de gestion des ressources.

Le suivi et l’évaluation n’apportent pas en eux-mêmes une solution aux problèmes rencontrés au cours de la mise en oeuvre d’un projet. Ils peuvent être des outils très efficaces à condition que la direction du projet soit en mesure d’appliquer, avec souplesse et esprit d’adaptation, des stratégies de remplacement. Beaucoup de problèmes que posent actuellement la foresterie collective et la foresterie paysanne auraient pu être identifiés et résolus plus tôt si les projets avaient été mieux suivis et évalués.

CHAPITRE 9 COMMENT RENDRE PLUS EFFICACES LES PROGRAMMES DE BOISEMENT EN MILIEU RURAL


9.1 Rôle des services des forêts
9.2 Organisations locales
9.3 Vulgarisation
9.4 Information du public et promotion des programmes
9.5 Comment réduire les risques
9.6 Le crédit pour le boisement
9.7 Programmes de distribution de jeunes plants
9.8 Programme de soutien global

Pour réussir, les programmes de boisement communautaire ont besoin d’être soutenus par un bon cadre institutionnel. De même, l’absence d’un cadre institutionnel solide entraîne souvent les plus grandes difficultés pendant l’exécution des projets. Les organisations et les institutions modèlent et encadrent le processus de développement, en principe de manière à faciliter la résolution des problèmes et à favoriser la coordination générale des activités.

Les organisations et institutions peuvent prendre diverses formes:

- organes officiels du secteur public aux échelons national, régional et communautaire;

- organisations locales, notamment coopératives, associations d’agriculteurs et groupes de fermiers et métayers, ainsi qu’autorités locales élues et organisations politiques de base, qui maintiennent vraisemblablement des liens avec des niveaux d’organisation au-dessus de celui de la communauté villageoise;

- organes du secteur privé qui s’occupent de la production, de la transformation et du commerce des biens et des services (Chandrasekharan, 1983).

Pour qu’un programme réussisse, il importe que tous ceux qui s’intéressent à sa mise en oeuvre, y compris les populations rurales, les agents des services forestiers et ceux de la vulgarisation, ainsi que les représentants des agences d’aide au développement travaillent dans une atmosphère de collaboration et d’entente. Pourtant, la participation de chacun de ces groupes est déterminée par des motivations très différentes qui peuvent même se trouver en conflit, plutôt qu’en harmonie, l’une avec l’autre.

Les échanges d’idées sont indispensables

9.1 Rôle des services des forêts

Ce sont traditionnellement les services des forêts qui sont chargés de mettre en oeuvre les programmes forestiers. Mais dans le passé, les agents de ces départements n’avaient guère de contacts avec les paysans si ce n’est pour les activités de police, de protection et de perception des impôts. L’intervention des services forestiers dans le développement rural et communautaire, l’agroforesterie, la vulgarisation et les programmes destinés à créer des emplois et des revenus est, en général, un phénomène récent qui impose aux départements des forêts des rôles nouveaux. Ce qu’on leur demande à présent, c’est de passer du rôle d’organe exécutif a celui d’organe de soutien.

Dans certains cas, ce changement de rôle peut être absolument nécessaire pour que la coopération puisse commencer. Au Pakistan, par exemple, les agriculteurs hésitaient à s’engager dans un programme de boisement en milieu rural car ils se méfiaient du Département des forêts. Au moment du lancement du projet, plus de 50 000 délits forestiers étaient en instance de jugement, c’est-à-dire qu’une famille sur six était impliquée dans un contentieux avec le Département des forêts (Cernea, 1981). Dans certaines parties de l’Inde, le personnel du Département des forêts inspire “un sentiment de crainte et non de respect ou d’amitié” (Srinivasan et Ramadoss, 1983).

Le sentiment qu’éprouvent les populations rurales à l’égard des institutions qui participent à la mise en oeuvre d’un projet détermine souvent le niveau de collaboration que l’on peut obtenir de ces populations. Les gouvernements ont choisi différents modes d’organisation pour les activités de boisement en milieu rural et la complexité et l’ampleur du cadre administratif ont beaucoup varié suivant les cas.

Dans certains cas, on a essayé de modifier la structure administrative du Département des forêts pour lui donner une meilleure image dans les campagnes. En Inde, les Départements des forêts dans les différents Etats se sont souvent dotés ostensiblement de nouvelles divisions orientées vers la foresterie au service des collectivités. Dans d’autres cas, les forestiers sont rattachés à d’autres services. Au Sénégal, par exemple, des gardes-forestiers sans uniforme ni arme sont rattachés aux services multidisciplinaires de développement régional et aux organismes de développement semi-publics.

Il n’est pas rare que le reboisement et les autres activités forestières en milieu rural soient confiés à plusieurs organisations du secteur public. Au Kenya, les activités forestières indépendantes en milieu rural sont administrées par le Ministère de l’environnement et des ressources naturelles (par l’intermédiaire de l’Office des forêts), par le Ministère de l’agriculture et de l’élevage et par le Ministère de l’énergie et du développement régional. Ce système a donné dans l’ensemble de bons résultats mais il est à craindre que le manque de coordination interministérielle n’entraîne des doubles emplois.

Il est bien plus rare de voir les activités de boisement en milieu rural ressortir d’une agence autre que le Ministère de l’agriculture ou celui de l’environnement. Pourtant, en République de Corée, quand a été lancé le programme de foresterie villageoise, la responsabilité en a été confiée au Ministère de l’intérieur. Ce transfert répondait au souci pragmatique d’insérer le reboisement dans le programme national de développement communautaire, Saemaul Undong. Cela a permis aux autorités locales de privilégier et de financer les activités de boisement.

Les nouveaux objectifs assignes à la foresterie obligent aussi a adopter de nouvelles méthodes de formation professionnelle, au niveau des forestiers comme à celui des agents de vulgarisation. Il faut remplacer l’enseignement classique par une formation qui assure les compétences requises dans un service oriente vers la vulgarisation. L’enseignement doit comprendre des stages pratiques sur le terrain, en rapport direct avec les futures responsabilités professionnelles.

La foresterie communautaire exige une formation spéciale

Un certain nombre de programmes pédagogiques structurés en foresterie communautaire ont été créés et constituent un moyen précieux d’élargir l’expérience professionnelle des forestiers. Le centre d’enseignement, de recherche et de développement de la foresterie de l’Université des Philippines offre des cours de sociologie rurale, de pédagogie et de planification au niveau communautaire dans le cadre de son enseignement forestier. L’Université Kesetsart en Thaïlande prépare un programme d’enseignement axé sur la foresterie communautaire.

La question des carrières demeure cependant un facteur limitatif, tant que les institutions ne s’adaptent pas elles-mêmes à ces changements d’orientation. La plupart des forestiers vont travailler dans des institutions qui accordent une grande importance aux compétences techniques en matière de production d’arbres et de conservation des ressources ligneuses. Presque partout, les compétences techniques et la formation orientée vers la conservation restent des facteurs déterminants pour la réussite de la carrière des forestiers. Cela signifie en fait, que les forestiers plus ambitieux chercheront à acquérir des connaissances techniques au détriment d’une expertise en sciences sociales. En outre, ils préfèreront souvent aménager des forêts existantes ou nouvelles plutôt que de s’engager dans la foresterie au service des collectivités. Celle-ci est rarement considérée comme une branche d’activités permettant d’obtenir des promotions importantes, d’occuper des postes de responsabilité au sein du Département des forêts ou de bénéficier de salaires plus élevés et d’autres avantages.

Pour créer des services intégrés, il a souvent été difficile de recruter des personnes qualifiées, possédant une expérience dans les sciences sociales et dans d’autres domaines. Pour ceux qui ne sont pas forestiers, les postes au sein du Département des forêts ne semblent guère offrir de sécurité d’emploi ni d’occasions de promotion.

Il est essentiel que les Départements des forêts affectent des forestiers qualifiés, hommes et femmes, des spécialistes des sciences sociales et d’autres branches, à l’exécution des programmes de boisement en milieu rural, en leur offrant des avantages assez intéressants pour les retenir dans ces services. Tant que la foresterie communautaire ne sera pas aussi rémunératrice pour tous les intéressés que la foresterie classique, elle n’aura aucune chance de réussir.

Les programmes doivent prévoir des instruments de gestion et d’évaluation qui permettront aux principaux responsables de reconnaître les individus qui appliquent avec succès les méthodes de la foresterie communautaire. Les projets doivent récompenser les individus qui savent maintenir les contacts avec les populations locales et les faire participer à la mise en oeuvre des projets.

9.2 Organisations locales

On comprend mieux, aujourd’hui, le rôle essentiel que jouent les institutions dans le développement rural, et on admet que bien souvent les organisations locales sont la clef du succès et leur absence le principal obstacle à un véritable développement rural. Les institutions locales qui ont rempli ce rôle n’avaient souvent rien d’officiel; certaines s’étaient formées à l’initiative de groupes, issus de communautés ou de villages, qui avaient des intérêts communs dans l’utilisation des ressources forestières et ressentaient le besoin d’un certain cadre institutionnel (Chandrasekharan, 1983).

Au Guatemala, certaines forêts sont gérées par des coopératives. De petites industries forestières se sont créées et les coopératives s’occupent aussi de la construction de routes pour améliorer l’accès aux marchés et aux zones à reboiser. A El Salvador, le gouvernement a acheté un grand domaine et en a confié la gestion aux gens qui y travaillaient.. Les femmes ont organisé une coopérative pour planter et entretenir les arbres producteurs de fruits et de bois de feu. Dans le Gujarat, en Inde, plusieurs coopératives commerciales se sont créées dans le district de Bhavnagar, pour commercialiser plus rationnellement le bois d’oeuvre des petits paysans et empêcher les intermédiaires de les exploiter.

Coopérative de sciage au Guatemala

Les organisations de ce genre peuvent jouer un rôle très utile dans la mise en oeuvre des programmes de boisement. Elles peuvent motiver les agriculteurs et faciliter les contacts entre les gens des campagnes et le département des forêts. Les organisations non gouvernementales peuvent aussi servir d’intermédiaires efficaces en établissant des liaisons verticales et horizontales et contribuer ainsi à la création d’institutions au service de la foresterie communautaire.

Les ONG offrent une gamme très variée de compétences, de vocations et de méthodes d’organisation. Les meilleures se caractérisent par leur aptitude à travailler directement avec les petites collectivités de pauvres, leur souplesse et leur capacité d’adaptation aux situations locales, et l’utilisation rationnelle qu’elles font des fonds disponibles. La plupart des administrations des services forestiers ne sont pas organisées pour en faire autant. Les petits programmes forestiers ont plus de chances de réussir si le soutien technique est assuré par les services forestiers tandis que les ONG assurent la mise en oeuvre des activités conjointement avec les habitants concernés.

Dans la zone de Ranchi au Bihar, en Inde, un groupement d’organisations locales volontaires s’est constitué en 1977, pour le développement de la foresterie communautaire. Il a pris contact avec le conservateur en chef des forêts, qui a répondu de façon positive à leur appel en arrêtant toutes les poursuites engagées pour des délits forestiers contre des habitants de la région. Depuis, la situation locale s’est considérablement améliorée. Les habitants collaborent maintenant avec enthousiasme avec le département des forêts pour planter des arbres. Les taux de survie des jeunes plants sont particulièrement élevés et les perspectives sont encourageantes. Le groupement d’organisations a été efficace, en partie parce que les ONG participantes avaient des compétences différentes et complémentaires, et en partie parce qu’elles jouissaient d’une crédibilité sur les plans local et national, et souvent international. On a ainsi abouti à un système intégré de développement sans danger pour l’environnement, qui a été reconnu officiellement par le Département des forêts et par le gouvernement central (Basu, 1984).

D’autres ONG ont entrepris des activités forestières pour assister les autorités publiques dans leurs campagnes de promotion du reboisement. En 1977, le Conseil national des femmes du Kenya a lancé un grand programme de boisement appelé “Greenbelt Movement” (“Mouvement de la ceinture verte”). On recherche activement des sociétés et des particuliers disposés à parrainer ce mouvement. Le parrainage d’un arbre, qui coûte environ sept dollars, assure la plantation et l’entretien d’un arbre.

L’initiative d’une ONG: le “Greenbelt Movement” au kénya

Quand mille arbres ont été plantés sur le même terrain, généralement près d’un village, ou dans des rideaux-abris sur les terres arides, on donne officiellement le nom de “ceinture verte” à cet emplacement et on le signale par des panneaux. Le Greenbelt Movement encourage particulièrement la plantation d’essences indigènes. A la fin de 1982, près de 200 “ceintures vertes” avaient été établies (Buck, 1984).

En Inde, une stratégie semblable a été adoptée par la Société pour la promotion de la mise en valeur des terres incultes. La Société, organisme privé, avait été constituée en partie pour favoriser les liaisons entre les organes de financement éventuels, les collectivités locales et le secteur public. Le reboisement s’effectue avec la participation des populations locales et des ressources techniques et financières appropriées. La Société encourage les contributions des individus et des entreprises ainsi que celles des donateurs étrangers.

Les organisations bénévoles privées peuvent utilement canaliser l’aide étrangère vers le secteur forestier. Ainsi, à Haïti diverses ONG “du nord”, notamment CARE et la Pan American Development Foundation (PADF), et des organismes bénévoles locaux ont travaillé de concert avec succès à un programme de plantation d’arbres qui était en partie financé par une assistance bilatérale des Etats-Unis et de la Suisse.

Ces ONG internationales ont passé plusieurs accords avec les ONG locales, surtout des associations religieuses et communautaires, pour entreprendre sur place une action de vulgarisation. Des jeunes plants, fournis aux ONG par des pépinières centralisées, sont distribués par les associations communautaires aux familles paysannes de la région, mais des pépinières locales commencent a s’organiser. A la fin de la saison des pluies de 1983, 150 ONG locales participaient à cette opération.

Un certain nombre d’organisations bénévoles ont lancé des programmes de boisement en faisant uniquement appel aux ressources locales. Cela est particulièrement vrai en Inde où dans beaucoup de régions, les ONG ont joué un rôle primordial dans le reboisement. De nombreuses ONG religieuses et autres s’occupent maintenant directement du boisement. Dans le sud du Gujarat, l’Ashram Anand Niketan, par exemple, s’emploie depuis 1980 à promouvoir le développement des coopératives forestières. Au cours de sa première année d’activité, plus d’un million de jeunes plants ont été plantés sous les auspices de l’Ashram, avec un taux de survie de 80 à 90 pour cent. On envisage actuellement la création de plus de 300 pépinières qui pourront produire au total 10 millions de jeunes plants par an. L’Ashram, fondé il y a près de 40 ans, a l’avantage d’avoir une bonne réputation et d’avoir toujours participé sérieusement aux activités de développement des collectivités locales (Mishra, 1982).

Les écoles peuvent souvent jouer un rôle qui s’apparente à celui des ONG en ce qui concerne le boisement. L’enthousiasme des enseignants peut avoir une influence considérable sur les élèves. Ils jouissent aussi d’un certain prestige dans leurs villages. Les écoles constituent en outre un pôle d’attraction au sein de la communauté.

Dans le Gujarat, des pépinières et des programmes de boisement dans les écoles ont été entrepris sur une grande échelle. Outre leur valeur pédagogique, ces activités fournissent des revenus aux écoles. En Tanzanie, certaines écoles primaires des régions de Dodoma, d’Arusha et de Singida ont réussi à couvrir des zones, autrefois complètement dénudées, de plantations d’arbres s’étendant parfois sur dix hectares (Kaale 1982).

Des écoliers plantent des arbres et préparent leur propre avenir

Dans leur rôle d’intermédiaire, les ONG peuvent orienter les ressources techniques et financières vers le boisement en milieu rural, sans avoir à subir les nombreuses contraintes politiques auxquelles se heurte l’aide bilatérale au développement. Certaines ONG sont capables de gérer et de mettre en oeuvre des projets dispersés, que les services d’aide n’ont guère envie d’administrer.

Les ONG ont souvent besoin d’un soutien technique de la part des départements des forêts; pour leur part, ceux-ci comptent beaucoup sur les ONG en matière de communication dans les petites localités. Il est regrettable que les différences entre ces deux types d’organisations, gouvernementales et non-gouvernementales, soient souvent polarisées au point que soutenir l’un implique que l’on s’oppose à l’autre. Dans le cas des programmes de foresterie communautaire, ces préjugés systématiques ne sont pas de mise.

9.3 Vulgarisation

D’une manière générale, la vulgarisation permet de transmettre à la population de nouvelles connaissances et de nouvelles techniques qui peuvent avoir un effet direct sur leurs vies et permet aux services publics d’assistance de mieux connaître les priorités et les besoins locaux. Les services de vulgarisation peuvent aussi distribuer des plants, des outils etc. quand il a été démontré que l’absence de ces articles empêche les populations locales de planter des arbres. En tant que mode d’information, la vulgarisation doit agir par étapes, en identifiant d’abord les vrais problèmes et leurs causes, pour faire ensuite une sélection des problèmes que l’information peut aider à résoudre; ce n’est qu’à ce moment-là qu’elle cherche à transmettre ces renseignements d’une manière efficace aux intéressés.

L’agent de vulgarisation doit aussi savoir écouter

Si, par exemple, l’obstacle provient de mesures restrictives ou de l’absence d’un service de soutien, ce renseignement doit être communique aux personnes responsables des politiques et de la gestion. Les programmes les plus judicieux, les meilleures campagnes de publicité orientées vers les pauvres ne pourront rien pour changer les pratiques forestières si le problème vient de l’absence de droits d’usufruit sur les arbres.

Autre exemple: on tente souvent de résoudre le problème des feux de brousse en donnant des renseignements sur les meilleurs moyens de les éteindre, sans chercher à en connaître d’abord les causes. Lorsque les incendies sont provoqués pour favoriser une nouvelle pousse d’herbes fourragères, il serait plus utile de fournir des renseignements sur d’autres techniques de production de fourrage.

La difficulté de transmettre les renseignements à la personne juste est aussi la cause d’un certain nombre d’échecs. C’est le cas, par exemple, quand de nouvelles connaissances sont transmises uniquement aux hommes dans les régions ou les femmes participent aux décisions concernant l’utilisation des ressources. Il en est de même lorsque des réunions qui, en principe, sont ouvertes à tous, ont lieu à des heures où les femmes ne peuvent pas y prendre part.

Figure 6 - Matériel de vulgarisation sur le terrain au Népal

MATERIEL DE VULGARISATION SUR LE TERRAIN

1. Tableaux à feuilles mobiles de vulgarisation en matière de foresterie communautaire à l’intention des chefs de division des forêts et des assistants responsables de la foresterie communautaire (CFA) qui les utilisent pour expliquer le programme aux villageois; ils servent aussi à la formation des CFA et des forestiers et gardes des panchayats.

2. Brochure de vulgarisation de foresterie communautaire: brochure reprenant le contenu des tableaux susmentionnés qui sert de référence au personnel et est distribuée aux chefs de village, aux maîtres d’école et autres personnes instruites du village.

3. Affiches diverses, destinées à faire connaître la foresterie communautaire et donner quelques informations à ce sujet; à présenter dans les villages et les villes des collines.

4. Panneaux indiquant l’emplacement de pépinières locales et annonçant que des plants sont distribués gratuitement.

5. Films fixes à l’usage de l’Office central et du district traitant l’un du rôle des femmes dans la foresterie communautaire et l’autre de la construction de digues simples de retenue en brindilles.

6. Publication pédagogique: dépliants à usages multiples, qui incitent les enseignants des villages à participer à la promotion de la foresterie communautaire parmi les enfants; peut ensuite être affiché dans les écoles.

7. Radio-diffusion: une émission hebdomadaire de 15 minutes est diffusée depuis Katmandou pour donner principalement des nouvelles des activités de terrain et “battre le rappel” pour annoncer le programme de foresterie communautaire.

8. Création d’un logo pour le projet à appliquer sur tout le matériel imprimé.

9. T-shirts: tout le personnel travaillant directement au programme, à titre permanent, reçoit des T-shirts marqués du logo du projet.


Bien souvent, la vulgarisation est indispensable pour donner aux activités de développement rural un maximum d’efficacité. Malheureusement, elle se base trop souvent sur l’idée qu’il est nécessaire de persuader les populations rurales à adopter de nouvelles techniques de développement, c’est-à-dire que le développement est en quelque sorte quelque chose qu’on doit leur imposer et non une chose qui vient d’eux-mêmes et à laquelle ils participent.

Dans les activités de vulgarisation il est malheureusement difficile d’amener les agents vulgarisateurs à écouter réellement leurs interlocuteurs ruraux, à prendre au sérieux ce qu’ils disent et à travailler avec eux. Dans de nombreux services de vulgarisation l’accent est plutôt sur la transmission d’un “paquet de techniques” aux agriculteurs ou aux éleveurs. Malgré l’importance donnée au dialogue avec les villageois, la plupart des agents de vulgarisation sont toujours convaincus d’en savoir plus sur les activités en question que les hommes et les femmes des campagnes. Ils sont en tout cas convaincus que les “paquets techniques” élaborés par les experts ne doivent pas être modifiés.

A l’agriculteur qui connaît en détail son environnement et les possibilités et les contraintes avec lesquelles il doit vivre, ces “paquets” paraîssent souvent peu adaptés et mal conçus. Souvent, ils ne tiennent pas compte des limitations techniques, écologiques, sociales et politiques auxquelles les populations rurales doivent faire face. Par contre, le programme idéal saura trouver une réponse adaptée aux intérêts et aux préoccupations des habitants des campagnes; il se fondera sur leurs motivations propres et leur permettra d’élaborer un bon ensemble de stratégies d’aménagement du milieu et de gestion des forêts.

Les agents de vulgarisation doivent savoir écouter et être convaincus que les habitants des campagnes peuvent leur apprendre des choses utiles pour leur travail. Ils doivent avoir reçu une formation générale et bien connaître les problèmes techniques et sociaux. Ils doivent être capables de se rendre compte, quand il le faut, que leurs propres connaissances sont insuffisantes et faire appel à des techniciens plus qualifiés.

Il importe également que les systèmes soient organisés de telle sorte que les agents de vulgarisation savent qu’ils sont appréciés, soutenus et récompensés, et qu’ils le soient réellement. Différentes stratégies ont été adoptées, selon les pays, dans l’organisation des structures d’appui aux efforts de vulgarisation.

Au Népal, c’est la Division du boisement et de la foresterie communautaire du Département des forêts qui est chargée de la vulgarisation pour le boisement en milieu rural. La vulgarisation est prise en charge essentiellement par les coordinateurs de la Division des forêts (DFC) qui sont responsables de toutes les activités forestières de leurs zones et par les assistants affectés a la foresterie communautaire (CFA) qui s’occupent uniquement de ce type de foresterie et n’ont pas de fonctions de police.

Avant qu’un village ne demande à participer au programme de foresterie communautaire, les DFA expliquent le programme aux personnes plus importantes de la collectivité. Le but n’est pas tant de convaincre les habitants des bienfaits d’un tel programme que de dégager les opinions et les attitudes qui pourraient influer sur son succès. Dès que le village s’est engagé à participer, les CFA et les DFC donnent des conseils sur le choix des bons emplacements pour les pépinières et les forêts collectives, et sur la préparation d’un plan d’aménagement par la communauté. Mais, en dernier ressort, toutes les décisions doivent être approuvées conjointement par la commission locale des forêts, le panchayat et le département des forêts (Pelinck, et al. 1984).

Très souvent, les activités de vulgarisation forestière peuvent s’intégrer dans les programmes de vulgarisation agricole existants, ce qui comporte des avantages et des inconvénients. L’avantage majeur est que, souvent, il existe déjà un réseau organisé d’agents de vulgarisation agricole. Il peut être difficile, et même peu opportun, de faire une distinction entre l’agriculture et le boisement, surtout dans les zones tropicales. L’agroforesterie permet de combiner avec succès ces deux branches d’activité.

En Indonésie, la vulgarisation forestière était, jusqu’en 1982, assurée par un réseau d’environ 7 000 agents, dépendant du Service de l’enseignement, de la formation et de la vulgarisation agricole du Département de l’agriculture. Les agents axaient leurs efforts sur les méthodes de culture à long terme, unissant la foresterie et l’agriculture en un système de production intégré (Atmosoedarjo, 1982).

Certains inconvénients surgissent si l’on veut incorporer la vulgarisation forestière dans un service de vulgarisation agricole. Citons per exemple le fait que les agents de vulgarisation couvrent déjà un territoire trop étendu pour traiter correctement les problèmes agricoles habituels et n’ont pas toujours les connaissances requises en matière de foresterie communautaire. La vulgarisation agricole vise à trouver des solutions à court terme pour accroître la production annuelle, car en agriculture les grands problèmes liés aux régimes de propriété des terres et des arbres sont moins pressants.

La vulgarisation en matière de foresterie rurale doit fréquemment s’adresser à la communauté ou au village tout entier, alors que la vulgarisation agricole peut ne concerner que quelques exploitants qui adoptent des méthodes améliorées de production agricole. Les agents de vulgarisation forestière doivent entretenir de bons rapports avec des groupes et des institutions, et parfois même en créer. On ne demande pas ce genre de travail aux agents de la vulgarisation agricole. Les forestiers sont souvent des spécialistes des pratiques d’aménagement sylvicole et forestier, ce qui n’est pas le cas des agents agricoles. Mais, ce qui est encore plus grave, en ôtant au Département des forêts la responsabilité de la vulgarisation, on prive les forestiers de l’occasion d’entrer en contact direct avec les paysans et de discuter avec eux des besoins locaux et des possibilités qu’offre l’agroforesterie.

Les services de vulgarisation doivent savoir s’adapter. Les agents qui ont une formation générale doivent pouvoir faire appel à des spécialistes dès que cela devient nécessaire. Il n’y a pas lieu d’initier tous les agents aux finesses du système de prêts octroyés aux petits propriétaires désireux de planter des arbres, mais il faut qu’ils sachent comment se renseigner à ce sujet le cas échéant. Une telle souplesse est une qualité encore plus précieuse quand l’orientation d’un projet change. Dans le Gujarat, par exemple, quand les exploitants seront prêts à commercialiser leur production, les agents de vulgarisation devront être capables de répondre à leurs questions sur le moyen de s’introduire dans les marchés potentiels, besoin qui n’avait pas été envisagé au début du projet quand les objectifs visés étaient différents.

Parfois, certains habitants peuvent efficacement jouer le rôle d’agents de vulgarisation quand ils sont appuyés par le service des forêts. Dans le Bengale occidental, en Inde, on emploie des agriculteurs locaux pour “animer” leur entourage. On les choisit en fonction de leur influence dans la collectivité ainsi que de leur volonté d’adopter de nouvelles techniques de sylviculture. A Haïti, les ONG locales qui participent à des programmes forestiers engagent des agriculteurs locaux comme “animateurs” pour entreprendre des actions de vulgarisation.

Ce sont les paysans qui savent le mieux parler aux autres paysans

Mais il faut aussi être très prudent quand on suit cette méthode pour bien choisir le représentant local. Si l’on renforce la position de ceux qui jouissent déjà d’un pouvoir économique dans le village, on a peu de chances d’aider les pauvres à planter des arbres. Dans certains cas, l’orientation de la vulgarisation vers les exploitants les plus dynamiques n’a fait qu’augmenter la distance qui sépare les riches des pauvres. Les agriculteurs ont tendance a dialoguer plus facilement avec ceux qui sont issus du même milieu, social et économique, et il peut être nécessaire d’organiser des actions de vulgarisation particulières pour chaque niveau socio-économique de la communauté (Clark, 1982).

Le grand problème de la vulgarisation forestière reste, cependant, celui de donner plus de pouvoir aux gens des campagnes, de les aider à communiquer efficacement, et de renforcer en même temps la capacité des services forestiers et des centres de recherche à apporter leur soutien grâce à des échanges continus dans les deux sens.

9.4 Information du public et promotion des programmes

Sans doute, sur les plans économique et culturel, le boisement est une réaction valable à la pénurie d’arbres, et les interventions publiques rendent disponibles les ressources nécessaires, mais il faut encore que le petit exploitant rural soit bien informé pour profiter de ces programmes. Une enquête menée dans des villages de l’Orissa, en Inde, a révélé que 80 pour cent des familles d’agriculteurs ignoraient qu’elles pouvaient obtenir du Département des forêts des jeunes plants et une assistance technique pour planter des arbres. Il peut être relativement facile de remédier a un tel manque d’information par des campagnes de publicité et de promotion.

Les moyens de diffusion de l’information sont aussi divers que les milieux vises: auto-collants, affiches, panneaux publicitaires, brochures, messages véhiculés par des histoires ou des chansons, spectacles de marionnettes, documentaires, films fixes, annonces passées à la radio et dans les journaux, fêtes célébrant les arbres, campagnes nationales et déclarations politiques. Il est difficile d’évaluer l’effet de ce genre d’activités, mais une promotion dynamique peut donner de bons résultats.

En Tanzanie, par exemple, une grande campagne de publicité a été lancée en 1980 avec pour slogan “La forêt, c’est la richesse”. Le résultat fut impressionnant: pendant et après la campagne, le Département des forêts a été submergé de demandes sur les moyens de se procurer des plants et des conseils techniques. En 1981, la production de plants des pépinières du Département des forêts dans la région d’Arusha a presque quintuplé (Kaale, 1982).

Une initiative semblable a été prise dans le Gujarat ou le gouvernement de l’Etat a décidé de prendre à partir de 1972 des mesures en faveur du boisement. Une campagne publicitaire a été montée autour de la fête annuelle de “Vanamhotsava” - la fête des arbres. Cette fête - qui dure un mois - avait été créée par le Gouvernement indien en 1950, mais jusqu’en 1972 elle était passée quasiment inaperçue.

De nombreuses émissions traitant des différents aspects du boisement et de la foresterie paysanne ont été diffusées par la radio nationale “All India Radio” en Gujarati. Elles portaient sur les avantages directs et indirects du boisement, les techniques de plantation, les moyens d’obtenir des plants et des conseils techniques, les coûts d’investissement et les profits possibles. Des affiches et des brochures publicitaires ont été distribuées en grand nombre. Cette campagne de publicité, complétée par un programme actif de production et de distribution de plants, semble avoir eu des effets importants. Le nombre de plants distribués est passé d’environ 6,1 millions en 1971, à 16,9 millions l’année suivante.

Dans la plupart des régions, cependant, ce sont les forestiers qui demeurent la source principale de renseignements. Dans le Gujarat, malgré la grande campagne de publicité, une enquête récente a montré que les forestiers sont la première source d’information sur les activités de foresterie communautaire (Bhatia, 1984). Les campagnes de promotion peuvent aider à faire connaître les activités de boisement, mais les contacts humains, sur le terrain, entre les petits exploitants, les forestiers, et les agents de vulgarisation auront toujours une très grande importance.

9.5 Comment réduire les risques

Même lorsque les institutions locales sont en mesure de jouer un rôle actif dans la promotion du boisement en milieu rural, et qu’un bon service d’assistance technique est assuré par les programmes de vulgarisation et d’instruction, d’autres raisons très fondamentales peuvent encore empêcher les petits exploitants de planter des arbres. Comme on l’a indiqué au chapitre 8, ces contraintes découlent de la manière dont le cultivateur perçoit les risques inhérents à une telle entreprise. Plus on est riche, plus il est facile d’assumer des risques; pour venir en aide aux pauvres il faut donc réduire les risques de pertes au minimum.

Parmi les activités de boisement envisagées, beaucoup imposent des dépenses potentielles ou réelles que les agriculteurs les plus démunis de ressources ne souhaitent pas, ou ne peuvent pas, engager. Les personnes chargées d’élaborer les programmes peuvent encourager les petits exploitants à pratiquer la foresterie paysanne en réduisant ces dépenses directement ou indirectement. Les primes d’incitation peuvent avoir pour effet d’échelonner les dépenses de l’agriculteur ou de mieux faire concorder les entrées et les sorties d’argent; elles peuvent prendre différentes formes.

Un des meilleurs moyens de réduire les risques est de s’assurer que les nouvelles techniques proposées sont réellement efficaces. Si les innovations n’ont pas été éprouvées dans le milieu en question, on ne peut demander aux agriculteurs qui les mettent à l’essai d’assumer les risques qui, autrefois, étaient pris par des institutions.

Quand on travaille sur une petite échelle, on doit à la fois prévoir des garanties contre les risques et faire une distinction nette entre expérimentation et démonstration. Là où l’on plante des arbres pour la vente, la stabilisation du marché des produits ligneux peut permettre de réduire sensiblement les risques de l’agriculteur. Le contrôle des prix est utile quand les fluctuations considérables de l’offre et de la demande perturbent le marché. Cependant, comme ces interventions n’ont pas pour effet de stimuler la production à long terme, il faudra peut-être trouver d’autres initiatives dont les effets seront plus durables.

Les gouvernements peuvent offrir au secteur privé des primes pour encourager le développement d’industries basées sur le bois. La Corée a misé avec succès sur ces types d’activités grâce aux possibilités intéressantes qu’offrait le marché local pour les arbres et les produits ligneux. L’amélioration des circuits commerciaux et de l’infrastructure de transport peut aussi aider les exploitants à atteindre des marchés plus vastes, situés hors de leur milieu immédiat. La mise en place de structures de commercialisation - offices de commercialisation ou coopératives d’agriculteurs - peut aussi protéger les petits paysans peu habitués à traiter avec les marchands de bois et les entreprises d’abattage.

En faisant baisser le coût des opérations de boisement on peut souvent susciter l’intérêt des petits exploitants et réduire en même temps les risques. Les subventions permettent souvent d’obtenir la participation des habitants les plus pauvres quand les avantages de la foresterie ne sont pas évidents à première vue, surtout quand il faut que les agriculteurs disposent d’une autre source de revenus en attendant que les arbres soient récoltés et vendus. Ces aides financières sont souvent considérées comme des avances sur la valeur future des produits des arbres.

Dans certains cas, les subventions sont versées quand les arbres sont plantés; ailleurs, les paiements sont effectués sur la base du nombre de plants qui survivent après un certain nombre d’années. Il s’agit d’inciter à planter des arbres mais aussi à les protéger et à les entretenir jusqu’à ce qu’ils soient bien établis. Au Tamil Nadu, en Inde, les agriculteurs pauvres reçoivent jusqu’à 500 jeunes plants et on leur verse une prime en espèces calculée en fonction du nombre d’arbres qui survivent au bout d’un ou de deux ans. Souvent des subventions sont versées quand les coûts d’activité sont à la charge d’un seul groupe, alors que plusieurs vont par la suite se partager les avantages; c’est le cas de l’aménagement des bassins versants.

Les subventions versées directement en espèces pour encourager la plantation d’arbres ne sont utiles que dans certaines conditions précises. Les programmes qui comportent des paiements aux agriculteurs pour qu’ils plantent des arbres ont aussi en général d’autres objectifs, comme la création d’emplois. Dans d’autres conditions, des projets dénommés “food for work” (“vivres en échange de travail”) prévoient des paiements en nature pour la plantation d’arbres. Le boisement ne constitue pas le principal objectif mais est considéré comme un moyen d’assurer des possibilités d’emploi et d’améliorer la nutrition des populations locales. Que les arbres survivent ou non après leur plantation est une question accessoire par rapport aux objectifs primordiaux de beaucoup de ces programmes.

L’aide alimentaires, une forme d’assistance appropriée dans certaines conditions

Tout programme comportant des subventions directes en nature ou en espèces doit être simple et facile à mettre en oeuvre. Si le dénombrement des arbres ayant survécu prend trop de temps, ou si les bénéficiaires prévus doivent faire des démarches longues et laborieuses pour réclamer et recevoir les paiements, ces programmes d’encouragement restent sans effet et risquent même de décourager les agriculteurs de s’engager dans le boisement. Les projets qui prévoient une rémunération pour la plantation d’arbres peuvent avoir un effet négatif sur les zones voisines, dont les habitants, une fois informés du projet, attendront d’être eux-mêmes payés pour planter des arbres qu’autrement ils auraient plantés sans aide.

Il faut donc évaluer avec soin s’il est nécessaire d’encourager la plantation d’arbres par des primes en espèces. A Haïti, un programme global qui prévoyait des primes incitatives basées sur le nombre de plants survivants s’est révélé superflu. Le gain financier qu’ils espéraient tirer des arbres suffisait pour inciter les agriculteurs à participer et le plan d’incitation a été abandonné. Dans les cas où ils ne sont pas nécessaires, les plans d’incitation créent un état de dépendance qui est particulièrement néfaste à long terme.

Il est parfois intéressant d’avoir recours à des incitations fiscales pour subventionner indirectement la foresterie paysanne orientée vers la vente. Dans le Rajasthan et le Gujarat, les profits issus de ce type de production sont exonérés d’impôts. L’un des principaux inconvénients des programmes de ce genre est qu’ils ont tendance à favoriser les exploitants aisés car les petits propriétaires et les agriculteurs de subsistance pour la plupart ne paient pas d’impôts.

9.6 Le crédit pour le boisement

Comme pour toute autre activité agricole, l’octroi de crédit a des conditions intéressantes incite vivement les petits propriétaires à se lancer dans la foresterie, quand ils sont à peu près sûrs d’en tirer un revenu. En effet, les plans de crédit aident les exploitants à mieux faire coïncider dans le temps les mouvements de fonds qui correspondent aux coûts et aux bénéfices du boisement.

Même quand il plante des arbres à croissance rapide qui assurent de bonnes recettes au bout d’un temps assez court, l’agriculteur a besoin d’argent pour vivre en attendant que les arbres rapportent. Il peut avoir besoin d’un prêt pour faire vivre sa famille ou pour acheter en temps voulu les moyens de production nécessaires à ses activités de boisement.

Les banques commerciales sont rarement disposées à assurer l’administration d’un projet de financement de la foresterie au niveau de la petite exploitation. Le programme de prêts de la PICOP, administré par la Banque des Philippines pour le développement, a pu coordonner une politique de prêts efficace mais une évaluation récente a révélé que, bien qu’un système de crédit pour le boisement ait été organisé, le calendrier des paiements était tel que bien souvent l’agriculteur ne disposait pas de capitaux suffisants au moment où la récolte lui imposait de lourdes dépenses.

Les plans de crédit sont particulièrement utiles pour assurer la participation des agriculteurs qui n’exploitent que de petits terrains. Au Soudan, par exemple, les petits propriétaires hypothéquaient traditionnellement leur production de gomme arabique afin d’obtenir des marchands des prêts à des taux d’intérêt élevés, pour acheter les denrées nécessaires à la vie quotidienne. Dans le cadre de son programme de foresterie paysanne, le gouvernement a mis en place des facilités de crédit réglementées pour réduire les effets négatifs des systèmes de crédit traditionnels.

Mais, bien souvent, l’agriculteur isolé n’est en mesure de profiter d’aucune facilité de crédit, parce qu’il n’a aucun droit sur la terre qu’il exploite ou parce qu’il ne peut offrir de garantie suffisante à l’appui de sa demande. L’agriculteur accorde à la possession de la terre une très grande valeur; il ne veut pas risquer de la perdre en l’utilisant comme gage de son prêt. Il faut alors prendre des mesures spéciales; par exemple, fournir une assurance contre le risque, ne pas exiger de garantie, ou accorder des facilités de crédit à des conditions de faveur. On peut aussi encourager les agriculteurs à s’associer en groupes d’emprunteurs.

Même quand il existe un plan de crédit à la portée du petit exploitant, les risques qu’il doit courir pour s’en servir ne sont pas toujours justifiables. Le secteur public doit parfois fournir d’autres systèmes de soutien comme alternatives possibles, pour réduire les risques à l’exploitant. Par exemple: mécanismes de commercialisation, contrôle des prix, assistance technique et vulgarisation (Arnold, 1983).

9.7 Programmes de distribution de jeunes plants

On peut encourager indirectement les cultivateurs, hommes et femmes, à planter des arbres en leur distribuant des jeunes plants gratuitement ou à un prix subventionne. Une fois que le programme a gagne une certaine popularité, ces incitations ne devraient plus être nécessaires. Il n’y a aucun avantage à continuer la distribution de jeunes plants à prix réduit; cela ne ferait qu’empêcher les agriculteurs d’installer leurs propres pépinières.

Cependant, le prix des jeunes plants peut représenter un obstacle pour les pauvres. Une façon économique de résoudre le problème est de distribuer des semences et des instructions sur la manière de les planter; c’est ce qui a été fait avec beaucoup de succès dans certaines régions du Kenya.

Un autre moyen peu onéreux consiste à distribuer de grandes quantités de graines germées. Dans le Gujarat, on encourage les agriculteurs à créer leurs propres pépinières, surtout dans les zones que ne peut desservir le Département des forêts. Ils reçoivent des paniers en bambou, d’environ 50 cm de diamètre et de plusieurs centimètres de profondeur, dans lesquels environ 2 000 plants d’eucalyptus ont germé. Ils peuvent transporter ces paniers facilement et, une fois rentrés chez eux, ils transplantent les jeunes plants dans des récipients plus grands. On les encourage a vendre les jeunes plants transplantés à d’autres agriculteurs lorsque la demande existe.

Le désir des agriculteurs de planter des jeunes plants dépend en partie de la distance qui les sépare d’une pépinière. Au Népal, la plupart des plants sont emportés par des agriculteurs qui vivent a une demi-heure de marche de la pépinière. Dans les endroits où le transport pose des problèmes, il serait préférable d’établir un grand nombre de pépinières, plus petites et décentralisées, qui serviraient aussi de centres de vulgarisation, plutôt qu’un petit nombre de grandes pépinières.

Pour que la distribution de jeunes plants s’insère bien dans l’effort global de boisement, il est indispensable de suivre de près et d’évaluer l’intérêt des agriculteurs. Au Népal, on a enregistré le nombre de jeunes plants emportés par les hommes, les femmes et les enfants, ainsi que les taux de survie: les hommes prenaient 72 pour cent des plants et les femmes seulement 3 pour cent, ce qui indique que la vulgarisation devrait s’orienter davantage vers les femmes et peut-être aussi que les pépinières devraient s’adapter davantage aux besoins de ces dernières. Les taux de survie les plus bas étaient ceux des plants distribués aux enfants; cela aussi indique clairement les mesures à prendre.

La distance à parcourir jusqu’à la pépinière est un facteur primordial

Figure 7 - Programme coréen en faveur de la foresterie villageoise

Il n’est évidemment pas possible d’identifier tous les facteurs qui ont contribue à la réussite de la foresterie villageoise en Corée. Beaucoup sont liés à de subtils changements d’orientation, de ton et de priorités dans l’application des politiques. Mais, en se référant aux données disponibles et après réflexion, on peut citer les facteurs suivants:

(a) une méthode d’approche très vaste, par le truchement du mouvement national d’auto-assistance, Saemaul Undong, qui a permis d’apporter des améliorations à toute une série d’éléments qui touchent directement au bien-être des populations rurales.

(b) une approche progressive, ou appliquée par phases, axée davantage sur les résultats que sur les principes abstraits. Les possibilités réelles des villages étaient mises en lumière, a chaque stade du développement (ainsi, la production de jeunes plants était concentrée dans des pépinières rattachées au village, pour aider les villageois à mieux connaître les arbres et leur aménagement et pour augmenter leurs revenus.

(c) la planification s’est faite dans les deux sens, de haut en bas et de bas en haut, et on a donné une grande importance à la coopération entre les pouvoirs publics et les particuliers par le biais des relations entre le service des forêts et la Fédération des associations de foresterie villageoise.

(d) il a été reconnu que l’on ne pouvait atteindre les objectifs a long terme sans s’employer aussi activement à obtenir des gains à court terme, en revenus et en bien-être social (par exemple, en donnant la préférence à des essences qui rapportent rapidement, comme les chataîgners, et en entreprenant des activités rémunératrices, comme la culture des champignons dans les plantations).

(e) on a favorisé la recherche et le développement de technologies appropriées (s’appliquant principalement aux quelques essences bien connues, présentant des qualités éprouvées).

(f) on s’est attaché particulièrement à fournir une assistance technique adéquate et à vulgariser des technologies appropriées.

(g) l’organisation a été planifiée minutieusement pour permettre d’assurer en temps voulu la fourniture de matériaux et de services techniques (semences et plants, engrais et conseils techniques).

(h) les villages ont bénéficié d’aides financières suffisantes et opportunes et d’un accès aux ressources. Ces aides étaient liées à un effort d’autoassistance pour éviter une trop grande dépendance des villages vis-à-vis de l’aide extérieure. Notamment, l’accent était mis sur le réinvestissement d’une partie des gains provenant des projets.

(i) des lois et des règles énergiques et claires ont été adoptées pour répartir les responsabilités de façon à obtenir des résultats. Il a été reconnu que l’on n’obtiendrait les résultats souhaités que si les villageois eux-mêmes participaient aux activités de police et si la collectivité exerçait une influence pour empêcher l’exploitation abusive des biens.


On peut, par des enquêtes, voir quelles essences particulières sont les meilleures, savoir si, oui ou non, les distributions gratuites de jeunes plants encouragent les petits exploitants à participer; ou encore, si des arbres sont plantés sur des terres agricoles. Le suivi et l’évaluation sont des outils indispensables qui permettent aux responsables d’adapter le projet en fonction des problèmes qui apparaissent, et de fonder les décisions sur des bases rationnelles.

9.8 Programme de soutien global

Ces deux derniers chapitres ont porté sur divers éléments de la planification et de la mise en oeuvre de programmes visant a encourager et à soutenir le boisement en milieu rural. Chacun de ces facteurs est important en lui-même, mais il ne sera efficace que s’il s’insère dans un ensemble de mesures qui couvrent tous les aspects du boisement pouvant nécessiter un appui de l’extérieur. Dans les régions rurales, les pauvres, vivant d’habitude au seuil de la misère, doivent éviter tout changement qui, bien que conçu pour améliorer leurs conditions si les choses se passent comme prévu, ne pourrait que l’aggraver s’il échoue. Un programme conçu pour encourager les activités de boisement ne pourra les protéger contre ce genre de risques que si tous ses éléments sont solides et cohérents.

Parce que le boisement est souvent ancré dans des systèmes très complexes liés au mode de vie et à l’utilisation des terres et des autres ressources, son évolution et son développement peuvent imposer une action dans plusieurs domaines. La Figure 7 présente toute la gamme de mesures qui ont assuré la réussite du programme de foresterie villageoise en République de Corée, décrit au chapitre 5: changements de politique d’utilisation des forêts et des terres et de la législation correspondante, modifications radicales des structures administratives des forêts, recherche axée sur l’identification de techniques rationnelles et de nouvelles sources de revenu, élaboration d’un système efficace de distribution et de vulgarisation, renforcement des compétences au niveau des villages, enfin nouvelles sources de financement pour les primes d’incitation et les aides financières.

Les programmes n’ont pas tous besoin de mesures aussi globales et aussi radicales. Pour certains exploitants qui cultivent déjà des arbres, l’aide peut se limiter à des semences ou des jeunes plants d’essences nouvelles, ou à des techniques propres à accroître la productivité, de façon à faire face aux pressions croissantes qui s’exercent sur la terre. Mais quel que soit son niveau, il est indispensable que l’assistance s’attaque efficacement à toutes les dimensions des problèmes auxquels les bénéficiaires doivent faire face dans leurs activités de boisement.

ANNEXE I GUIDE ABREGE DES OUVRAGES TRAITANT D’AGROFORESTERIE

Périodiques

Il existe actuellement deux revues qui traitent régulièrement de sujets d’actualité dans ce domaine: Agroforestry Systems (publiée, en collaboration avec l’ICRAF, par Martinus Nijhoff/W. Junk, POB 566, 2501 CN, La Haye, Pays-Bas) et The International Tree Crops Journal (publiée avec la collaboration de The International Tree Crops Institute par A.B. Academic Publishers, POB 97, Berkhampsted, Herts, HP4 2PX, Angleterre). Les Nitrogen Fixing Tree Research Reports donnent beaucoup de renseignements utiles sur les essences se prêtant à l’agroforesterie (publié par the Nitrogen Fixing Tree Association, POB 680, Waimanalo, Hawaii, USA). Les résumés “Commonwealth Agricultural Bureau Forestry Abstracts” sont une autre source régulière d’informations sur l’agroforesterie.

Idées générales et études régionales

Pour connaître les origines de l’agroforesterie: voir Smith (1950) au sujet de l’arboriculture, King (1968) pour la foresterie, et Bene et. al. (1977) pour un exposé fondamental de la nécessité d’une agroforesterie intégrée. On trouvera une évaluation plus récente et plus complète de la portée et du cadre institutionnel de la recherche en matière d’agroforesterie dans Lundgren (1982). L’ICRAF a publié les actes de plusieurs colloques internationaux sur l’agroforesterie (Mongi et Huxley, 1979; Chandler et Spurgeon, 1980; Hoekstra et Kuguru, 1983) qui sont maintenant épuisés, mais que l’on peut consulter dans les bibliothèques ou se procurer en microfiches en s’adressant à l’ICRAF. On trouve des descriptions de systèmes importants au niveau des régions dans CATIE (1979), ICAR (1981), MacDonald (1982), Hecht (1982), Weber et Hoskins (1983), NAS (1983), Olofson (1983), Schirmer (1983), etc. Chambers (1984) a mis en lumière l’importance de l’agroforesterie pour les agriculteurs les plus pauvres, et Raintree (1983) a décrit une méthode de recherche orientée vers l’adoption de nouvelles techniques. On trouvera des bibliographies dans Majisu et Labelle (1982) et Aterrado et. al. (1982).

Recherche et pratiques d’agroforesterie

Certains aspects techniques de l’agroforesterie sont traités par Huxley (1953), Cannel (sous presse), Nair (1984) et dans différents documents de travail de l’ICRA. La revue Agroforestry Systems publie régulièrement des descriptions de systèmes extraites du Répertoire de l’ICRAF ainsi que d’autres essais descriptifs et rapports expérimentaux de niveaux techniques variés. Les publications de la NAS (1980, 1983a) fournissent des renseignements utiles sur des essences polyvalentes et Burley et Carlowitz (1984) présentent les débats d’un séminaire international récent portant sur le patrimoine héréditaire des essences à usages multiples.

Méthodologie

Il existe diverses sources de directives et de documents se rapportant à la méthode préconisée par l’ICRAF, “Diagnosis and Design” (D & D), qui permet d’identifier et d’élaborer des projets et des systèmes intéressants d’agroforesterie (CIRAF, 1983a, 1983b; Raintree, 1984; Huxley et Wood, 1984; Rocheleau, 1985). Des études de cas D & D accompagnent régulièrement les documents de travail de l’ICRAF, ainsi que des rapports sur l’évaluation des terres (Young, 1984) et des méthodes économiques en agroforesterie (Hoekstra, 1985; voir aussi Arnold, 1983 et Raintree, 1983). Huxley (1984) a rédigé un manuel sur l’étude et l’évaluation des essences polyvalentes.


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