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3. Approche simple basée sur la participation pour la collecte, l'analyse et l'utilisation des données


La méthode
Autres méthodes d'analyse des données

La méthode


Collecte des données de base
Phase initiale d'essais sur le terrain
Phase élargie d'essais sur le terrain

Cette méthode s'appuie sur l'expérience acquise dans des programmes en Asie et en Afrique, elle convient à des programmes de petite et grande envergure. C'est un système de S & E qui prévoit la collecte des données par les habitants, en collaboration avec le personnel du programme, et l'analyse immédiate des données, en utilisant des questionnaires appropriés. Avec ce système, on peut adopter d'autres méthodes d'analyse des informations qui sont décrites dans ce chapitre. Une telle approche, basée sur la participation présente certains avantages:

a) elle est relativement peu coûteuse;

b) elle permet un retour d'informations rapide vers les concepteurs et les responsables de programme;

c) elle fournit des informations plus fiables;

d) elle contribue à renforcer les capacités et l'assurance des membres de la communauté qui participent au suivi;

e) elle permet à la communauté d'assumer des responsabilités dans la mise en oeuvre.

Mais elle peut également présenter des inconvénients:

a) Tout parti pris au sein du groupe se retrouvera dans l'échantillon choisi et dans les données recueillies et analysées;

b) Etant donné l'accent mis sur la communication et les rapports verbaux, le personnel du projet devra consacrer une part de son temps à enregistrer les discussions et à en faire la synthèse;

c) Les personnes extérieures au projet auront plus de mal à évaluer les données car on acquiert une idée du contexte durant les discussions et de nombreuses informations ne sont pas recueillies par des techniques traditionnelles et n'entrent donc pas en considération dans les statistiques.

On pourra adopter, dans certains programmes, un mélange de méthodes participatives et plus classiques. Le texte fait aussi référence aux annexes qui fournissent des renseignements complémentaires.

Ces techniques doivent être adaptées aux besoins du programme. Les paragraphes suivants aideront à élaborer un système de suivi fondé sur la participation, qui soit adapté aux besoins spécifiques du programme.


Collecte des données de base

Stade 1 Au début du programme, collaborer avec les membres de la communauté, les artisans locaux et les fabricants, les agents de vulgarisation, les responsables politiques, et les groupes d'action ou les comités locaux afin de se faire une idée:

a) du logement (et notamment des cuisines);

b) de l'approvisionnement en combustible et de l'alimentation;

c) des artisans locaux, des ressources disponibles, du petit commerce et de la distribution;

d) de toute autre information pouvant être utile à la mise au point des stratégies de vulgarisation ou de commercialisation (ceci peut comprendre des renseignements sur l'aisance relative des différentes personnes, l'historique d'autres programmes de technologie appropriée, le cadre institutionnel, etc..)

On trouvera en annexe 4 une liste générale des types d'information de référence qui seront nécessaires pour une évaluation complète au cours de la phase élargie d'essais sur le terrain.

Stade 2 Les informations peuvent être recueillies et vérifiées si le comité local sait préparer des questions, qui permettent d'obtenir des renseignements importants.

Il est primordial pour le comité de préparer d'abord une série de questions et de chercher ensuite les réponses

Choisir comme animateur un membre du groupe qui connaisse bien les techniques de suivi. Il pourra poser une série de questions et aider les membres de la communauté ou le comité local à y répondre. Une personne qui a déjà examiné les informations recueillies dans le cadre d'un suivi peut jouer le rôle d'animateur (par exemple le responsable de l'unité de S & E). Ainsi, le comité local termine une enquête sur les besoins de la communauté et examine les données. L'animateur pose des questions du type:
"De quelle façon la dimension et l'agencement des cuisines influent-ils sur le modèle de fourneau?"
Les membres du groupe pourraient répondre, par exemple:
"J'ai remarqué que 8 personnes sur 10 auxquelles j'ai rendu visite ont de très petites cuisines; le fourneau est dans un coin, souvent contre une cloison pour diffuser la chaleur dans le reste de la maison. Je pense que le nouveau fourneau ne devrait pas être plus grand que le foyer actuel et que, si on installe une cheminée, elle devra passer par les autres pièces"
L'animateur peut demander d'autres commentaires sur la taille de la cuisine et son influence sur la conception du fourneau. Par exemple:
"Nous avons établi qu'environ 80% des habitants de cette zone souhaite un fourneau qui n'ait pas plus de 40 cm de largeur et de profondeur. Les autres, ayant des familles plus nombreuses et des cuisines plus spacieuses, désirent un fourneau plus grand."
Après être arrivé à cette conclusion, on peut procéder à une analyse plus approfondie des données jusqu'à ce qu'on parvienne à établir une série complète de critères pour la conception du fourneau, critères qui seront ensuite être transmis aux concepteurs.

Les exemples ci-dessous donnent une idée de la gamme de questions qui peuvent être posées et des réponses possibles. Il existe d'autres méthodes qui peuvent être utilisées pour la collecte et l'analyse des données basées sur la participation; et les sont décrites au chapitre 4.

La cuisine

Les cuisines varient d'un pays à l'autre cl à l'intérieur d'un même pays.

Elles peuvent faire partie de la maison principale ou se trouver dans un bâtiment séparé. Sous les climats très chauds, on peut préparer et cuire les aliments à l'extérieur pendant une partie de l'année. Dans la maison, la cuisine peut être située au rez-de-chaussée ou aux étages supérieurs.

Certaines cuisines sont petites, avec des plafonds très bas et sont très mal aérées. D'autres sont très spacieuses et bénéficient d'une bonne ventilation. Les toitures sont en chaume, en tuiles ou en tôle.

Certaines cuisines sont très propres et disposent de rangements spéciaux. Elles sont organisées de différentes façons. Le fourneau peut, par exemple, être placé au milieu de la pièce pour donner aux gens l'occasion de se retrouver autour du feu, notamment pour manger. Certaines personnes ont, dans leur cuisine, des endroits réservés au culte, d'autres des emplacements sacrés où doit parfois se trouver le fourneau.

On trouvera ci-après des exemples de questions liées à la cuisine. Essayez de deviner les réponses possibles. Cela peut aider à concevoir le fourneau et à imaginer une stratégie d'essais sur le terrain. Quelques échantillons de réponses issus du programme du département de foresterie communautaire au Népal sont présentés ici pour guider le lecteur (Joseph 1982).

Question 1: En quoi la position de la cuisine influe-t-elle sur le choix et l'installation du fourneau?

Réponses possibles

a) Si les habitants changent la cuisine d'emplacement au cours de l'année, un fourneau fixe n'est utilisé qu'une partie de l'année. Il peut s'avérer nécessaire d'installer soit un fourneau portatif, soit 2 fourneaux fixes.

b) Il est très important que les utilisateurs décident de la fonction principale de leur fourneau et de la pièce où ils veulent l'installer.

c) Les cheminées sont beaucoup plus difficiles à installer dans des maisons à plusieurs étages qui ont la cuisine au rez-de-chaussée.

Question 2: En quoi la taille de la cuisine influe-t-elle sur le choix et l'installation du fourneau?

Réponses possibles

a) Il est difficile de faire entrer de grands fourneaux dans de petites cuisines. Si le fourneau est trop grand, il ne reste pas assez de place pour préparer les plats ou pour se retrouver autour du feu.

b) Une cheminée est difficile à installer si la cuisine est au rez-de-chaussée d'une maison de 2 ou 3 étages et si sa hauteur ne dépasse pas 1,5 m. Il faut alors installer un conduit à coudes serrés, ce qui réduit le tirage et rend le nettoyage difficile. Si l'utilisateur veut éviter que la pièce s'enfume, il faut construire une sorte de hotte.

Question 3: Comment le degré d'aération et d'éclairage influe-t-il sur la technique d'installation du fourneau?

Réponses possibles

a) Les niveaux d'émission d'oxyde de carbone du nouveau fourneau devront être inférieurs à ceux des anciens modèles si on n'utilise pas de cheminée.

b) Si les habitants ne peuvent se permettre de consommer plus de kérozène, les nouveaux fourneaux devront fournir le même éclairage que les anciens (en particulier dans les cuisines disposant d'un faible éclairage naturel). Il faudra peut-être ouvrir l'avant du foyer.

Question 4: Comment l'état de la cuisine conditionne-t-il le choix et l'utilisation du fourneau?

Réponses possibles

Les personnes qui prennent le temps de bien entretenir leur cuisine voudront probablement un fourneau plus esthétique, facile à nettoyer, et qui ne salisse pas les marmites. Il faudra vraisemblablement moins de temps pour apprendre à ces personnes à entretenir leur nouveau fourneau.

Question 5: Comment le type de toiture conditionne-t-il le choix et l'utilisation d'un nouveau fourneau?

Réponses possibles

a) Il est important pour certaines personnes de laisser la fumée entrer en contact avec le toit de chaume pour le garder sec et pour éviter l'invasion des insectes. Dans ce cas, il peut être nécessaire de placer la cheminée sous le chaume ou d'utiliser un fourneau dépourvu de cheminée.

b) Si les gens veulent que le chaume ne soit pas envahi par la fumée, il faudra placer un obstacle entre le chaume et la cheminée.

Les fourneaux

Dans la plupart des pays, il existe toute une gamme de fourneaux ou de foyers qui servent à cuisiner, à préparer des boissons et parfois à préparer les aliments pour le bétail. Certains ménages peuvent avoir plusieurs fourneaux. On peut utiliser différents types de combustible, et on peut utiliser des fourneaux différents pour des opérations culinaires différentes. Certains fourneaux sont fixes, d'autres sont portatifs. Sur certains fourneaux il faut utiliser de grosses marmites à fond arrondi où l'on peut remuer énergiquement les aliments, alors que sur d'autres, il faut des petites casseroles légères à fond plat en aluminium.

Qu'ils soient achetés ou construits, la plupart des fourneaux sont très bon marché. En milieu urbain, ils sont généralement en métal, tandis que dans les zones rurales, ils sont en terre, en céramique ou en pierre. La plupart des fourneaux en céramique et en métal sont fabriqués par des artisans, alors que les fourneaux en terre et en pierre sont construits parleurs utilisateurs. Dans certaines sociétés, les fourneaux ne peuvent être fabriqués qu'à certaines dates, tandis que dans d'autres, ils doivent être bénis parle prêtre. Certaines femmes préfèrent être accroupies lorsqu'elles cuisinent, et d'autres être debout. Certaines femmes surveillent le feu très attentivement, d'autres moins (surtout celles qui ont des enfants exigeant beaucoup d'attention).

La plupart des fourneaux simples (par exemple le foyer 3 pierres) émettent aussi bien de la chaleur que de la lumière, fonctionnent avec divers combustibles et avec diverses tailles de récipients. Ils durent longtemps, demandent très peu d'entretien, et sont relativement efficaces si on s'en sert correctement. Toutefois, il est souvent difficile d'y brûler du bois humide et des résidus, de protéger le feu du vent (qui entraîne une baisse considérable du rendement), d'empêcher les jeunes enfants de se brûler et d'éviter d'importantes émissions de. fumée.

Question 1: Quelles conséquences a la variété des fourneaux utilisés par les différents groupes ethniques sur la conception et le choix des nouveaux fourneaux?

Réponses possibles

a) Dans de nombreuses régions, il faudra présenter des modèles différents aux différents groupes. Parfois, il faut 2 types de fourneaux ou davantage pour satisfaire tous les besoins d'un groupe.

b) Chaque modèle peut être présenté en plusieurs options, par exemple avec 1,2 ou 3 orifices pour les marmites. Au moment de la conception, il faut prévoir qu'un fourneau pourra être utilisé avec ou sans cheminée.

Question 2: Comment la diversité des types de fourneaux (et leur signification culturelle et sociale) conditionnera-t-elle l'introduction des fourneaux améliorés?

Réponses possibles

a) Il est fondamental que les agents de vulgarisation examinent longuement toutes les fonctions des anciens fourneaux. Ils doivent établir, avec l'utilisateur, quelles seront les fonctions du nouveau fourneau et aider la famille à décider si elle aura besoin de conserver l'ancien fourneau pour certains usages.

b) Les gens s'intéresseront davantage à l'achat d'un nouveau fourneau si sa durée de service et son coût sont similaires à ceux de leur ancien fourneau.

c) Il est beaucoup plus difficile d'apprendre aux gens à entretenir et à réparer un nouveau fourneau s'ils ne l'ont jamais fait.

d) Si ce sont les femmes qui construisent ou qui achètent le fourneau ou le foyer, il faudra les faire participer au choix et à l'installation du nouveau fourneau.

e) Si les hommes doivent donner leur autorisation pour l'achat d'un nouveau fourneau, ils doivent être aussi la cible des programmes de vulgarisation ou de commercialisation.

Récipients

Dans la plupart des sociétés on utilise tout un éventail de récipients pour cuire les aliments. Ils peuvent être en argile, en fonte ou en aluminium, et avoir un fond rond ou carré et des bords plats ou arrondis. Les familles ont en général plusieurs récipients de tailles différentes qui sont utilisés pour la cuisson des différents mets.

Question 1: Comment les différents types et les différentes tailles de récipients conditionnent-ils la conception et le choix du fourneau?

Réponses possibles

a) Il est très important que le fourneau puisse recevoir tous les récipients utilisés le plus couramment.

b) La stabilité est meilleure pendant la cuisson si le trou est modelé selon la forme du récipient pour que celui-ci s'y adapte parfaitement.

c) Dans le cas d'un fourneau à deux trous, l'espace entre les deux orifices doit être suffisamment grand pour qu'on puisse se servir des deux plus grosses marmites en même temps.

d) Si on utilise la plupart du temps de gros récipients, le diamètre du plus petit orifice devra être inférieur à celui de la marmite la moins grosse. Si des petits récipients sont utilisés de temps en temps, il faudra fournir avec le fourneau une garniture spéciale pour diminuer la taille du trou.

Question 2: Comment les différents types et tailles de récipients influent-ils sur l'installation des fourneaux en terre et des fourneaux en céramique et en terre?

Réponses possibles

a) Les responsables de la diffusion, les fabricants et les installateurs du fourneau doivent demander aux femmes de leur montrer toutes leurs marmites en indiquant leurs usages. Déterminer l'espace entre les trous destinés à accueillir les marmites et la cheminée, ainsi que le petit et le grand diamètre de ces trous et la courbure des marmites afin d'assurer la bonne stabilité des récipients sur le fourneau.

b) envisager la possibilité de construire d'autres fourneaux pour les plus grosses marmites et en discuter.

Combustibles

Dans la plupart des zones rurales, les habitants utilisent toute une gamme de combustibles tirés de la biomasse. Le type de combustible employé dépend de plusieurs facteurs tels que le prix, le revenu et l'occupation des gens, les disponibilités en combustibles variant selon les saisons, et l'emplacement des différents types de combustibles. Certains stockent le bois, tandis que d'autres le ramassent chaque semaine; certains l'achètent en gros et d'autres en très petites quantités.

Certaines variétés de bois brûlent facilement, d'autres pas; les bois, selon les variétés, dégagent une flamme haute ou courte (en particulier le charbon de bois). Certaines personnes débitent leur bois en petits morceaux, d'autres utilisent de grosses bûches.

Question 1: De quelle façon les différents types de combustibles influent-ils sur la conception du fourneau?

Réponses possibles

a) Il est très difficile de concevoir un fourneau dans lequel on puisse utiliser tous les types de combustibles. Les résidus et le bois humide ont besoin de davantage d'air pour brûler convenablement, de sorte qu'un fourneau devra être doté d'une deuxième prise d'air et d'un séchoir à bois.

b) Certains bois résineux et de nombreux résidus produisent davantage de goudron et de suie que les bois de feuillus. Par conséquent, il faut nettoyer plus souvent les cheminées si on veut éviter les incendies et les blocages.

c) Certains combustibles produisent beaucoup de cendres et de noir de carbone qui peuvent obstruer les tuyaux de cheminée et ceux-ci doivent être conçus de manière à éviter les obstructions.

d) Il arrive peu de chaleur dans le second trou de cuisson lorsqu'on utilise du bois qui brûle avec une petite flamme, ce qui influe sur la répartition de la chaleur et la vitesse de cuisson. Il peut être souhaitable de concevoir un fourneau dont les deux orifices sont placés au-dessus du feu.

e) Il faut un fourneau à grande porte si on utilise de gros morceaux de bois.

Question 2: Comment le type de combustible et l'objectif du fourneau influent-ils sur la stratégie de commercialisation/vulgarisation?

Réponses possibles

a) Une formation plus poussée est nécessaire si les ménages utilisent un combustible de qualité médiocre.

b) Les gens qui achètent leur combustible se rendront probablement compte des avantages du nouveau fourneau plus tôt, et répondront donc plus vite à lu campagne de promotion.

c) Ce sont souvent les gens qui ont le plus de mal à se procurer du combustible qui n'ont pas accès aux services de vulgarisation. Il peut s'avérer nécessaire d'identifier ces groupes et de mettre au point des programmes d'action ciblés. Toutefois, il ne faut pas oublier que ce sont précisément ces groupes qui ont le moins de probabilités de prendre le risque d'investir dans une innovation.

Aliments

La quantité et la variété d'aliments cuisinés et la fréquence avec laquelle les familles cuisinent chaque jour varie selon les ménages, les villages et les régions d'un même pays. Dans certaines zones urbaines, les gens jugent plus économique d'aller au restaurant que d'acheter la nourriture et le combustible. Si, pour se rendre au travail, les gens doivent parcourir de grandes distances, ils préparent souvent leur nourriture la veille au soir, la réchauffent le lendemain matin et emportent les restes pour le déjeuner. Pendant la période des moissons, on ne cuisine souvent qu'une fois par jour.

Dans certaines régions, le riz et d'autres céréales représentent les aliments de base, tandis qu'ailleurs les pommes de terre seront l'aliment principal. Dans certaines régions on ne mange pas de viande, alors que, dans d'autres, la viande constitue un élément important de l'alimentation. Certains aliments cuisent rapidement, d'autres doivent bouillir plusieurs heures. Certaines familles cuisinent deux plats principaux en même temps, et d'autres les préparent au fur et à mesure. Certains foyers utilisent leur fourneau pour préparer des aliments et des boissons destinés à la vente.

Question 1: De quelle manière la composition des repas cuisinés dans un ménage influera-t-elle sur la conception du fourneau?

Réponses possibles

a) Pour les gens qui préparent un seul plat ou qui passent moins de 30 minutes à cuisiner, il faut un fourneau qui chauffe rapidement.

b) Quand les préparations doivent être remuées énergiquement, il faut veiller à ce que le récipient soit bien maintenu et que le fourneau soit stable.

c) Lorsque deux plats doivent finir de cuire en même temps, il faut répartir la chaleur de façon égale entre les deux marmites.

On peut imaginer d'autres formules et d'autres questions de ce type pour les fabricants, les distributeurs et les détaillants. On peut examiner d'autres données socio-économiques, formuler des questions pertinentes et y trouver des réponses. Une fois que l'on a répondu à ces questions, il y a de grandes chances pour que le modèle de fourneau satisfasse aux besoins de la population et remplisse les critères qui ont été fixés. Le programme peut alors passer à la phase d'essais sur le terrain.

Phase initiale d'essais sur le terrain

Stade 3 Le personnel du projet et le comité local ou le groupe communautaire devront alors déterminer qui sera chargé d'essayer et d'évaluer la première série de fourneaux. Il faut recourir à un échantillon représentatif des ménages appartenant à tous les différents groupes de la région. Une fois les fourneaux installés, il faudra se rendre dans les ménages, si possible au cours de la semaine suivant l'installation, puis trois mois après. Il serait bon que les membres du comité local (s'il en existe un) accompagnent les habitants chargés de la vulgarisation et/ou le personnel extérieur au projet.

Stade 4 Il faudra entamer des discussions approfondies avec les utilisateurs lors des visites et les enregistrer intégralement, même si elles n'ont apparemment aucun rapport avec l'utilisation des fourneaux. Les concepteurs devront également collaborer avec les habitants pour recueillir des données sur les performances du fourneau. Les habitants peuvent aider le personnel du projet et le comité à comprendre l'organisation sociale et les interactions au sein de la communauté. Elle peut aussi aider à mieux comprendre les résultats de l'analyse. Par exemple, une femme avait cessé d'utiliser son fourneau, mais ne voulait pas dire pour quelle raison. Elle affirmait toutefois que le fourneau était acceptable. Au cours de l'entretien, elle avait indiqué que sa belle-mère venait juste de s'installer dans la maison. Un des membres du groupe chargé du suivi a suggéré que l'arrivée de la belle-mère était peut-être la raison pour laquelle la femme avait cessé d'utiliser le fourneau. Par la suite, le sociologue lui demanda si l'arrivée de cette personne avait influencé sa décision et elle répondit affirmativement en expliquant qu'elle était gênée de le dire devant les autres membres de la communauté. Une fois que les données ont été collectées dans tous les ménages, les questions et les réponses devront être examinées et analysées par les concepteurs du fourneau, les responsables du programme, les agents de vulgarisation et le plus grand nombre possible de membres de la communauté. La section 3 présente diverses méthodes d'analyse de ces données.

La série suivante de questions, de réponses et d'actions est présentée à titre d'exemple pour aider à établir un guide pour les discussions et analyser ensuite les résultats. Chaque programme devra apporter ses propres modifications ou spécificités.

Question 1: Pourquoi les gens n'utilisent-ils pas leur fourneau?

Réponses possibles

Actions possibles

les aliments cuisent trop lentement

- agrandir la cheminée, la prise d'air secondaire, la bouche d'alimentation
- agrandir le foyer et/ou les trous de cuisson
- nettoyer le fourneau
- augmenter le nombre de trous de cuisson

il consomme trop de combustible

- réduire la puissance du feu
- augmenter la taille du déflecteur
- diminuer la hauteur du foyer
- rétrécir la bouche d'alimentation

il dégage trop de fumée et est difficile à allumer

- nettoyer la cheminée et les tuyaux
- recommencer la formation des utilisateurs
- augmenter la hauteur de la cheminée
- agrandir le foyer
- ajouter une prise d'air secondaire

il ne produit pas assez de chaleur et de lumière

- élargir l'ouverture frontale

les cloisons se craquèlent ou se fendent

- modifier le mélange de terre ou d'argile
- modifier la température de cuisson de l'argile
- améliorer la formation des artisans
- améliorer la formation des utilisateurs

il n'est pas commode à utiliser

- modifier la hauteur
- renforcer l'isolation

il a été construit dans un endroit ou à un moment mal choisi, décès dans la famille, hommes/femmes n'ont pas été consultés

- former à nouveau le vulgarisateur pour qu'il soit plus sensible aux facteurs culturels et aux questions spécifiques des hommes et des femmes
- discuter avec les utilisateurs de la reinstallation du fourneau à un endroit ou à un moment plus propice


Il est à noter que certaines de ces actions peuvent être contradictoires. Par exemple, le fait d'augmenter la vitesse de cuisson, qui fait aussi augmenter la consommation de combustible. Les utilisateurs doivent collaborer avec le comité local et établir un ordre de priorités.

Question 2: Quel est l'élément du fourneau que les utilisateurs apprécient le plus? Quels sont les indicateurs de succès?

Réponses possibles

a) le fourneau fait gagner du temps;

b) il réduit la consommation de combustible et par conséquent, le temps passé à ramasser le bois, ou les dépenses effectuées pour son achat;

c) il réduit le niveau d'émissions;

d) il réduit le temps passé à nettoyer la cuisine et les récipients.

Actions possibles

a) tenir compte de ces facteurs dans la formation des vulgarisateurs.

b) mettre en évidence les principaux éléments mentionnés par les utilisateurs au cours de la campagne de promotion.

c) aider la communauté à décider si, et de quelle façon, elle souhaiterait partager son expérience avec d'autres groupes.

Question 3: Quelles modifications les nouveaux fourneaux ont-ils entraîné au niveau des habitudes des utilisateurs?

Réponses possibles

Les femmes ont apporté de nombreuses modifications à leurs habitudes. L'installation des fourneaux a conduit certains ménages à construire une nouvelle cuisine, plus spacieuse. D'autres ont aménagé des rangements et des plans de travail autour du nouveau fourneau. Certains se sont mis à faire bouillir plus d'eau pour boire et pour se laver (puisqu'ils disposent de davantage de temps et de combustible). Au Guatémala, les femmes ont pu faire cuire les haricots la nuit grâce à la chaleur emmagasinée dans le grand fourneau en terre, au lieu de le faire tôt le matin. Dans certains pays africains, les femmes ont pu consacrer plus de temps à leurs enfants pendant la cuisson des repas (étant donné que le nouveau fourneau exige une attention beaucoup moins soutenue que le foyer ouvert).

Actions possibles

Les améliorations apportées à la cuisine peuvent être portées à la connaissance du grand public. Intégrer aux programmes de formation les méthodes que les femmes ont utilisées pour perfectionner la cuisine ou les techniques de cuisson. On peut informer de ces changements les institutions s'occupant d'amélioration des logements et d'action en faveur des femmes, qui pourront à leur tour les incorporer dans leurs programmes.

Question 4: Quelles améliorations la population souhaite-t-elle?

Les réponses et les actions sont pratiquement les mêmes que pour la question 1. On peut toutefois ajouter quelques suggestions:

Réponses possibles

Mesures possibles

améliorer l'esthétique du fourneau

- le peindre
- le décorer par exemple avec un autocollant
- doter le fourneau de surfaces arrondies

le rendre plus léger

- changer de matériaux
- réduire l'épaisseur des cloisons

réduire la chaleur dégagée par les cloisons extérieures

- augmenter l'épaisseur des cloisons
- réaliser une meilleure isolation


Phase élargie d'essais sur le terrain

Une fois qu'un modèle acceptable a été conçu, le programme peut mettre au point soit une stratégie de vulgarisation pour les fourneaux qui seront distribués par l'intermédiaire d'une institution gouvernementale, soit une stratégie de commercialisation pour les programmes qui devront faire appel à des petites entreprises pour la production, la distribution et la vente des fourneaux.

Stade 5 La technique de collecte d'information au cours de cette phase sera différente s'il s'agit de programmes en milieu rural, qui font appel aune stratégie de vulgarisation, ou de programmes en milieu urbain qui requièrent une stratégie de commercialisation. Pour les premiers, le personnel chargé du suivi, les producteurs de fourneaux, les agents de vulgarisation, les installateurs et les membres de chaque comité local devront s'accorder sur une série de questions à poser, puis ils devront, si possible, prendre part de façon active au suivi. L'analyse des résultats peut se faire dans chaque village au moyen des techniques présentées au stade 2 et/ou plus loin dans cette section.

Pour les programmes en milieu urbain, l'essentiel du suivi peut être assuré par les responsables de la commercialisation (même si certains programmes disposent d'une unité de suivi distincte). Les formulaires et les questionnaires de suivi peuvent être mis au point en collaboration avec le comité local. Il est peu probable que la plupart des membres aient les ressources nécessaires pour participer à la collecte des données. Le comité devra aider le personnel de suivi à choisir un échantillon, à développer des stratégies et des techniques de collecte d'information et d'analyse, et à formuler un plan d'action pour améliorer la mise en oeuvre du programme et la conception du fourneau.

Au cours de la phase de diffusion, il faudra répondre à d'autres questions concernant les motifs d'adoption ou de non-adoption des fourneaux. A l'annexe 4, on trouvera la liste des informations que les projets pourraient recueillir au cours de la phase de vulgarisation sur le terrain.

Question 1: Pourquoi le fourneau n'est-il pas adopté? Que peut-on faire pour augmenter le pourcentage d'adoption?

Dans les zones urbaines:

Réponses possibles

Actions possibles

n'en a pas entendu parler

- intensifier la promotion

ne peut pas se le procurer

- augmenter le nombre de points de distribution
- augmenter la production
- intensifier la formation des artisans
- améliorer les bénéfices des producteurs pour assurer une motivation suffisante

pas convaincu des gains de temps et de combustible

- organiser des démonstrations/intensifier la promotion

n'aime pas l'aspect du fourneau

- changer l'aspect extérieur, engager un concepteur industriel

pas convaincu de la durée de service

- donner une garantie

fourneau pas adapté à tous les récipients, à tous les types d'aliments

- prévoir plusieurs modèles

mari pas convaincu des avantages

- réorienter la campagne de promotion


Dans les zones rurales:

Pour les programmes en milieu rural, notamment pour ceux qui font appel à une stratégie commerciale, on recevra les mêmes réponses et on peut prendre les mêmes mesures. Toutefois, pour certains programmes, pour lesquels une phase de vulgarisation a été prévue, les réticences de la population peuvent tenir à d'autres motifs qui sont particuliers au type de fourneau et à la stratégie de vulgarisation employée. Par exemple:

Réponses possibles

Actions possibles

l'animateur n'est pas passé

- étudier son emploi du temps

l'animateur n'est pas assez attentif

- donner une nouvelle formation à l'animateur

selon les utilisateurs, le travail de l'animateur manque de constance

- améliorer la gestion sur le terrain

veut une nouvelle cuisine avant d'adopter le fourneau

- relier le projet aux efforts communautaires de développement du logement

décès dans la famille

- reporter la visite à une date opportune

en attente d'un fourneau subventionné

- repenser le programme de subventions


Question 2: Pour quelles raisons la population adopte-t-elle le fourneau?

Réponses et actions possibles

Il existe de nombreuses raisons d'adopter un fourneau. La plupart du temps, les fourneaux contribuent à éliminer la fumée, réduisent les temps de cuisson et/ou de nettoyage, ainsi que la consommation de combustible (d'où une réduction du temps consacré au ramassage du bois ou des dépenses engagées tous les mois). Les fourneaux peuvent aussi être adoptés parce qu'ils améliorent l'état de santé, réduisent les risques de blessures des jeunes enfants, augmentent le prestige ou la satisfaction personnelle (une femme peut déclarer qu'elle se sent vraiment bien après l'achat d'un nouveau fourneau) parce qu'ils font partie d'un programme de développement du groupe social ou simplement à cause de la pression de l'entourage.

Les responsables doivent saisir parfaitement les différentes raisons pour lesquelles les divers groupes adoptent les fourneaux et réorienter leurs programmes de promotion en conséquence pour accroître le taux d'adoption. Il faut essayer de prévoir l'augmentation de ce taux en liaison avec une intensification donnée de la promotion, pour que les ressources financières et humaines nécessaires soient disponibles à mesure que la demande se renforce.

Question 3: Le programme de fourneaux atteint-il ses objectifs? En cas de réponse négative, de quelles autres ressources a-t-ii besoin?

Réponses et actions possibles

Tout programme a des objectifs à atteindre, qui peuvent être d'ordre social, technique, économique ou institutionnel.

Ces objectifs peuvent être liés:

1) au nombre de fourneaux produits, distribués et vendus ou installés,

2) au nombre d'utilisateurs, de vulgarisateurs, d'artisans, de fabricants, de distributeurs, de détaillants cl de membres du personnel du projet recevant une formation,

3) au taux d'utilisation annuel,

4) aux économies globales d'énergie et/ou à la réduction du temps de cuisson ou de ramassage du bois et à la diminution des niveaux d'émissions,

5) à la rentabilité des investissements et des entreprises fabriquant les fourneaux,

6) au coût moyen de diffusion d'un fourneau (après un délai donné),

7) au nombre de groupes locaux s'occupant de la production, de la distribution et de la promotion,

8) au nombre d'autres activités qui devrait naître des efforts de développement des fourneaux.

Les sections précédentes ont indiqué la plupart des raisons pour lesquelles un programme atteint ou n'atteint pas ses objectifs (par exemple, se reporter à l'objectif 1 ci-dessus). Les motifs qui expliquent l'échec d'un programme en ce qui concerne ses objectifs de production et de distribution et les mesures à prendre pour y remédier pourraient être les suivantes:

Réponses possibles

Actions possibles

Promotion insuffisante

- renforcer la qualité et la quantité

Formation insuffisante

- intensifier la formation

Suivi médiocre

- améliorer l'encadrement et renforcer le dialogue avec la population locale

Incitations insuffisantes pour les producteurs, détaillants et distributeurs

- augmenter le prix
- diminuer les coûts de production et de distribution
- modifier la méthode de conception/production

Gestion médiocre de la production

- intensifier la formation


Toutefois, il est possible que les objectifs ne soient pas atteints à cause d'une mauvaise planification ou évaluation du projet. Si les objectifs fixés sont peu réalistes, il faudra en tirer un enseignement au moment de la mise au point de la phase de diffusion.

Question 4: Le nouveau fourneau a-t-il un impact sur la population? Cet impact est-il positif ou négatif?

Les critères et les indicateurs d'évaluation de l'impact du programme de fourneaux doivent être élaborés par les groupes de suivi locaux en collaboration avec les producteurs et les distributeurs. Une fois que les critères ont été fixés, les réponses peuvent généralement être obtenues à partir des données qui ont servi à répondre aux autres questions. Par exemple, si le groupe cherche à répondre à la question «Quel est l'impact du fourneau sur les producteurs?», il trouvera l'information nécessaire dans les réponses aux questions 1 et 3. Les réponses tirées de cette évaluation de l'impact peuvent faciliter l'élaboration de la prochaine stratégie de diffusion.

Stade 6 A la fin de la phase élargie d'essais sur le terrain, une évaluation est effectuée soit par le projet lui-même, soit par le donateur. Comme le suivi du programme a été réalisé parles utilisateurs, les producteurs et le personnel du projet, une évaluation interne pourrait conduire à la procédure ci-dessous (technique qui a été employée par une ONG en Inde):

1) Les comités locaux et le personnel du programme examinent chacun de leur côté les informations rassemblées;

2) Chaque groupe rédige un rapport. Les groupes analphabètes peuvent utiliser un magnétophone ou faire appel à un écrivain public;

3) Les rapports sont diffusés au moins une semaine avant la réunion;

4) Ils sont ensuite présentés à la réunion;

5) Une discussion libre a alors lieu;

6) Elle est suivie d'un débat dirigé;

7) On établit ensuite le procès-verbal des débats (ou on les résume au moyen de matériels audiovisuels) et on le soumet à toutes les parties pour approbation;

8) Une fois approuvé, le rapport est publié. Pour les villageois analphabètes, le rapport est enregistré avec un magnétophone ou un magnétoscope.

Le débat (mené de la même façon que les débats du stade intermédiaire de l'évaluation) peut fournir des réponses aux questions suivantes:

a) Les objectifs du programme sont-ils atteints et pourquoi? Les objectifs étaient-ils réalistes; le problème a-t-il été défini correctement dès le démarrage du programme; s'il ne l'a pas été, pour quelles raisons?

b) Comment le programme en cours pourrait-il satisfaire les besoins des ménages de manière plus efficace?

d) Existe-t-il une stratégie moins onéreuse permettant d'atteindre les mêmes résultats?

e) Doit-on entreprendre la phase de diffusion? si oui, comment?

La communauté et le donateur peuvent faire participer un consultant extérieur à la phase d'évaluation. Ce consultant doit absolument être au courant des techniques de participation. Il doit d'abord se familiariser avec le projet et rencontrer certains membres de la communauté locale qui participent à sa mise en oeuvre. Il doit examiner tous les rapports antérieurs et en faire un résumé qui sera soumis pour commentaires et critiques à la réunion d'évaluation. Le consultant doit alors rédiger la version définitive qui sera présentée soit séparément, soit dans le cadre du rapport final.

Stade 7 Si le projet est poursuivi et élargi, il faudra mettre en place un système de suivi. Si ce sont d'autres organisations qui sont chargées de la diffusion, le système de suivi élaboré au cours de la phase précédente pourra être employé. L'organisation coordinatrice pourra informer les autres institutions des techniques qui ont été mises au point et essayées. La formation peut être adaptée aux besoins des différentes organisations mais il est conseillé d'adopter toujours une approche basée sur la participation.

L'information nécessaire au suivi d'un programme de diffusion est la même que pour la phase élargie d'essais sur le terrain; toutefois, l'ordre de priorité entre les types d'information sera modifié. Ainsi, au cours de la phase de diffusion, la direction du programme s'intéressera davantage aux données concernant:
a) le nombre de fourneaux fabriqués et la qualité de la production,
b) l'efficacité du programme de vulgarisation/commercialisation.
Le programme recueillera ainsi plus d'informations sur les catégories a à 1 du paragraphe b) de l'annexe 4.

Dans les programmes urbains plus importants et les très grands programmes ruraux qui font appel à une stratégie de commercialisation, un processus participatif peut être très difficile à utiliser dans tous les domaines. D'après l'expérience pratique acquise en Afrique et en Asie, il semble que l'information sur les ventes, la qualité de la production, le rendement et le nombre de nouveaux points de distribution peut être recueillie et analysée de façon plus efficace par une personne travaillant pour le projet à temps complet. Il ne paraît guère utile de créer des comités locaux. Néanmoins, l'expérience au Sri Lanka a montré qu'il fallait organiser régulièrement des réunions entre producteurs, distributeurs et personnel du projet. Pendant ces réunions, les données du suivi peuvent être passées en revue et d'autres données peuvent surgir de la discussion. A la fin de la réunion, tous les participants peuvent sélectionner une série d'actions visant à perfectionner le programme. Dans les zones tant rurales qu'urbaines, le suivi permet de recueillir des informations répondant aux questions suivantes:

a) Le taux d'adoption initial répond-t-il aux objectifs du projet? Qui adopte le fourneau et s'agit-il des destinataires prévus à l'origine du projet?

b) Quel est le pourcentage de personnes utilisant le fourneau pour toutes ses fonctions de cuisine et de chauffage?

c) Pourquoi les gens n'utilisent-ils pas leur fourneau pour l'ensemble des fonctions de cuisine?

d) Le programme de production et de distribution a-t-il atteint ses objectifs, et pourquoi?

e) Le programme de vulgarisation et de commercialisation a-t-il atteint ses objectifs, et pourquoi?

f) Quel est l'impact de l'introduction du fourneau? Les objectifs du programme sont-ils atteints?

g) Le programme a-t-il d'autres impacts non prévus? Lesquels?

Autres méthodes d'analyse des données


Méthodes participatives
Approches traditionnelles de l'analyse des données et de la préparation des rapports

Méthodes participatives

Simulation

La simulation est utilisée avec succès en Afrique pour interpréter l'information recueillie par les membres du groupe local. Il existe un certain nombre de techniques différentes. Les séances peuvent être menées, par exemple, selon la procédure suivante:

- Plusieurs femmes jouent le rôle de personnes enquêtées. Elles utilisent leur nouveau fourneau depuis trois mois.

- Une autre personne joue le rôle de l'enquêteur.

- Les questions à poser (qui se rattachent normalement à l'exercice de suivi sur le terrain qui vient d'être effectué) sont indiquées à tous. On laisse le temps de la réflexion et on fixe une limite de temps pour les questions et les réponses.

- La séance commence alors; le groupe chargé du suivi est spectateur.

- A la fin de la séance, tout le groupe formule des observations sur les questions qui ont été évoquées.

- L'animateur prend des notes et, au bout d'un temps fixé à l'avance, il résume le consensus qui se dégage.

- Le groupe se met d'accord sur les conclusions et sur les mesures à prendre.

- Cette information est résumée sous forme graphique pour être largement diffusée dans tout le village ou le quartier.

- Les participants rédigent un rapport et le soumettent aux responsables du projet et au groupe chargé du suivi.

Ce jeu peut être perfectionné et présenté comme un véritable spectacle théâtral aux habitants du village pour les inciter à soutenir le groupe local qui s'occupe des fourneaux.

Méthode d'interaction verbale

On fournit aux membres du groupe local un magnétophone à cassettes (s'ils n'en ont pas), et on choisit un président pour mener le débat. Tous les participants déclenchent leur magnétophone et le président leur demande de présenter chacun leur tour leurs constatations et de proposer des méthodes d'amélioration du fourneau et/ou du programme de vulgarisation. On ne tire aucune conclusion au cours de la première réunion. Le groupe décide de se réunir à nouveau une semaine plus pan et chaque participant doit écouter les enregistrements plusieurs fois avant cette date. A la réunion suivante, chaque membre doit donner son interprétation des observations présentées parles autres. Le président tente de tirer des conclusions du débat qui s'ensuit et le groupe produit un document graphique.

Approches traditionnelles de l'analyse des données et de la préparation des rapports

Les résultats du suivi peuvent également être analysés selon des méthodes numériques et graphiques. Lorsqu'on essaie le fourneau, il est fondamental de calculer la moyenne des résultats et l'écart type pour les nouveaux fourneaux comme pour les anciens. On peut alors utiliser un test particulier (test T de Student) qui aide à déterminer si la différence de fonctionnement entre les deux fourneaux a une signification statistique. On trouve des renseignements sur ce test dans les manuels de statistiques. Ce test peut être effectué à l'aide d'une calculatrice dotée d'un programme adéquat, ou d'un ordinateur. En l'absence de calculatrice, l'information tirée des sondages doit d'abord être mise sous forme de tableaux, et la fréquence des observations doit être calculée à la main. Par exemple, les types de réparations effectuées sur les nouveaux fourneaux peuvent être décomposés comme suit:

3.1 Nombre de fourneaux réparés

Type de réparations

Nombre de fourneaux

Pourcentage

Pas de réparation nécessaire

53

29

Réparation complète effectuée

34

18

Réparation partielle effectuée

15

8

Aucune réparation effectuée

86

45


On peut aussi établir des tableaux plus détaillés. Par exemple, dans le programme au Népal, les responsables voulaient savoir si, au cours de la phase initiale d'essais sur le terrain, il existait un lien entre l'acceptation du fourneau (calculée d'après la fréquence d'utilisation) et le village où il avait été introduit. Le tableau 3.2 a été élaboré selon un modèle particulier, en statistique, celui du test du khi 2 (pour de plus amples renseignements, nous suggérons de consulter un manuel de statistique).

3.2 Degré d'acceptation des fourneaux pour trois villages

Utilisation du fourneau

Village

Exclusive

Tous repas

Majorité des Repas

Peu fréquente

Nulle

Total


Chapagon

19,7%
14

38,0%
27

25,4%
18

15,5%
11

1,4%
1

37,2%
71


Sitapaila

18,7%
14

4,0%
3

49,3%
37

0,0%
0

28,0%
21

39,3%
75


Lamatar

20,0%
9

28,9%
13

6,7%
3

4,4%
2

40,0%
18

23,6%
45


Total

19,4%
37

22,5%
43

30,4%
38

6,8%
13

20,9%
40

100%
191

Pour chaque rubrique, les pourcentages sont indiqués à la première ligne et les valeurs réelles à la deuxième. DL = 8; c2 = 73,52

Le test du khi 2 montre que le fourneau a été largement accepté à Chapagon et que les différences constatées sont significatives. Le suivi antérieur avait révélé que la différence principale entre ce village et les deux autres était le manque de bois de feu. Le programme en a conclu que les fourneaux avaient plus de chance d'être acceptés dans les villages où le bois est plus rare.

La façon la plus claire de présenter les informations est d'utiliser des diagrammes. L'histogramme de la figure 3.3 montre clairement le nombre de fourneaux utilisés (par rapport au nombre de fourneaux installés) dans trois groupes socio-économiques différents. On peut constater que les classes moyennes présentent des taux d'adoption et d'utilisation du fourneau plus élevés que les classes aisées et défavorisées.

3.3 Utilisation des fourneaux par catégorie socio-économique

L'histogramme 3.4 est plus complexe. Il résume les principaux reproches faits au fourneau parles différents groupes. Le groupe défavorisé qui dispose de peu de temps, trouve que le plus grand défaut du fourneau est la lenteur de cuisson. Quant à la classe la plus aisée, elle se préoccupe davantage de l'esthétique du fourneau.

3.4 Reproches des utilisateurs par catégorie socio-économique

La figure 3.5 montre que les objectifs de production du programme ne sont pas atteints. Ce graphique peut être compris aisément aussi bien par les membres de la communauté que par le personnel du projet et peut faire l'objet d'une diffusion importante.

3.5 Comparaison entre les objectifs et le nombre de fourneaux réellement produits

La figure 3.6 présente la consommation de charbon de bois chez ceux qui ont et qui n'ont pas acheté le nouveau fourneau. Il apparaît que la plupart des gens qui l'ont adopté utilisent le charbon de bois comme combustible principal. Les autres utilisent surtout d'autres sources d'énergie telles que le gaz, le pétrole et le bois.

3.6 Consommation de charbon de bois par les utilisateurs et les non utilisateurs du nouveau fourneau


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