En 1986, le Département des forêts de la FAO a publié, dans le cadre de son programme Les forêts au service des collectivités locales, un document ayant pour titre Boisements en milieu rural. Ce document faisait le point sur les divers aspects des connaissances acquises en matière d'arboriculture, vues dans l'optique de la foresterie communautaire, c'est-à-dire de la foresterie par et pour les populations rurales. Il est certain qu'à l'avenir la foresterie communautaire aura une meilleure chance de réussir si elle est axée sur l'amélioration de la gestion des ressources existantes plutôt que sur la création de nouvelles ressources. Or, ce document ne couvrait pas tous les aspects de la gestion des arbres et des terres boisées par les populations rurales. Il survolait par exemple, la façon dont les populations rurales exploitent l'arbre isolé et les terres boisées communautaires, ainsi que la façon dont elles gèrent leurs autres ressources par rapport aux arbres et aux terres boisées. Il était donc important d'élargir et d'approfondir la base des connaissances sur la gestion locale. Pour améliorer l'efficacité des projets de gestion, il fallait obtenir des données plus complètes et procéder à des études plus détaillées sur les connaissances que les populations rurales ont déjà acquises et sur la dynamique de leurs stratégies de gestion des arbres face à l'évolution des politiques, des pressions et des opportunités. Il importait enfin de mieux comprendre l'effet des programmes entrepris pour assister les populations rurales dans leurs efforts de gestion de ces ressources.
Maryam Niamir, spécialiste en aménagement pastoral, nous propose un premier effort visant à combler cette lacune pour les régions arides et semi-arides de l'Afrique. Elle a étudié de nombreux documents, pris contact avec les chercheurs et analysé les données en s'appuyant sur ses propres recherches parmi les éleveurs du Sénégal. Maryam Niamir nous propose d'excellentes descriptions, certes pas de tous les systèmes de connaissance et de gestion, mais d'un grand nombre d'entre eux, la plupart d'origine africaine. Cette étude a été réalisée avec l'appui de l'Unité de foresterie communautaire, d'un groupe de travail inter-départemental et de consultants externes. Ce groupe d'experts a proposé de compléter ce document par un certain nombre d'études de cas afin d'élargir et de mettre à jour la base des données. Ces études pourraient également servir de matériel de base pour la formation et inciteraient les agents de développement à reconnaître l'importance des systèmes locaux de connaissances et de gestion dans l'élaboration et la mise en oeuvre des programmes de foresterie communautaire.
Des recherches analogues seront entreprises à l'avenir sur la manière dont des populations ayant adopté d'autres stratégies économiques prennent leurs décisions en matière de gestion des ressources. Des documents semblables sont en cours de préparation sur l'agriculture itinérante; sur la gestion privée de l'arbre (en particulier dans le cadre de l'agroforesterie traditionnelle); sur la gestion des arbres isolés à fins multiples; et sur la gestion communautaire des terres boisées. Nous espérons par cette série de documents mettre en évidence l'importance des connaissances locales et des stratégies de gestion des ressources et aider à franchir un étape en vue d'un appui plus efficace aux populations rurales dans leurs efforts pour améliorer leurs conditions de vie actuelles et futures par une meilleure gestion des arbres et des terres boisées.
M.R. de Montalembert
Directeur, Division des politiques et de la
planification forestières
Département des forêts