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Aspects fondamentaux des petites entreprises rurales de traitement des produits forestiers dans les pays en développement

par
Yacob Fisseha
Centre for International Programmes
Michigan State University, E.U.

Introduction

Ce document se propose d'examiner brièvement les informations existantes sur les apports, les caractéristiques, les changements et les contraintes relatives aux petites entreprises de traitement des produits forestiers ou de fabrication (petites industries forestières)1/ dans les pays en développement. Cet examen se fonde en grande partie sur un certain nombre d'enquêtes détaillées et uniformes menées par la Michigan State University en collaboration avec des institutions hôtes au titre d'un programme financé par l'Agence pour le développement international des Etats-Unis (USAID).

1/ Les sigles SSE et SSI représentent respectivement les secteur des petites entreprises (y compris les activités du secteur) et le sous-secteur des petites entreprises industrielles (de fabrication et de réparation). Les sigles désignant le sous-groupe forestier sont, nous l'avons vu, respectivement FB-SSE et FB-SSI.

Les pays qui ont été choisis aux fins de cet examen sont la Jamaïque, le Honduras, la Zambie, l'Egypte, la Sierra Leone et le Bangladesh. A la demande de la FAO, l'auteur a extrait des bases de données générales sur l'ensemble de l'emploi non agricole les informations concernant les entreprises de traitement des produits forestiers. Ses conclusions détaillées ont été soumises à la FAO fin 1984 et celle-ci les a publiées au début de 1985 (FAO, 1985). Maints aspects brièvement mentionnés ici sont analysés en profondeur dans le document susmentionné.

En Zambie, une seule enquête menée spécifiquement sur les petites entreprises forestières a été effectuée pour le compte de la FAO en 1985. La présente étude est adaptée d'un rapport la concernant (Fisseha et Milimo, 1986).

Statistiques socio-économiques des pays examinés

Dans la section "indicateurs économiques" du Tableau 2 figurent sept variables fondamentales que le Manuel des statistiques internationales sur le commerce et le développement des Nations Unies nomme "indicateurs de développement économique". Ces indicateurs ont été choisis dans le but d'étudier comment les petites industries forestières en particulier et toutes les petites entreprises industrielles (petites entreprises de transformation) en général opèrent à différents stades et dans différents contextes de leur développement économique, et de quelle manière leurs rôles et leurs caractéristiques évoluent en conséquence. Pour faciliter cet examen, les pays figurant au Tableau 2 ont été placés par ordre décroissant du PIB par habitant, lequel varie entre un maximum de $E.U. 1 212 pour la Jamaïque et un minimum de $E.U. 143 pour le Bangladesh. Les autres pays sont bien répartis entre ces deux extrêmes. Les indicateurs restants révèlent en général une situation en accord avec le niveau correspondant du PIB dans chaque pays.

Compte tenu de la répartition des indicateurs de développement économique dans le Tableau 2, on pourrait se demander si les caractéristiques et les attributs des petites industries forestières dans des pays à faible revenu se différencient de manière constante et prévisible de celles des pays à revenu élevé. Une grande partie des informations qui suivent suggère qu'il en est effectivement ainsi. Ce qui, par contre, pourrait sembler moins clair c'est l'incidence de cette tendance su la croissance sectorielle des petites industries forestières, l'ampleur de la diversité entre les industries, et le niveau et la nature des liens économiques avec d'autres secteurs. La série d'études examinées ici ne se proposait pas de répondre spécifiquement à toutes ces questions. En fait une série chronologique mieux centrée et touchant divers pays aurait été plus adaptée à l'analyse de certaines de ces questions.

Tableau 2: Statistiques socio-économiques des pays objets des enquêtes

Indicateurs
économiques

Jamaïque

Honduras

Zambie

Egypte

Sierra
Leone

Bangladesh

Population (millions)

2.2

3.7

5.6

42.3

3.5

88.5

Densité démographique
(par km2)

200

33

8

42

49

615

Indicateurs économiques pour 1980

PIB par hab. ($E.U.)

1 212

674

671

464

374

143

Taux d'alphabétisation (%)

96

57

50

38

7

26

Population on zones rurales (%)

50

70

57

49

83

92

PIB provenant de l'agriculture (%)

8

26

16

21

30

49

PIB provenant des industries de fabrication (%)

15

14

18

12

7

8

Emploi dans les entreprises de fabrication (% de l'emploi total)

17

27

14

28

11

38

Secteur commercial énergie par hab. (en équiv. kg. charbon)

1 260

190

490

473

92

46


Sources: Pour la Zambie, cf. Fisseha et Milimo, 1986; pour les autres, cf. FAO, 1985.

Description générale des enquêtes

Les diverses études par pays sur les petites industries forestières ont été menées de 1974 à 1985 (cf. Tableau 3). Cependant quatre d'entre elles ont été entreprises entre 1978 et 1982. Les expériences acquises au cours d'études précédentes ont permis de compléter les études successives. Chaque fois que l'on obtenait des informations sur la production des entreprises, l'étude était subdivisée en deux phases, la première se bornant à énumérer ou recenser les industries et la deuxième poursuivant l'objectif de recueillir des informations des entrepreneurs individuels à l'occasion de visites répétées une ou deux fois par semaine sur une période d'un an. Les cas plus rares cités dans la deuxième phase représentaient des échantillons pris au hasard parmi les résultats de l'énumération de la première phase.

Les études menées en Sierra Leone et en Jamaïque portaient sur le pays tout entier alors que pour les autres pays la couverture n'était que partielle. Le pourcentage de la population nationale effectivement recensée au cours de la phase d'énumération variait de 41 pour cent environ en Jamaïque à trois pour cent au Bangladesh. Pour les pays dont la couverture n'avait été que partielle, le pourcentage de la population objet de l'enquête était beaucoup plus élevé; en Zambie par exemple il atteignait 60 pour cent.

Dans de nombreux cas, les zones intéressées par l'étude avaient été stratifiées en fonction de la densité démographique des différentes localités dont on avait choisi au hasard ou à dessein des échantillons pour compléter l'énumération. Le pourcentage des échantillons vaiait normalement entre quatre pour cent pour les agglomérations rurales à 100 pour cent pour les centres urbains importants.

Pour décrire une petite entreprise on avait établi une définition de travail fondée sur les critères suivants: a) toute activité non agricole menée dans un but commercial en vue de réaliser un revenu primaire ou secondaire; b) un nombre total d'individus "employés" ou engagés égal ou inférieur à 50 (25 en Jamaïque); c) la propriété privée de l'entreprise (à l'exclusion de celles affiliées du point de vue organisationnel avec une société nationale ou internationale); d) une unité fonctionnant à partir d'un lieu fixe.

Comme il a déjà été observé, les enquêtes ont été menées tant en milieu urbain qu'en zones rurales. On n'a pas trouvé de centres urbains (20 000 habitants au minimum selon la définition des Nations Unies) dans les régions citées au Honduras.

Les sections qui suivent portent presque exclusivement sur les entreprises de fabrication (petites entreprises de transformation et petites industries forestières) et très peu sur le groupe des entreprises de service ou commerciales, quand bien même une étude sur les premières aurait été également fort intéressante. Dans un certain sens, le groupe des entreprises de service ou de commerce présentent des liens beaucoup plus étroits (grâce au commerce) avec les grandes industries que le groupe des entreprises de fabrication; en outre il procure souvent un nombre significatif d'emplois.

A l'exception du Honduras et du Bangladesh, les autres enquêtes comprenaient tant les entreprises de fabrication que celles de commerce (ou de service). Le pourcentage des entreprises de fabrication (petites entreprises de transformation) par rapport à l'ensemble des petites entreprises rurales varie de 37 pour cent en Jamaïque à 80 pour cent en Zambie. Pour cette dernière le pourcentage élevé atypique est dû principalement au grand nombre de brasseries locales disséminées dans la campagne.

Le reste du document analyse brièvement les points saillants des conclusions auxquelles sont parvenues le études par pays concernant les activités de fabrication qui utilisent des matières forestières et sont définies par l'abréviation petites industries forestières. Pour plus d'information sur les résultats de l'enquête le lecteur pourra consulter les ouvrages et organisations suivants: Liedholm et Chuta (1976) pour la Sierra Leone; Bangladesh Institute of Development Studies (BIDS) (1981) pour le Bangladesh; Fisseha (1982) pour la Jamaïque; Stallmann et Pease (1983) pour le Honduras; Davies et al (1984) pour l'Egypte; Milimo et Fisseha (1986) et Fisseha et Milimo (1986) pour la Zambie, et la FAO (1985) pour un résumé des études par pays citées ci-dessus.

Composition et aspects fondamentaux des petites industries forestières

Cette section se propose de mettre en évidence certains caractéristiques et attributs propres aux petites entreprises forestières de fabrication. Les thèmes présentés portent sur le type de composition de ces entreprises, leur importance en termes de nombre d'unités et ampleur de l'emploi et sur quelques-unes des caractéristiques fondamentales typiques de ces petites entreprises.

Tableau 3: Caractéristiques générales des enquêtes sur les petites entreprises

Variable

Jamaïque

Honduras

Zambie

Egypte

Sierra Leone

Bangladesh

Année de l'étude

1978-80

1979-80

1985

81-82

74-75

78-80

Couverture du pays

C

P

P

P1/

C1/

P

% de la population recensée

40.7

7.2

8.0

5.7

18.5

3.0

Urbaine (U) ou rurale (R)

R&U2/

R

R&U

R&U

R&U

R&U

Limite supérieure de l'emploi dans les petites entreprise de transformation (Nombre d'ouvriers)

25

50

50

50

49

50

Nombre de petites entreprises rurales recençées3/

9 500

2 120

16 776

15 880

9 195

57

Pourcentage des petite entreprises rurales engagées dans des activités de fabrication (%)

37

100

80

44

56

100


Source: cf. Tableau 2.

Notes:

1/ C et P signifient respectivement complète et partielle.
2/ R et U signifient localités rurales et urbaines. Bien que pour le Honduras le recensement ait indiqué R, cela signifie tout simplement qu'on n'a pu trouver dans les zones de l'enquête des centres urbains répondant à la définition des Nations Unies. Toutes les autres villes ont été désignées.
3/ Dans le cas de l'Egypte, on a exclu 19 938 usines laitières, leur lien avec l'agriculture étant trop étroit pour qu'elles puissent être cataloguées comme entreprises de fabrication.

Composition des petites Industries forestières

La diversité des activités ou des types d'entreprises au sein du groupe des petites industries forestières varie d'un pays à l'autre. Cette diversité naît en grande partie des différences dans la matière première forestière disponible ou allouée. Certaines des activités les plus importantes tendent à se retrouver dans la plupart des pays examinés. Les deux activités (composites) prédominantes sont la menuiserie/fabrication de meubles et la production de paniers, nattes et chapeaux. A l'exception du Bangladesh, l'une de ces deux activités représente les deux tiers environ de l'ensemble des petites industries forestières dans chaque pays. Naturellement, chacune d'elles produit un certain type de biens de consommation de base: paniers traditionnels principalement pour le groupe à faible revenu et mobilier moderne en bois pour le groupe à revenu moyen. La matière première utilisée pour la fabrication de paniers se trouve normalement sur place alors que pour le meubles une partie du matériel doit souvent être importé.

Un atelier de fabrication de meubles au Bangladesh

Si on ne les avait pas groupés dans les sept catégories du Tableau 4. ces différents types d'activités auraient bien pu s'élever à 20. Sauf comme indicateurs généraux d'ordres de grandeurs, les chiffres compris dans le tableau ne sont pas comparables stricto sensu d'un pays à l'autre puisque la Zambie, par exemple, possède des entreprises de production de bois de feu, ce qui n'est pas normalement le cas des autres pays.

Extraction de résine: une matière première indispensable

Tableau 4: Composition du groupe des petites entreprises forestières' de fabrication

Entreprises du type petites industries forestières

% du nombre total d'entreprises

Jamaïque

Honduras

Zambie

Egypte

Sierra Leone

Bangladesh

Scieries/sciage de long

0.8

3.2

5.6

-

0.1

0.9

Menuiserie/meubles

23.1

71.4

14.3

23.8

66.8

27.2

Sculpture sur bois/bambou/roseaux

12.5

0.2

11.9

-

5.9

11.6

Fabrication de paniers/nattes/chapeaux

63.5

10.6

60.3

70.4

23.8

32.4

Autres

0.1

14.6

7.9

5.8

3.4

27.9


Sources: cf. Tableau 2.

Notes:

1/ La catégorie "autres" comprend des activités telles que la production de balais au Honduras, de bois de feu en Zambie, d'outils agricoles en Egypte et de récipients et d'outils agricoles au Bangladesh.
2/ De nombreuses petites industries forestières se spécialisent dans la production de plus d'un article, de sorte que la importante. Classification dépend parfois de l'activité prédominante ou la plus

Place des petites Industries forestières dans le contexte des petites entreprises de transformation

Le Tableau 5 compare les pourcentages de divers groupes d'entreprises dans le contexte élargi des petites entreprises industrielles. A l'exception de la Jamaïque, les petites industries forestières représentent normalement du point de vue du nombre des entreprises la deuxième catégorie simple (après les vêtements). En Zambie, le groupe principal est représenté par les brasseries traditionnelles suivies ici aussi des activités forestières.

La répartition géographique des activités des petites entreprises rurales dans les divers pays ne paraît pas être liée au niveau de revenu par habitant. Ceci pourrait s'expliquer par le fait que le groupement des entreprises a été établi simplement en fonction de leur niveau de sophistication technologique; ainsi aucune distinction n'a été faite entre les activités traditionnelles (ménage) et les modernes (du type fabrique). Il faut également souligner que la catégorie des petites industries représente respectivement environ 37, 80, 44 et 46 pour cent du nombre total de petites entreprises (y compris les activités de service et de commerce) en Jamaïque, Zambie, Egypte et Sierra Leone; Il n'a pas été tenu compte des activités de service ou de commerce ni au Honduras ni au Bangladesh.

Au sein du groupe des petites industries forestières, la menuiserie tend à représenter la moitié ou les deux tiers du nombre total. Là encore le Honduras et la Sierra Leone s'écartent du modèle présenté au Tableau 5 car la menuiserie y prédomine clairement sur toutes les autres activités forestières. A ce propos, les chiffres pour les deux pays soulignent l'incidence des activités portant sur des produits autres que le bois sur le pourcentage de petites industries forestières par rapport à l'ensemble des petites entreprises de transformation.

Proportion de l'emploi imputable aux petites Industries forestières

L'importance réelle des petites entreprises industrielles réside moins dans leur nombre que dans les contributions qu'elles apportent à l'économie nationale. Une de ces contributions est l'emploi. Le Tableau 6 donne le pourcentage de l'emploi procuré par les petites entreprises figurant au Tableau 5 relativement à leur taille. Une caractéristique prédominante qui apparaît au Tableau 6 est la taille exiguë des entreprises. Ce résultat a été obtenu en divisant le nombre total d'ouvriers par le nombre total correspondant des entreprises figurant au Tableau 5. D'une manière générale, la contribution à l'emploi total dans les petites entreprises de transformation suit de près la situation présentée au Tableau 5. En outre, la transformation des produits alimentaires, les travaux de menuiserie et les réparations tendent à employer davantage d'ouvriers que les autres activités; en revanche, les petites industries forestières engagées dans la fabrication de vêtements et autres produits non ligneux présentent des caractéristiques inverses.

Des ouvriers construisent des roues en bois ainsi que l'ont fait leurs pères avant eux

Tableau 5: Composition industrielle et pourcentage des différentes activités des petites entreprises de fabrication par rapport à l'ensemble des petites entreprises de transformation dans les zones examinées (par nombre d'entreprises)

Groupes d'entreprises

Jamaïque

Honduras

Zambie

Egypte

Sierra Leone

Bangladesh

Ensemble des petites entreprises de transformation

1. Nombre

13 343

3 703

169 870

34 465

50 135

57 184

2. % de SEE

37

-

80

44

46

-

Répartition des différentes activités dans l'ensemble des petites entreprises de transformation (%)

1. Vêtements

36.1

39.9

5.0

46.3

60.1

51.8

2. petites industries forestières:


a) Menuiserie

13.6

10.8

12.4

7.7

9.8

8.1


b) Autres

23.8

1.8

18.5

17.1

4.9

12.5

Total partiel
petites industries forestières

37.4

12.6

30.9

24.8

14.7

20.6

3. Produits alimentaires

2.2

25.0

4.0

8.8

3.3

20.3

4. Métaux

3.2

2.8

4.6

3.8

15.4

2.1

5. Cuit et chaussures

8.2

2.8

0.8

2.3

2.3

0.6

6. Minerais non métalliques

1.0

11.4

2.6

5.2

2.9

1.4

7. Réparations

8.8

3.4

1.4

7.8

0.7

2.0

8. Autres activités
de fabrication

3.1

2.1

51.4

0.9

2.1

1.2

Total (%)

100

100

100

100

100

100


Source: cf. Tableau 2.

Notes:

1/ "Autres" dans le cas des petites industries forestières désigne les activités de transformation de produits autres que le bois.
2/ "Réparations" comprend les bicyclette, voitures, appareils, etc.
3/ Le pourcentage élevé pour les "autres activités de fabrication" dans le cas de la Zambie est imputable au grand nombre de brasseries traditionnelles.

La source principale de main d'oeuvre pour une entreprise est la famille, à savoir le propriétaire ou gérant et les membres de sa famille. Ces personnes représentent un pourcentage significatif de la main d'oeuvre totale.

Quelques caractéristiques fondamentales des petites Industries forestières

Certaines caractéristiques propres à toutes le petites entreprises forestières se rencontrent dans un grand nombre de pays en développement. Parmi celles-ci, on peut citer la nature élémentaire de leurs opérations, leur tendance à être situées en milieu rural, leur accès facile aux pauvres, aux paysans sans terre et aux femmes et enfin leur dépendance vis-à-vis de la famille. Certains de ces aspects sont directement imputables à la petite taille de l'entreprise, au faible investissement initial et à la simplicité des opérations.

Le Tableau 7 indique que la majorité des entreprises travaillent à partir de la maison. En Zambie et en Egypte, plus de trois quarts de ces entreprises utilisent le domicile ou l'exploitation comme siège de leur activité et des ventes. En fait, beaucoup d'entre elles (88 pour cent en Zambie) ont recours à ces fins au terrain vague attenant à la maison. En Zambie, seul 0,6 pour cent de toutes les petites entreprises rurales possédaient des équipements motorisés (Milimo et Fisseha, 1986) et en Jamaïque le nombre total de machines par entreprise ne s'élevait qu'à 0,7 pour cent (Fisseha, 1982).

On trouve un grand nombre d'entreprises dans des contextes démographiques et socio-économiques clairement ruraux ou semi-urbains. Dans tous le pays, plus de 80 pour cent des petites industries forestières sont situées dans des milieux analogues. En conséquence, une part importante de leur main-d'œuvre provient des zones rurales à proximité des activités agricoles. Dans de nombreux cas, l'activité des petites industries forestières est menée en complément des occupations agricoles ou pour augmenter les revenus.

Le tableau montre également que le pourcentage de femmes propriétaires de petites entreprises forestières varie entre trois pour cent au Bangladesh à 65 pour cent en Egypte. De même, la proportion des femmes dans la main-d'œuvre passe de 6 pour cent au Honduras à 31 pour cent en Egypte. Dans le cas des petites industries forestières, l'emploi des femmes est associé dans une large mesure avec les activités de transformation de produits non ligneux. En effet, dans certains pays (Jamaïque) où par tradition on n'embauche jamais de femmes, notamment pour les travaux de menuiserie, celles-ci tendent à posséder et à gérer leurs propres entreprises.

A exception du Bangladesh, le pourcentage d'entrepises gérées par le propriétaire oscille entre 60 et 65 pour cent. La petite entreprise forestière est donc réellement une affaire de famille. Sauf en Sierra Leone, la famille représente plus de 50 pour cent de la main-d'œuvre et travaille en moyenne le même nombre d'heures.

Presque toutes les caractéristiques susmentionnées sont imputables à la petite taille de l'entreprise. Le Tableau 7 fournit également des informations sur la taille des entreprises en tant que groupe. Le nombre moyen d'ouvriers se situe dans chaque pays entre 2 et 4. En fait, les entreprises employant plus de 10 ouvriers représentent moins de 1 pour cent dans tous les pays sauf le Honduras.

A l'exception de la Sierra Leone, la moyenne des heures de travail annuelles par ouvrier pourrait en pratique être fixée à 1 000. Pour une semaine de 40 heures, ce montant ne représente que 50 pour cent du temps "disponible" à consacrer au travail. Il est vrai que ce résultat est imputable à l'emplacement de la très grande majorité des entreprises en milieu rural où le temps disponible peut être partagé entre les activités agricoles et celles non agricoles. En Zambie, près de 60 pour cent des propriétaires continuaient à tirer de l'agriculture une partie de leurs revenus outre ceux des activités de petites industries forestières; en fait, pour presque deux tiers de ces personnes l'agriculture constituait l'occupation principale avant la mise en route de l'entreprise de traitement des produits forestiers.

De fortes différences caractérisent ces pays en ce qui concerne les valeurs moyennes de l'investissement total et celles de la production ou des ventes. Les chiffres pour le Bangladesh sont manifestement en dehors de la norme tant pour ce qui est du nombre d'heures annuelles que du montant total de l'investissement. Etant donné le niveau de revenu par habitant indiqué au Tableau 2. il n'est pas clair pourquoi la valeur de la production également est aussi élevée.

Il existe aussi des différences fondamentales à l'intérieur d'un même pays. Le Tableau 8 présente des données concernant des différences de taille et d'emplacement par exemple pour deux pays. Les variations de rendement dues à ces deux facteurs sont constantes et pratiquement prévisibles. Ainsi, le chiffre d'affaires des entreprises jamaïcaines ayant une force de travail supérieure à 5 personnes dépasse d'environ deux fois et demi celui d'entreprises utilisant une main-d'œuvre de 5 personnes ou moins; un rapport analogue peut être établi pour la composante urbaine/rurale. Une ventilation plus poussée mettrait en évidence des différences encore plus fortes. Le rendement moyen pour les opérations effectuées par une seule personne dans la petite strate de population par exemple est de $ E.U. 212 au Honduras par rapport à $ E.U. 16 053 pour les entreprises employant 6 personnes ou plus dans la grande strate de population. Les moyennes correspondantes pour la Jamaïque sont de $ E.U. 1 037 et $ E.U. 25 172. Le Tableau 8 montre clairement l'exigence de mieux évaluer les effets potentiels et la factibilité de différentes politiques d'intervention vis-à-vis d'entreprises caractérisées par des différences de taille, d'emplacement et d'autres aspects spécifiques.

Tableau 6: Composition industrielle et pourcentage des différentes activités des petites entreprises de fabrication par rapport à l'ensemble des petites entreprises de transformation dans les zones examinées (par catégorie d'emploi)

Groupe d'entreprises

Jamaïque

Honduras

Zambie

Egypte

Sierra
Leone

Bangladesh

Moyenne des ouvriers par entreprise

2.2

2.2

1.7

1.9

1.8

3.8

Pourcentage des catégories de petites entreprises de transformation en fonction de l'emploi (%):

1. Vêtements

24.8

24.6

4.3

37.6

51.4

58.1

2. petites industries forestières:








a) Travaux de menuiserie

15.0

14.1

13.9

9.6

14.8

5.1


b) Autres

19.8

2.2

19.3

14.3

5.5

7.9

Total partiel pour les petites industries forestières

34.8

16.3

33.2

23.9

20.3

13.0

3. Produits alimentaires

6.8

37.5

5.3

11.9

4.6

22.4

4. Métaux

5.7

2.9

3.8

4.9

18.3

1.4

5. Cuir et chaussures

5.3

2.8

0.5

1.9

1.4

0.3

6. Minerais non métalliques

1.7

10.4

2.4

8.6

2.7

1.7

7. Réparations

16.2

5.1

1.2

9.0

1.9

1.3

8. Autres

4.7

0.4

49.2

2.2

1.5

1.8

Total (%)

100

100

100

100

100

100


Sources: cf. Tableau 2.

Notes:

1/"Autres" dans le cas des petites industries forestières désigne les activités de transformation de produits autres que le bois.
2/"Réparation" inclut les bicyclettes, voitures, appareils, etc.
3/Le pourcentage élevé dans le cas de la Zambie est imputable au grand nombre de brasseries traditionneles.

L'objectif d'un projet pourrait être par exemple d'accroître le rendement des producteurs en augmentant la disponibilité des matières premières (en supposant la présence d'un marché potentiel). La disponibilité des seules matières premières ne suffira sans doute pas à réaliser l'objectif; il faudra peut-être y ajouter des capacités de production améliorées, un investissement majeur et une stratégie de vente plus agressive. L'aptitude des différentes entreprises à répondre à ces besoins pourra varier en fonction de facteurs tels que la taille et l'emplacement ainsi le degré de formation (expérience) de l'entrepreneur. Il s'agit là bien entendu d'hypothèses fondées sur des données empiriques.

Apports économiques et viabilité sectorielle des petites entreprises forestières

Cette section évalue la contribution économique des petites industries forestières en fonction de quatre critères: emploi, formation des ouvriers, apport au produit intérieur brut (PUB) et revenus de la main-d'œuvre familiale. Les informations concernant la viabilité du secteur sont très limitées pour tous les pays. Les renseignements disponibles permettent d'observer que les variables portant sur cette viabilité comprennent a) du point de vue financier, le taux de rentabilité relatif de l'heure de travail de la main-d'œuvre familiale et celui du capital investi; b) des changements survenus dans le temps dans le nombre d'entreprises et le nombre d'employés. Ces deux facteurs peuvent fournir des indications sur l'environnement où opère l'entreprise.

Livraison du mobilier familial

Apports économiques des petites industries forestières

Les données concernant les apports économiques figurent au Tableau 9. En Jamaïque et en Zambie, l'emploi dans les petites industries forestières varie respectivement de 14 à 29 pour cent de l'emploi total dans les industries de fabrication (petites et grandes entreprises réunies). Il est difficile de déterminer combien de ces personnes auraient été au chômage sans l'apport des activités des petites industries forestières. En Zambie, environ 16 pour cent des propriétaires/opérateurs interrogés ont révélé qu'ils s'étaient trouvés "sans emploi" avant d'entreprendre leurs activités actuelles dans le secteur des petites industries forestières. Si l'on estime que les entrepreneurs sont supposés être plus agressifs ou actifs dans la poursuite de leurs objectifs économiques que leurs ouvriers, on peut en déduire que le pourcentage de chômage parmi ces derniers est en fait beaucoup plus élevé.

Tableau 7: Résumé des caractéristiques fondamentales des petites industries forestières

Attribut

Jamaïque

Honduras

Zambie

Egypte

Sierra Leone

Bangladesh

Pourcentage de l'ensemble des petites Industries forestières (%)

Opérations effectuées par un seul individu

58

59

69

69

-

36

Production à domicile
(sans atelier)

52

72

81

76

-

-

Emplacement rural:


-Entreprises

88

100

96

80

99

97


-Emploi

79

100

95

65

96

-

% des femmes:


-Propriétaires

32

10

12

65

-

(3)


-Ouvrières

30

6

12

31

-

21

% des membres de la famille:


-Main-d'œuvre (No.)

82

51

86

89

(41)

73


-Heures de travail

68

57

-

89

34

-

Valeurs moyennes

Nombre de travailleurs par entreprise

2.2

2.2

1.7

1.9

1.8

3.8

Investissement total ($ E.U.)

3 030

1 055

-

-

431

255

Heures de travail annuelles par travailleur

990

1 247

1 205

1 712

2 004

836

Valeur de la production annuelle par entreprise
($ E.U.)

4 979

2 536

-

1 501

1 384

2 362


Source: cf. Tableau 2.

Notes: Le nombre d'heures par travailleur en Zambie a été évalué d'après les résultats d'une enquête unique.

Le deuxième type d'apport indiqué dans le Tableau 9 est la formation technique et industrielle sur le tas dispensée aux ouvriers. Ce type de formation est économique, efficace et pratique, et apporte des avantages même au secteur de la grande industrie puisque certains de ces ouvriers y trouveront un emploi. Une formation technique dispensée dans une structure formelle à un nombre aussi élevé d'ouvriers aurait sans doute, cherché dans les milliers de dollars annuellement. Pour ce qui est de la formation industrielle, beaucoup de ces ouvriers sont mis directement en contact avec les étapes et les procédures de la gestion d'une entreprise, tout en y travaillant en qualité de stagiaires ou d'ouvriers spécialisés, de sorte qu'au bout d'un certain temps plusieurs de ces individus formés ouvrent leur propre atelier et quelques-uns atteignent même le stade de gros producteurs.

Dans les pays en développement, l'apport total du secteur manufacturier au PIB se situe normalement entre 10 et 20 pour cent (cf. Tableau 2). En revenche, la contribution des petites entreprises industrielles au PIB varie entre 2 et 4 pour cent en fonction du niveau de développement économique et des définitions de l'entreprise employées, ce qui laisserait supposer que de 10 à 40 pour cent de la production manufacturière pourraient provenir du sous-secteur des petites entreprises. Les petites entreprises forestières, quant à elles, représentent de 20 à 25 % environ de la part des petites entreprises de transformation.

La contribution finale des petites industries forestières est le revenu que procurent à la main-d'œuvre familiale les activités de cette catégorie. En termes de chiffres, cet apport varie entre $ E.U. 308 au Bangladesh à $ E.U. 2 494 en Jamaïque. Si l'on tient compte du fait que ces moyennes sont réalisées uniquement par les petites unités économiques, les revenus réels de bien des familles pourraient être beaucoup plus élevés que celui par habitant indiqué au Tableau 3. Il est clair que l'image qui se dégage de ces moyennes est quelque peu dépourvue de nuances et il existe sans nul doute des entreprises individuelles qui souffrent de problèmes financiers graves ou qui risquent la faillite. Il n'en demeure pas moins que dans l'ensemble le niveau des revenus est acceptable.

Si l'on compare les gains réalisés par les petites industries forestières avec le taux de salaire courant dans une petites industries forestières ou en agriculture (l'employeur le plus probable après l'entreprise), on s'aperçoit que ledit taux de salaire ne représente qu'environ deux tiers du revenu horaire de la main-d'œuvre familiale des petites industries forestières dans la plupart des pays à l'exception de l'Egypte. En d'autres termes, le revenu réalisé en une heure par la main-d'œuvre familiale engagée dans des activités de petites industries forestières dépasse d'environ 50 pour cent le taux de salaire horaire courant en agriculture. Travailler dans sa propre entreprise forestière s'avère dès lors plus rémunératif qu'un emploi salarié tant dans le sous-secteur des petites industries forestières qu'en agriculture.

Comparons le revenu horaire de la main-d'œuvre familiale des petites industries forestières avec le revenu correspondant réalisé dans des activités agricoles. Seules la Thaïlande et la Sierra Leone avaient fait l'objet d'une étude portant à la fois sur les activités agricoles et non agricoles et permettant d'observer des familles effectivement engagées dans ces deux activités. Là aussi on ne peut isoler le revenu dégagé des activités se rapportant spécifiquement à la forêt de celui d'autres activités de petites entreprises de transformation. En Thaïlande, ces activités occupaient jusqu'à environ un tiers des heures totales de travail et procuraient par heure de travail familial des revenus dépassant d'environ 20 pour cent ceux des activités agricoles. En comparant les activités agricoles et non agricoles au Nigeria, Matlon et al (1979) soulignent que "... les revenus tendaient à être plus élevés dans les entreprises non agricoles que dans les exploitations agricoles". Ils attribuent ce revenu horaire plus élevé réalisé par les petites entreprises à un investissement initial supérieur. Ainsi, non seulement les petites entreprises sont plus rentables que les exploitations agricoles, mais encore les familles rurales réalisent davantage de gains par heure d'activité dans les petites entreprises de transformation que dans les travaux ruraux. Etant donné la présence d'autres importants factuers économiques et non économiques, il ne s'ensuit pas nécessairement que les familles rurales devraient focaliser leurs attention sur les activités non agricoles aux dépens des travaux champêtres.

Viabilité ou croissance sectorielles des activités des petites Industries forestières

L'intérêt porte ici, clairement, sur la viabilité sectorielle dans chaque pays et non sur la rentabilité relative (et partant la viabilité) d'entreprises individuelles caractérisées par des paramètres spécifiques liés à la taille, au marché, à la technologie et à la gestion. On peut analyser la croissance absolue dans le sous-secteur des petites industries forestières d'au moins deux points de vue fondamentaux: la croissance moyenne dans des entreprises individuelles calculée en évaluant les changements survenus avec le temps dans les ventes, l'emploi ou l'investissement, ou encore la croissance en termes de nombre et de composition des entreprises et de l'ensemble de leur emploi, que leur revenu ou investissement augmente ou non. Il faudrait recourir à l'étude des données de séries chronologiques pour effectuer une évaluation dans le temps, notamment pour une approche initiale. Ces données étant rarement disponibles, de nombreuses enquêtes par pays se sont concentrées sur la description de la situation statique à certains moments spécifiques de la vie de l'entreprise.

Le fait que le revenu horaire familial des petites industries forestières est plus élevé que le salaire horaire courant signifie-t-il qu'il existe un grand nombre d'entrepreneurs prêts à ouvrir leur propre "petit" atelier? Ou encore, le fait que le taux de rentabilité de l'investissement des petites industries forestières varie entre 28 pour cent en Egypte et 54 pour cent au Bangladesh (cf. Tableau 9) implique-t-il qu'il devrait y avoir une ruée de fonds en direction du sous-secteur? Ces attentes sont toutes deux dénuées de réalisme ainsi que le démontrent tant l'expérience que l'analyse des caractéristiques des petites entreprises. Le manque de capital d'investissement, qu'il soit initial ou aux fins de l'exploitation, constitue normalement un problème grave pour de nombreux petits producteurs et pourrait empêcher maints propriétaires potentiels de pénétrer le sous-secteur. Analysant ce même problème en Sierra Leone et au Nigeria, Matlon et al (1979) écrivent: "Les coûts de démarrage associés aux techniques ayant le plus fort coefficient de main-d'œuvre et le plus faible niveau de production étaient encore considérables comparés aux revenus et à la capacité d'investissement de ces ménages". Ils ajoutent: "Enfin, les informations sur la Sierra Leone indiquaient en outre que le manque de capital représentait le principal obstacle à la participation des ménages à faible revenu à des activités non agricoles hautement rentables".

Pour ce qui est de la disponibilité de fonds d'investissement extérieurs il faudra mettre l'accent sur deux points. En premier lieur, les crédits institutionnels sont pratiquement inaccessibles aux petits producteurs à cause d'un certain nombre de facteurs;2/ en deuxième lieu, des taux de rentabilité élevés peuvent en fait être imputables soit aux investissements particulièrement faibles sur lesquels sont calculés ces taux, soit à la manière dont est organisée et gérée la petite industrie, à savoir au rapport organiquement indissoluble qui unit les avoirs du propriétaire, du ménage et de la famille. En outre, étant donné que le revenu absolu dégagé par ces entreprises est relativement faible, rares seront les personnes ayant des moyens qui seront disposées à investir leur argent et à s'engager personnellement dans une activité à l'échelon typique des petites entreprises rurales. Ainsi, les aspects susceptibles de séduire un investisseur potentiel pourraient s'avérer moins attrayants qu'il ne semblerait à première vue.

2/ Pour une analyse plus approfondie des aspects financiers, consulter l'article de Brunton. (Dans cette publication).

Dans cette même optique, la question de savoir si des taux de rentabilité aussi élevés encouragent les propriétaires existants à investir davantage et à étendre leurs activités sera examinée par rapport à la disponibilité générale de fonds, qui est analysée dans la section portant sur les problèmes et les contraintes aux quels se heurtent les petites industries forestières.

Enfin, plusieurs des études entreprises suggèrent que le nombre d'unités dans le groupe des petites industries forestières a augmenté ou, du moins, n'a pas diminué au cours des dernières années. La croissance relevée est en grande partie fondée sur l'évaluation personelle formulée par le propriétaire lui-même sur l'environnement où opère l'entreprise. L'intuition qu'a l'entrepreneur des tendances à la croissance de certaines entreprises des alentours, les changements survenus dans son propre rendement ainsi que sa perception de la demande globale du marché sont autant de facteurs qui conditionnent cette évaluation. Selon cette approche subjective, le nombre d'entreprises montre une tendance constante à l'accroissement ou à l'expansion. Toutefois, le système adopté par l'enquête ne ' peut tenir compte du taux de mortalité des entreprises puisque seuls les entrepreneurs des unités survivantes ont pu être interrogés.

Tableau 8: Différences entre le capital social moyen et le rendement annuel des petites industries forestières au Honduras et en Jamaïque en fonction de leur taille et de leur emplacement

Type ou catégorie d'entreprise

Honduras

Jamaïque

Capital

Rendement

Valeur

Capital

Rendement

Valeur

Taille de la main-d'œuvre


- 5 ou moins

844

2 058

1 515

2 675

10 844

6 239


- 6 ou plus

6 232

15 692

7 714

11 033

25 171

22 517

Toutes les tailles

1 055

2 536

1 776

3 513

12 352

7 952

Emplacement


- Rural

393

1 156

867

3 152

8 190

4 564


- Urbain

2 278

5 164

3 234

3 719

22 567

16 564


Sources: Données de l'enquête.

Notes:

1/ "Taille de la main-d'œuvre" désigne le nombre total de personnes travaillant dans l'entreprise (y compris le propriétaire, les membres de sa famille, les apprentis et les ouvriers salariés).
2/ Toutes les valeurs monétaires sont indiquées en $ E.U. au taux de change de 1 $ E.U. = 1,78 dollar jamaïcain (1979) ou 2.00 lempira honduriennes (1980).
3/ Les chiffres portant sur les immobilisations et les outils sont fondés sur leur valeur marchande présente et non sur les prix d'achat initiaux ou ceux portés sur les livres comptables.
4/ Les données concernant la Jamaïque ne sont pas ajustés en fonction de la stratification comme dans les autres rapports.

On a tenté d'avoir recours à des approches structurées et objectives pour calculer les variations dans le nombre des entreprises et de leur emploi. En Sierra Leone (Chuta et al. 1981), la phase de recensement de l'enquête mentionnée à la Section 1 a été répétée six ans plus tard dans les agglomérations dont la population dépassait 2 000 personnes afin d'observer ces variations. Cette deuxième enquête a montré que l'emploi pour l'ensemble des petites entreprises rurales révélait un taux annuel de croissance de 3,2 pour cent. En Jamaïque, le nombre d'entreprises avait crû à un taux annuel de 2 pour cent en 1979/80 malgré la grave récession économique que traversait le pays. Au Bangladesh il est estimé que les petites entreprises industrielles se multiplient à un taux annuel de 4,7 pour cent. Pour la Jamaïque et la Zambie, les taux d'accroissement annuels estimés pour l'emploi et l'investissement au cours de la vie de l'entreprise sont indiqués ci-dessous:

Taux de croissance annuels

Jamaïque

Zambie

Main-d'œuvre:


Urbaine

9

7


Rurale

2

3

Investissement:


Urbain

4

30


Rural

20

12


Il paraît certain toutefois que dans maints pays en développement le nombre de petites entreprises croît tant en période d'essor économique national qu'en période de récession, cette dernière étant associée à un rétrécissement du revenu général de l'entreprise. En période d'essor économique, le pouvoir d'achat croissant des consommateurs représente un attrait pour les nouveaux entrepreneurs, et durant la période de récession, le secteur des petites entreprises devient le dernier recours de ceux qui ont perdu leur emploi, notamment dans la grande industrie, ainsi qu'il advint par exemple en Jamaïque (Fisseha, 1982). En servant également de refuge aux chômeurs et aux individus déplacés, ce secteur permet en quelque sorte de désamorcer les perturbations et les soulèvements sociaux qui accompagnent normalement les récessions économiques. Il faut toutefois souligner que l'accroissement du nombre des entreprises eh temps de crise économique s'applique avant tout aux très petites unités qui n'exigent pas d'investissement important.

Enfin, les petites industries forestières présentent une caractéristique très particulière; en effet, si leur approvisionnement en matières premières devait diminuer brusquement, elles se trouveraient confrontées à de très grosses difficultés car rares sont les petites entreprises qui peuvent se permettre l'achat de produits de substitution importés. Cette situation aurait un effet désastreux tant sur leur nombre que sur leur emploi. La section qui suit examine jusqu'à quel point la pénurie de matières premières, entre autres choses, a constitué un problème.

Principaux problèmes et contraintes auxquels se heurtent les petites entreprises forestières

Dans cette section seront examinés brièvement les problèmes inhérents aux matières premières, au financement et à la demande/marché des produits des petites entreprises forestières. Ces trois problèmes ont été mis en évidence car ce sont ceux dont se plaignent le plus souvent les producteurs des petites industries forestières. Le Tableau 10 cite par ordre d'importance ces trois problèmes que les producteurs des petites industries forestières considèrent comme les plus graves.

Problèmes liés à la matière première

Les matières premières sont l'objet d'une préoccupation croissante de la part des producteurs des petites industries forestières car, dans beaucoup de régions, leur disponibilité est en voie de diminution. Dans maints pays en développement, la pénurie de matières premières, notamment de bois, est le principal obstacle à la croissance ou même à la subsistance de l'industrie artisanale.

Lorsque la carence de matières premières est principalement due à une disponibilité décroissante des ressources naturelles locales (joncs, roseaux, bambous, rotin, bois, etc.) on ne peut guère intervenir à court terme pour augmenter ces ressources, surtout en ce qui concerne le bambou, le rotin et le bois; ce qu'on peut faire en revanche c'est rendre plus productive l'utilisation des matières premières disponibles. Toutefois, hormis des questions de dotation naturelle de ces ressources, il en existe d'autres, tout aussi importantes peut-être, qui pourraient constituer un obstacle à l'approvisionnement.

Tableau 9: Principaux apports économiques des petites entreprises forestières

Apports

Jamaïque

Honduras

Zambie

Egypte

Sierra Leone

Bangladesh

Emploi total (milliers)

10.2

-

137.4

-

18.0

-

Nombre d'ouvriers stagiaires

1 663

-

4 647

-

-

-

Part des petites industries forestières dans l'ensemble des petites entreprises de transformation







- valeur ajoutée (%)

47

16

-

18

23

18

- valeur de la production (%)

49

14

-

19

27

-

Revenu net de la main-d'œuvre familiale ($ E.U.)

2 494

1 221

-

495

371

308

Salaire courant en pourcentage du revenu horaire de la main-d'œuvre familiale dans les petites industries forestières

61

64

-

85

63

62

Taux de rentabilité de l'investissement dans les petites industries forestières (%)

33.0

41.7

-

27.5

32.2

54.2


Sources: cf. Tableau 2

Notes:

1/ Les montants (en $ E.U.) et le nombre de stagiaires sont calculés sur une base annuelle.
2/ Le revenu horaire de la main-d'œuvre familiale des petites industries forestières est calculé avant déduction du coût de substitution.

Tableau 10: Classification par ordre d'importance des principaux problèmes relevés par les entrepreneurs des FB-SSI

Domaine

Classification du problème

Jamaïque

Honduras

Zambie

Egypte

Sierra Leone

Bangladesh

Financement

1

(1)

3

-

1

(1)

Matière première

2

(3)

2

1

2

(2)

Demande/marché

3

-

4

2

3

(7)

Autres

-

(2)

1

3

-

(3)


Sources: cf. Tableau 2.

Notes:

1/ "1" signifie que le problème a été classé comme ayant une "importance prioritaire".
2/ Les numéros entre parenthèses indiquent que la classification concerne le groupe entier des SSI et non pas les seules FB-SSI.
3/ Les "autres" problèmes ne sont indiqués que lorsqu'ils se rangent parmi les trois catégories principales.

Certains de ces problèmes sont dus aux systèmes de distribution ou de prix et à l'efficacité des services forestiers chargés de contrôler l'exploitation et la conservation de ces ressources. En Thaïlande et aux Philippines, les pénuries de teck et de rotin ont été attribuées aux mesurer restrictives imposées par les services administratifs, encore que les systèmes anarchiques d'exploitation de ces matières premières contribuaient également au problème. En Jamaïque, les contraintes relatives aux matières premières avaient pour origine le manque de devises qui empêchait l'importation de bois d'oeuvre et d'autres matériels tels que les produits de finition. Encore en ce qui concerne le bois en Jamaïque, mais aussi le rotin aux Philippines, le manque de compétence et la méconnaissance des procédés de transformation de ces matières premières contribuaient également à leur gaspillage et, partant, à leur pénurie.

La deuxième source de problèmes associés aux matières premières est constituée par le système de commercialisation. En raison de moyens de transports inadéquats ou de systèmes monopolistiques de distribution, les ressources viennent à manquer ou sont inaccessibles. Dans d'autres cas leurs prix sont trop élevés ou instables. Tels étaient, dans une certaine mesure, les problèmes qui affectaient le Bangladesh et l'Egypte.

Bien que les prix des produits aient haussé tout aussi rapidement sinon plus, les taux d'accroissement annuels des prix des matières premières fondamentales pour les petites industries forestières se situaient à 27 pour cent pour la Jamaïque (contre 31 pour cent pour les produits principaux), 18 pour cent pour la Zambie (contre 15 pour cent pour les produits) et 20 pour cent pour le Bangladesh (contre 20 pour cent pour les produits). Etant donné que la matière première ne représente que de 10 à 15 pour cent de la valeur du produit fini, les augmentations de prix susmentionnées n'étaient pas à proprement parler insupportables mais auraient provoqué de gros problèmes de capital d'exploitation. Là où les prix subissent de fortes fluctuations, il devient pratiquement impossible de planifier à l'avance.

Les petits producteurs pourront probablement mieux se débrouiller (en remplaçant les matériaux qui font défaut par d'autres plus économiques) que leurs parternaires plus importants. Cependant, les petites entreprises se trouveront toujours défavorisées pour ce qui est des prix de gros, des importations exemptées de droits de douane et de l'octroi de crédits. En fait, le manque de capital d'exploitation les empêche tant de se soustraire aux effets de la hausse des prix des matières premières que d'acheter des stocks lorsque les prix sont modérés par exemple durant les périodes d'abondance).

La proportion varie d'un pays à l'autre et d'un type d'entreprise à un autre, mais les matières premières représentent en général de 15 à 25 pour cent de la valeur brute de la production. Le Tableau 11 donne le rapport matière première-rendement pour des entreprises de tailles et d'emplacements différents en Jamaïque et au Honduras. Ce tableau semble indiquer que les grosses entreprises urbaines tendent à avoir un rapport matière première-rendement plus élevé. Il n'apparaît pas clairement dans le tableau si les grosses entreprises, situées le plus souvent en milieu urbain, ont un rapport plus élevé parce qu'elles emploient des matières premières plus coûteuses (précieuses ou importées) ou parce qu'elles ne les utilisent pas de manière rentable. En revanche, quelques petites industries rurales forestières produisent leurs propres matières premières lesquelles ne coûtent souvent que les heures de travail qui ont servi à les produire. Il en résulte que leur rapport matière première-rendement sera inférieur à celui des grosses entreprises urbaines. Le vraie raison pourrait être recherchée dans la combinaison de ces deux hypothèses.

Si l'on n'examine que les opérations employant un seul individu, les zones urbaines tendent à avoir un rapport supérieur aux zones rurales (0,20 contre 0,14 au Honduras et 0,33 contre 0,13 en Jamaïque). Lorsque l'effet de l'emplacement diminue, par exemple pour les zones qui ne sont ni entièrement urbaines ni entièrement rurales, le rapport élevé caractérisant les grosses entreprises persiste encore au Honduras mais est moins constant en Jamaïque.

Problèmes liés au financement

Il ressort du Tableau 10 que le financement représente le problème majeur des producteurs. Les problèmes financiers peuvent se subdiviser en deux groupes: l'investissement (initial ou d'expansion) et le capital d'exploitation. Les aspects concernant l'investissement portent sur la disponibilité de fonds permettant d'implanter une entreprise d'une taille optimale ou d'adopter la technique de production disponible. Les problèmes inhérents au capital d'exploitation concernent l'obtention des fonds nécessaires pour couvrir les dépenses périodiques (y compris l'achat de modestes stocks de matériel et de produits) en temps voulu. Jusqu'à récemment, l'examen des problèmes financiers propres aux petites entreprises de transformation se limitait à ceux relatifs à l'investissement. Aujourd'hui on tend de plus en plus à croire que les besoins en capital d'exploitation des petits entrepreneurs sont tout aussi pressants sinon plus que ceux d'investissement. Ainsi, environ 90 pour cent des problèmes financiers de la Jamaïque étaient dus à des pénuries de capital d'exploitation. Au Honduras, environ deux tiers des propriétaires qui obtenaient des crédits l'utilisaient pour satisfaire leurs besoins en capital d'exploitation (Kelley et Coronado, 1979).

L'investissement initial moyen varie entre $ E.U. 50 en Zambie et $ E.U. 450 en Jamaïque. Près de trois quarts de ces fonds proviennent d'épargnes personnelles ou de dons reçus de parents et amis (Tableau 12). Les prêts dont la plupart sont également accordés par des parents et amis représentent moins de 10 pour cent.

Plus de 80 pour cent du capital d'expansion provient aussi d'économies personnelles et de bénéfices réinvestis. L'examen d'environ 1 000 petites entreprises agricoles et non agricoles choisies au hasard a montré que moins de un pour cent avait reçu des crédits d'une institution financière formelle (Matlon et al, 1979).

Il est beaucoup plus difficile d'obtenir des crédits pour constituer un capital d'exploitation, en dépit du fait que l'entreprise pourrait en avoir un besoin urgent en raison de la hausse des prix des facteurs de production, d'une demande déprimée, du caractère saisonnier de la production et de ventes à crédit non compensées par des achats d'intrants à crédit. Les banques commerciales sont réticentes à octroyer des prêts aux très petites entreprises. Leurs taux d'intérêt et les biens de garantie qu'elles exigent sont extrêmement élevés et ce, pour les protéger contre les risques et les coûts qu'attribuent aux opérations de crédit en faveur des petits entrepreneurs. Et lorsque ce crédit est enfin octroyé, le temps qu'il faut pour accomplir les démarches et, parfois, le mode de versement des fonds peuvent être tous deux extrêmement longs. Ainsi, les biens de garantie au Bangladesh et en Jamaïque représentaient respectivement 300 et 400 pour cent du montant prêté par les institutions formelles. En revanche, les crédits obtenus par des voies informelles, encore qu'ils soient plus coûteux en termes d'intérêt, s'obtiennent plus aisément et ne requièrent pas forcément des biens de garantie d'une valeur exhorbitante.

Malheureusement, la question des besoins financiers des petits producteurs et de la manière de les satisfaire est fortement sujette à controverse et bien souvent s'égare dans les méandres de discussions politiques fort éloignées de la réalité. On a parfois tendance à minimiser l'importance des contraintes financières affectant les petits producteurs, et à désapprouver la concession de prêts à des taux privilégies et l'octroi de services leur permettant de profiter du marché financier commercial. D'un autre côté, il serait déraisonnable d'attribuer tous les problèmes à des contraintes financières et, partant, de préconiser l'octroi de crédits facilités à tous les petits producteurs quels qu'ils soient. Compte tenu des conditions économiques générales, du type d'entreprise en jeu et du moment du cycle de production, on ne peut exclure que puisse se manifester une situation de besoin financier réel. De même, compte tenue des facteurs qui empêchent les petits producteurs d'accéder au marché financier privé (formel ou non), il pourrait y avoir de bons motifs pour que les institutions publiques interviennent et facilitent les transactions.

Tableau 11: Rapports matière première-rendement pour des entreprises de taille et d'emplacement différents. (Exemples pris au Honduras et en Jamaïque).

Taille de l'entreprise

Rapport entre la valeur des matières premières et celle de la production

(Nombre d'ouvriers par unité)

Zones rurales

Zones semi-rurales

Zones semi-urbaines

Zones urbaines

Ensemble des zones

Honduras

1

.14

.17

.20

-

.18

2-5

.14

.16

.20

-

.19

Plus de 5

-

.26

.42

-

.38

Toutes les tailles

.14

.20

.27

-

.26

Jamaïque

1

.13

.16

-

.33

.16

2-5

.13

.12

.19

.26

.19

Plus de 5

-

.13

.29

-

.24

Toutes les tailles

.13

.14

.23

.27

.20


Sources: Données tirées d'une enquête menée en Jamaïque (1978/80) et au Honduras (1980).

Notes:

1/ "Rural" désigne des villages ou hameux de 2 000 habitants ou moins.
2/ "Semi-rural" désigne des agglomérations de moins de 20 000 habitants situées normalement en milieu rural.
3/ "Semi-urbain" désigne des centres de 20 000 habitants ou plus. Selon cette définition il n'y avait pas de centres semi-urbains au Honduras au moment de l'enquête mais seules des agglomérations rurales et semi-rurales.
4/ "Urbain" dans ce tableau indique la capitale Kingston.
Les opérations des petites entreprises urbaines étant à plus fort coefficient de capital que leurs contreparties rurales, il en résulte que la productivité de leur main-d'œuvre est majeure. Au Honduras, par exemple, le coefficient d'intensité capitalistique (heures) pour les entreprises rurales est égal à 0,05 contre 0,16 pour celui des zones urbaines; la productivité correspondante de la main-d'œuvre (rapport rendement-main-d'œuvre) est respectivement 0,97 et 1,67. En Jamaïque, la productivité du capital pour les entreprises rurales était quatre fois plus élevée que pour les entreprises urbaines.

Problèmes liés à la demande ou au marché

Les producteurs des petites entreprises forestières visent avant tout à satisfaire les besoins de consommateurs ruraux urbains à revenu plutôt faible. La question qui se pose souvent est de savoir si, à mesure que croît le revenu des consommateurs, la demande des produits des petites industries forestières diminue, en d'autres termes s'ils représentent des biens de qualité inférieure. Les rares études menées à cet égard suggèrent qu'il n'en est rien: ainsi, en Sierra Leone l'élasticité de la demande par rapport au revenu relevée durant l'enquête s'élevait à 0,88 ce qui montre que pour chaque augmentation de 10 pour cent du revenu la consommation des produits des petites industries forestières augmenterait de 8,8 pour cent.

Il semblerait que l'application de stratégies encourageant la redistribution des revenus entraînerait en même temps une consommation accrue des produits des petites entreprises et par là même un emploi majeur. De toute évidence on devra examiner un certain nombre de facteurs connexes avant de confirmer ce résultat.

La question du marché et des stratégies de commercialisation appliquées par les producteurs des petites industries forestières est un domaine qui, comme la gestion, appelle probablement une analyse plus approfondie. Les producteurs des petites industries forestières ne s'engagent que rarement dans des activités promotionnelles dans le sens moderne et formel de publicité. Il existe néanmoins un certain nombre de moyens, quelque informels qu'ils soient, qu'utilisent les producteurs pour chercher de lancer leurs produits auprès de clients existants ou potentiels. En Jamaïque une promotion plus poussée des produits aurait porté à une augmentation de la rentabilité.

Des paquets de charbon de bois prêts pour la vente au marché

Les liaisons en amont des produits des petites entreprises forestières avec de gros producteurs par le biais de ventes sur le marché libre ou d'accords de sous-traitance n'ont en réalité guère de consistance. Les rares contrats de sous-traitance existants semblent avoir été passés au sein même du sous-secteur de la petite entreprise entre les plus gros et les plus petits producteurs. Il existe cependant des exceptions, notamment dans certains pays asiatiques.

Un autre débouché important pour les producteurs des petites industries forestières est l'exportation, soit directement soit indirectement par la vente de produits aux touristes ou aux commerçants qui servent ces derniers. En Jamaïque et au Bangladesh, il a été estimé qu'environ 10 pour cent de la valeur totale de la production des petites industries forestières finissent par être exportés. En Thaïlande, on a calculé que 6,5 pour cent de la valeur du mobilier et des accessoires fabriqués par les grandes petites entreprises de transformation sont exportés (cf. Boomgard, 1983).

Tableau 12: Sources d'investissement initial et de capital d'expansion pour les petites entreprises de transformation


Haïti

Bangladesh

Sierra Leone

Sources d'investissement initial (%)

Epargnes personnelles et dons

72

73

76

Crédits

12

4

6

Autres sources

16

23

18

Investissement initial total

100

100

100

Sources de capital d'expansion (%)

Epargnes personnelles et bénéfices réinvestis

81

89

88

Crédits (provenant de toutes les sources)

19

11

8

Autres sources

0

0

4

Total

100

100

100


Source: FAO, 1985

Ramassage de bois par une coopérative villageoise

Les contraintes portant sur les aptitudes des entrepreneurs à la gestion

Le niveau des aptitudes à la gestion d'un entrepreneur est un facteur capital tant pour la viabilité d'une industrie que pour la réussite des interventions extérieures. L'un des traits distinctifs des propriétaires de petites entreprises de transformation est qu'ils sont à la fois investisseurs et gérants. Aucun d'eux n'a les moyens d'engager un digeant compétent de l'extérieur. Toutefois, cette situation n'est pas entièrement dépourvue d'avantages. En effet, le taux élevé de rentabilité de l'investissement des petites entreprises de transformation observé plus haut semble découler précisément du fait que l'entrepreneur ou le propriétaire planifie et gère sa propre entreprise. C'est dans ce rapport que l'on reconnaît le mérite des petites entreprises.

Beaucoup tendent à croire qu'à mesure que se développe une entreprise la gestion pourrait constituer un élément restrictif. La faiblesse de la gestion, même en l'absence de croissance, est une question qui mérite elle aussi d'être approfondie car dans certains cas cette faiblesse a représenté un problème grave. En Jamaïque environ 20 pour cent des propriétaires interrogés n'ont pas su identifier un seul élément fondamental de coût dans leur entreprise. Près de 17 pour cent ont été incapables d'identifier trois éléments de coût ou davantage. De semblables défaillances porteront inévitablement à une diminution des gains de l'entreprise et, par la suite, à sa fermeture même. On pourrait résoudre ce type de problème avec de l'expérience et peut-être une formation à des pratiques améliorées. Le Tableau 13 met en relief certaines caractéristiques des producteurs de petites industries forestières qui pourraient influencer leur efficacité. Des pratiques encore plus résolutives telles que la récolte d'informations, des techniques de production améliorées et des stratégies de commercialisation n'y figurent pas. Elles pourraient néanmoins faire l'objet d'interventions dont le succès dépendra du type de caractéristiques indiquées au Tableau 13.

L'âge du propriétaire associé à celui de l'entreprise pourrait donner des indications sur la durée ou l'étendue de l'expérience dans un certain type d'industrie. Avoir été formé comme apprenti pourrait également préparer une personne à affronter différents aspects d'une entreprise.

La tenue des livres est à un niveau très faible dans tous les pays examinés sauf la Sierra Leone. Cependant le rôle que joue la comptabilité dans l'augmentation de la rentabilité n'est pas toujours étayé de preuves empiriques. Il existe probablement un chiffre d'affaire où la comptabilité est absolument indispensable au succès d'une opération. En revanche, dans beaucoup de cas la tenue des livres coûte cher, à tel point qu'il pourrait ne pas convenir à tous les producteurs de petites industries forestières de tenir une comptabilité détaillée.

Les données du Tableau 13 pourraient fournir quelques indications sur le niveau des capacités de gestion mais elles n'offrent aucune information sur les chances de succès d'entreprises individuelles. Ces informations pourraient cependant être aisément déduites d'analyses d'entreprises performantes et d'un examen détaillé des expériences passées de chaque entrepreneur dans l'environnement économique (de marché) et politique du moment. Cependant, étant donné que l'existence de données portant sur les facteurs de production et le rendement au cours d'un cycle de production représente l'exception plutôt que la règle pour les petites entreprises, il est pratiquement impossible de faire des analyses comparatives financières ou commerciales complètes, à moins naturellement de disposer de suffisamment de temps pour recueillir les données nécessaires pour les entreprendre.

En outre, si l'on veut accorder suffisamment d'attention à d'autres activités connexes, qui exigent également le temps et l'argent du propriétaire, la période de temps qu'il faudra consacrer à la collecte des données risque d'être longue; dès lors, des analyses quantitatives sur le rendement de l'entreprise aux fins de planifier des interventions finissent inévitablement par se limiter aux grosses entreprises urbaines qui tiennent une comptabilité, et par négliger les petites unités qui représentent tout de même la part du lion dans le sous-secteur des petites entreprises de transformation.

Selon l'objectif poursuivi, on pourrait peut-être se passer d'informations complètes ou ne pas dépendre exclusivement d'évaluations quantitatives. Avec une bonne connaissance générale de certaines activités et groupes industriels on pourrait recueillir assez rapidement des informations pouvant fournir des indications ou des données comparatives approximatives sur certaines variables. Ainsi, les coûts d'approvisionnement en matières premières pourraient indiquer des différences de qualité de la gestion.

Toute estimation quantitative disponible devra être complétée par des évaluations semi-quantitatives et personnelles. En fait, des enquêtes sur la viabilité économique de l'entreprise qui portent sur des variables non quantifiables, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de celle-ci, seront tout aussi importantes.

Tableau 13: Aspects de la gestion de producteurs ou propriétaires de petites industries forestières

Caractéristiques des producteurs ou propriétaires

Jamaïque

Honduras

Zambie

Egypte

Sierra Leone

Bangladesh

Pourcentage d'heures de travail consacrées à l'entreprise

64

53

-

(84)

(34)

-

Age moyen

40

41

38

49

-

-

Ont établi leur propre entreprise (%)

98

99

(78)

49

-

42

Taux d'alphabétisation (%)

97

74

58

-

33

59

Années de formation

6

-

-

1

-

-

Embauchent des apprentis (%)

78

52

(63)

28

(90)

25

Tiennent une comptabilité (%)

7

9

9

-

21

4


Sources: FAO, 1985; Fisseha, 1982.

Notes:

1/ Les chiffres entre parenthèses se rapportent à toutes les petites entreprises.
2/ "Ont établi leur propre entreprise" indique le pourcentage de propriétaires qui ont implanté leur entreprise en partant de zéro:
3/ "Tiennent une comptabilité" désigne les propriétaires qui tiennent des registres encore qu'incomplets.

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