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Avant-propos

Il est reconnu que la participation des populations rurales au processus de développement est d'une importance cruciale. Il apparaît nettement que les approches, les méthodes et les outils qui servent à travailler avec les populations rurales à l'aménagement des ressources des arbres et des forêts doivent encore être renforcés et affinés. Ce document expose les concepts, les approches et les techniques qui doivent faire partie intégrante d'une véritable stratégie de développement participatif.

Le programme “Arbres, forêts et communautés rurales” (FTP), coordonné à la FAO par l'Unité de foresterie communautaire, a pour vocation d'appuyer ce type d'effort de développement. C'est de ce programme que provient la majeure partie du financement de la présente étude. Le programme FTP encourage les projets à adopter la démarche suivante: interroger les membres de la communauté sur les activités qu'ils souhaitent développer, pourquoi et comment, identifier de manière participative les objectifs communs et les objectifs contradictoires, définir la marche à suivre, et élaborer un ensemble d'indicateurs spécifiques qui permettront de mesurer l'avancement et la réussite du projet.

Ce document de réflexion sur le diagnostic, le suivi et l'évaluation participatifs a été inspiré par une étude de la bibliographie, qui a fait apparaître que rares sont les publications de caractère pragmatique qui non seulement expliquent ce qu'est la participation mais indiquent en outre à l'agent de terrain comment connaître les populations rurales, travailler avec elles, et faire fructifier leur enthousiasme spontané. Ce document a été élaboré par D'Arcy Davis-Case, forestier spécialiste de la participation populaire.

Une partie des données de fond et des concepts théoriques contenus dans cette publication provient de travaux effectués en collaboration par CARE, la Fondation Ford et six projets réalisés par des ONG en Afrique. Des études spécifiques ont été réalisées pour analyser la collecte et la diffusion des informations. Cette collaboration se poursuit pour tester de nouveaux outils et de nouvelles approches du développement participatif. L'auteur a par la suite préparé un manuel de terrain dans lequel l'approche présentée dans ce document se trouve traduite en termes pratiques, propres à être utilisés par le personnel de terrain et par les responsables des communautés.

La FAO apprécierait vivement de recevoir les réactions, observations et récits d'expériences vécues que les lecteurs pourraient souhaiter lui communiquer.

Prière d'adresser les observations à: Marilyn Hoskins, Fonctionnaire forestier principal (Foresterie communautaire). Bureau F913, Division des politiques et de la planification forestières, Département des forêts, FAO, Via delle Terme di Caracalla, 00100 Rome (Italie).

Définitions

1. ACTEURS INTERNES, INTERVENANTS EXTERIEURS

Les termes “acteurs internes” et “intervenants extérieurs” sont utilisés pour désigner les principaux acteurs du processus de développement. Les acteurs internes sont ceux qui font partie de la communauté, sont au fait des informations internes et se placent dans la perspective communautaire. Les intervenants extérieurs sont ceux qui pénètrent de temps à autre dans le cercle communautaire sans pour autant en faire partie, quoique, mandatés pour le faire, ils peuvent le cas échéant représenter les intérêts de la communauté. Les intervenants extérieurs ont souvent un rôle important vis-à-vis des intérêts des acteurs internes, car ils ont accès aux informations et aux autorités, et peuvent agir comme médiateurs dans les conflits intra-communautaires.

2. COMMUNAUTE ET BENEFICIAIRES

Les termes “communauté”, “groupe communautaire” et “population locale” désignent toutes les personnes qui vivent dans une aire spécifiée. Dans le présent document, on utilise ces expressions quand les bénéficiaires et les non bénéficiaires de la communauté sont visés.

Dans ce document, les termes “bénéficiaires” et “participants au projet” désignent exclusivement les personnes qui travaillent directement dans le cadre du projet.

3. PARTICIPATION, PARTICIPATIF

“Participation” et “participatif” sont des termes fréquemment utilisés dans le domaine du développement. Ils peuvent prendre de nombreux sens différents. Selon les études, les documents de projet et les manuels, la participation s'interprète diversement:

• • la participation est l'engagement volontaire des gens sur la voie d'un changement auto-déterminé;

• • la participation est l'engagement dans l'auto-développement des gens, de leur vie et de leur environnement;

Les deux points (••) marquent les acceptions qui reflètent au plus près le sens dans lequel il faut entendre la “participation” dans le présent document.

Le développement participatif est une idée pionnière. On peut donc en attendre différentes interprétations. Il est possible qu'aucune définition à la fois précise et globale ne puisse en être donnée avant longtemps, pour autant que cela soit souhaitable.

 Expérience vécue Définitions concurrentes de la participation
L'examen d'un projet féminin de bois de feu au Kenya a permis de constater que deux modes de participation avaient cours dans le projet, la participation-contribution et la participation-transformation. La participation-contribution est celle qui permet d'atteindre certains buts spécifiques, la population locale participant alors au projet des intervenants extérieurs. Dans le cas de la participation-transformation, la participation est une fin en soi, et un moyen d'atteindre un objectif d'ordre supérieur, comme l'auto-assistance ou la durabilité.
Dans ce cas, l'élan pour atteindre les objectifs physiques du projet était d'autant plus fort qu'il était mesurable, et les récompenses de la réussite assurées. Le résultat fut que la participation-transformation et les objectifs d'auto-assistance et de durabilité passèrent au second plan.

Source: Kruks (1983)

4. CONCEPT

Le terme “concept”, ici, renvoie aux idées ou aux bases philosophiques de l'approche “Diagnostic, suivi et évaluation participatifs (DSEP)”, qui est axée sur la communauté ou sur les bénéficiaires. Le projet vient participer à la vie de la communauté plutôt que celle-ci ne participe au projet. Ce concept requiert de la part des intervenants extérieurs un changement total de perception, en les invitant constamment à envisager le monde extérieur au travers du regard de la communauté locale. Les acteurs internes sont eux aussi invités à se dépasser pour considérer le projet comme le leur.

5. METHODES ET OUTILS

Les méthodes du DSEP sont des ensembles distincts de procédures répondant à un objectif particulier de collecte d'informations. Elles se hiérarchisent comme suit:

Diagnostic:• Sélection de la communauté (par les intervenants extérieurs)
• Analyse des problèmes communautaires
• Processus participatif de collecte des données de base
Suivi:• Suivi participatif et évaluation permanente
Evaluation:• Séances d'évaluation participative
Restitution de l'information:• Analyse de l'information et communication des résultats

Les outils du DSEP sont les instruments utilisés pour recueillir des informations. Certains sont propres à des méthodes particulières, tandis que d'autres sont communs à plusieurs. Certains sont analytiques par nature, alors que d'autres permettent de recueillir des données qu'il faudra analyser par la suite.

Un exemple pour illustrer la différence entre méthodes et outils: les explications sur la manière de préparer un trou dans la terre pour planter un arbre sont la méthode; la bêche (ou la houe, la pelle ou le plantoir) dont on se sert est l'outil.


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