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La pénurie de matières premières forestières et le développement des petites entreprises en Inde

par

Deep Joshi
Professional assistance for Development Action (PRADAN)*/
Inde

*/ Assistance professionnelle pour les actions de développement.

Introduction

Créer des occasions de revenu durables pour les plus pauvres est le souci prédominant de la plupart des pays en développement qui s'efforcent de donner une impulsion à leur situation économique et sociale. A mesure que des millions d'individus vont grossir chaque année les rangs des sous-employés et des chômeurs, par suite de la pression démographique et de la marginalisation croissante des exploitations agricoles, la capacité du secteur de l'agriculture d'offrir des moyens additionnels de subsistance décline graduellement. En Inde, par exempte, il est estimé que les cultures agricoles représentent moins de 20 pour cent des 40 millions d'années/hommes standard d'emplois additionnels qui seront créés au cours du septième Plan quinquennal (1985-1990) (GOI, 1985). Encore plus étroite est la marge de possibilités de réaliser de nouvelles occasions de travail qu'offre le secteur industriel organisé. Dès lors c'est dans le secteur non agricole, y compris celui des petites entreprises qu'il faudra chercher les moyens de susciter une augmentation tangible des revenus. En effet, dans de nombreux pays tels que l'Inde, le secteur non agricole renferme le potentiel majeur de nouveaux emplois. Dans celui non agricole des forêts, les petites entreprises de traitement des produits forestiers représentent notamment une source aussi importante qu'inexploitée de revenus.

En général, pour examiner le secteur des petites entreprises les approches traditionnelles commencent par identifier et analyser les contraintes relatives aux liaisons et aux facteurs de production; en vue d'élaborer des politiques et des programmes nationaux appropriés. Ce type d'approche a cependant le défaut d'être trop restrictif car il ne tient pas compte des entrepreneurs existants ou potentiels, à savoir ceux qui gèrent déjà leur usine et pourraient progresser si les contraintes étaient levées, ou ceux qui pourraient démarrer leur activité si ces contraintes étaient plus supportables. Une autre approche pourrait consister à examiner en premier lieu le contexte où les plus pauvres trouvent leurs moyens d'existence et les possibilités dont dispose le secteur des petites entreprises de leur offrir des 'ressources supplémentaires, et en deuxième lieu analyser les contraintes, y compris l'absence d'esprit d'entreprise. La politique et les programmes qui se dégagent de ces deux approches peuvent présenter des différences considérables. En effet, les contraintes liées aux facteurs de production, notamment aux matières premières, peuvent et doivent se transformer en occasions de revenu, ainsi que l'illustrent certains des cas mentionnés dans cet article.

L'approche traditionnelle est particulièrement restrictive à l'égard des problèmes relatifs aux matières premières affectant les petites industries, dont l'activité est fondée sur l'exploitation des ressources renouvelables telles que les forêts, car les contraintes du secteur de l'entreprise représentent souvent des occasions dans celui des ressources. Des politiques d'intégration appropriées peuvent redonner leur dynamisme aux deux secteurs et créer, de ce fait, des moyens de subsistance durables pour les pauvres. La première partie de cet article porte sur les contraintes relatives aux matières premières touchant les petites entreprises de traitement des produits forestiers et les analyse suivant la méthode traditionnelle. La deuxième partie examine la capacité des petites entreprises forestières de dégager des revenus et présente quelques expériences pilotes pour le développement des petites entreprises rurales.

Les informations concernant les petites entreprises et en particulier les petites entreprises forestières sont extrêmement limitées, malgré l'abondance des expériences dans ce secteur, car ces petites industries, notamment celles traditionnelles, représentent une source de revenu aussi ancienne que l'agriculture sédentarisée. Dès lors cet article s'inspire amplement tant des expériences partagées par des personnes travaillant dans ce secteur que de celle de l'auteur lui-même. La limitation dont souffre l'article est due au fait qu'il est fondé entièrement sur l'expérience indienne.

Revenus créés par les petites industries

Les petites entreprises constituent l'une des sources majeures et les plus dynamiques de revenu dans certains pays. En Inde, les petites entreprises rurales se placent au deuxième rang des activités productrices d'emplois après l'agriculture. Entre 1984 et 1985, elles procurèrent du travail à environ 31,5 millions de personnes, ce qui représentait une augmentation de près de 75 pour cent en dix ans (GOI, 1985). Ces chiffres sont probablement en deçà de la réalité car de nombreux revenus provenant d'activités du type entreprise dans le secteur dit informel, et qui comprend la récolte et le troc/commerce de produits forestiers, la transformation, la vente, etc. n'en font pas partie; un grand nombre d'importantes activités de production comme l'élevage des vers à soie en sont également exclues; enfin des occupations, notamment dans le secteur forestier, qui se rangent actuellement dans la catégorie des emplois salariés mais peuvent devenir des entreprises n'y sont pas incluses non plus. Un bon exemple de cette dernière catégorie est l'industrie du bidi (tabac roulé dans une feuille de Diospyros melanoxylon) qui est estimée offrir des emplois à plus de trois millions de personnes par an.1/

1/ GOI, 1982 estime que trois millions de personnes sont employés dans cette industrie qui comprend vraisemblablement le roulage, la commercialisation, etc. outre les 7,5 millions engagés dans la récolte des feuilles durant la bonne saison. On obtient une estimation légèrement inférieure de 2,75 millions d'années/homme si l'on suppose une récolte annuelle de 0,3 millions de tonnes de feuilles, la production de 2 000 bidis par kilogramme de feuilles, 20% de pertes, 700 bidis roulés par personne par jour et une année moyenne de travail de 250 jours. Cette estimation n'inclut pas l'emploi dans la commercialisation.

La classification des petites entreprises rurales est une entreprise assez ardue car les normes existantes sont souvent tout à fait inadéquates et de graves lacunes d'information subsistent. En Inde, par exemple, les petites entreprises rurales sont officiellement classées en deux catégories en fonction de leurs techniques: traditionnelle et moderne. La catégorie traditionnelle englobe toutes les entreprises villageoises, y compris les métiers à tisser à la main et les objets d'artisanat, alors que la catégorie moderne comprend les petites entreprises rurales qui utilisent des techniques plus avancées telles que la manufacture, les métiers à tisser à moteur, les produits chimiques et les appareils électroniques. Les petites entreprises rurales sont également classées du point de vue des politiques d'appui lesquelles, selon les normes en vigueur en Inde, prévoient que les bénéficiaires disposent d'actifs (terres et bâtiments exclus).

Les normes d'emploi interviennent dans une autre classification encore, notamment en ce qui concerne les règlements, car le Factories Act s'applique aux entreprises employant au moins 10 personnes si elles utilisent du matériel mécanisé et 20 personnes ou davantage autrement, et le Shops and Establishments Act concerne les entreprises de plus de cinq personnes. De celles-ci sont exclues les petites entreprises rurales du secteur dit informel qui fournit des revenus à un grand nombre de personnes, tant en zones urbaines qu'en milieu rural, et qui représente incontestablement le secteur le plus dynamique en termes d'emploi. S'il est vrai que toutes les petites entreprises rurales partagent un certain nombre de problèmes semblables, tels que la pénurie de facteurs de production, il n'en demeure pas moins que les contraintes fondamentales diffèrent souvent profondément entre les secteurs traditionnel, moderne et informel. Les contraintes principales pour beaucoup d'entreprises informelles sont constituées par exemple par le manque de protection et d'appui institutionnels et la viabilité économique.

Le secteur moderne des petites entreprises rurales tend à se concentrer dans des zones plus développées et dans les centres urbains ou aux alentours de ceux-ci. Les entreprises du secteur traditionnel ou informel sont, en revanche, plus dispersées et offrent souvent des emplois aux groupes les moins nantis tels que les femmes et les autres couches socialement et économiquement défavorisées de la population tant en zones urbaines qu'en milieu rural.

Les petites entreprises de traitement des produits forestiers

Les petites entreprises de traitement des produits forestiers constituent une importante source de revenus, notamment dans les zones rurales des pays en développement. En Inde, une estimation place l'emploi dans la seule récolte de produits forestiers non ligneux à 1,6 million d'années/homme en 1982 (Gupta, et al, 1982). Quelques-uns de ces produits procurent plus de 10 fois la même quantité d'emplois en aval de la récolte (le roulage des bidis en est un exemple significatif) qu'en amont (Gupta, 1982). Il a été calculé que le traitement en aval crée quatre fois plus d'emplois en moyenne que la récolte. On ne dispose pas de données sur l'emploi pour les petites entreprises de transformation du bois, mais une estimation place le nombre d'unités enregistrées en 1981 à 50 000 et suggère qu'un nombre équivalent n'aurait pas été enregistré (ce qui pourrait s'avérer être une sous-estimation) (Chetty, 1985). Ces chiffres ne comprennent naturellement pas les menuisiers et les artisans individuels. Une autre source de revenu rural tirée de la forêt et dont la plupart des estimations ne tiennent pas compte est celle du ramassage et du commerce (par opposition à l'autoconsommation) du bois de feu.

La consommation urbaine de bois de feu étant estimée représenter en Inde un tiers de tout le bois consommé dans le pays, l'exploitation, le transport et la vente de ce matériau constitue une importante activité forestière et une source de multiples revenus (Alam et al, non daté).

En ce qui concerne l'emploi et la valeur ajoutée, la plupart des petites industries forestières tendent à faire partie des secteurs traditionnel et informel. La collecte et la transformation des produits forestiers non ligneux, par exemple, sont avant tout une entreprise informelle effectuée par le ménage et qui procure des revenus principalement aux groupes socio-économiquement défavorisés tels que les tribus, les femmes et les paysans sans terre. Les activités de beaucoup de ces petites entreprises ayant un caractère saisonnier, à savoir la collecte, la première transformation et le commerce des produits forestiers non ligneux, le nombre de ménages qui sont tributaires de ces entreprises est infiniment plus élevé que les années/homme d'emploi le laisseraient supposer.

Une bonne partie du potentiel des petites entreprises forestières demeure, naturellement, inexploité. Une estimation place le potentiel d'emploi dans la seule récolte de produits forestiers non ligneux en Inde à 4 millions d'années/homme contre 1,6 million estimé pour l'emploi courant (Gupta et al, 1982). Un potentiel d'emploi correspondant existerait dans les activités en aval telles que la transformation, la commercialisation, etc. Il est probable qu'on rencontrerait une situation analogue pour les activités de transformation du bois bien que l'on ne dispose pas d'estimations à cet égard. Bien plus important encore, si l'on considère d'une part la demande potentielle de produits tels que le tasar, les graines oléagineuses, les tannins, les résines, le bambou, le charbon de bois et le bois (y compris celui pour les centres urbains et pour la production d'électricité) et, d'autre part, le faible taux de productivité actuelle des terres classées comme forêts, il ressort que le potentiel à long terme des petites entreprises forestières est susceptible d'être nettement plus élevé que ne le supposent les estimations actuelles les plus optimistes.

Une large part du potentiel des petites entreprises forestières demeure inexploité à cause du manque d'esprit d'entreprise, de l'insuffisance des efforts de développement, y compris les faibles investissements, et des contraintes liées aux facteurs de production, y compris les approvisionnement en matières premières. Ci-après seront examinés les contraintes liées aux matières premières auxquelles se heurtent les petites entreprises forestières.

Les problèmes de matières premières affectant les petites entreprises forestières et leurs causes principales

En examinant les problèmes relatifs aux matières premières nous avons considéré tant celles destinées à être transformées en produits intermédiaires et finis que les produits primaires qui sont récoltés et vendus. On pourrait grouper ces problèmes en trois catégories: disponibilité, qualité et fiabilité des approvisionnements, et prix. Nous les examinerons ici par rapport aux petites entreprises forestières avant d'en analyser les causes sous-jacentes.

a) Disponibilité des matières premières: la pénurie totale, la distance entre les lieux de ramassage et ceux de transformation et la manque d'accès sont les principales contraintes qui pèsent sur la disponibilité des ressources pour les petites entreprises forestières. La plus importante de celles-ci est probablement la pénurie totale, notamment en ce qui concerne les entreprises de transformation du bois et du bambou. Pour d'autres traitant les produits forestiers non ligneux les ressources sont inadéquates ou insuffisantes ce qui compromet gravement leur viabilité, notamment celle d'entreprises vivant de la collecte et de la vente.

On ne dispose pas de données même sommaires concernant les carences de matière première à l'exception de certaines estimations portant sur le bois d'industrie (GOI, 1985). Cependant, l'image qui se dégage de l'état des forêts, des chiffres sur la capacité de transformation d'industries telles que les fabriques d'allumettes, de papier et de contreplaqué, d'études de cas isolés et de la hausse des prix des produits forestiers est celle d'une pénurie fortement généralisée de matières premières forestières (Agarwal et al, 1985). Cette pénurie est tellement prononcée pour le bois et le bambou que les revenus traditionnels eux-mêmes sont désormais menacés. L'éloignement des ressources par rapport au lieu de leur utilisation affecte de manière disproportionnée les petites industries informelles, traditionnelles et rurales en raison du manque de liaisons et de capital et du fait que l'extraction/collecte fait souvent partie de leurs activités. Une étude récente a relevé que le salaire nominal des vanniers avait baissé de 25 pour cent en dix ans à partir du début des années 70 car ils ne trouvaient plus de bambou sur place (Bhatt, 1981 dans Gadgil et al, 1983).

Les petites entreprises peuvent fournir des matières premières aux grosses industries

Les problèmes d'accès naissent de la pression exercée par les besoins de la conservation, comme par exemple dans le cas du charbon de bois, d'un système de distribution déficitaire qui n'atteint pas les petits producteurs, et des méthodes d'aménagement appliquées par les services forestiers, en ce qui concerne par exemple les ventes aux enchères. Le manque d'accès aux ressources se traduit essentiellement par l'incapacité de l'entreprise de se procurer les matières premières disponibles localement.

b) Qualité et fiabilité des approvisionnements. Dans une situation où sévissent des pénuries étendues et où de fortes distances séparent les lieux de production de ceux de consommation, ce sont la qualité et la disponibilité en temps voulu des matières premières qui seront naturellement les premières à souffrir. Le bois et le bambou sont particulièrement sensibles à ces contraintes car tous deux sont des matériaux rares soumis à des demandes concurrentielles et de longues chaînes d'approvisionnement. Les petites entreprises rurales se situent normalement à l'extrémité de cette chaîne et ne reçoivent par conséquent que des matériaux résiduels et de qualité médiocre. Le bambou, par exemple, se dessèche s'il n'est pas utilisé dès sa récolte ce qui le rend difficile à travailler par les vanniers et les autres artisans. Dé nombreux produits forestiers non ligneux sont affectés par ces problèmes qui influencent à leur tour la production et la qualité.

c) Prix: Les prix des matières premières forestières, notamment ceux dû bois et du bambou, ont subi des augmentations considérables dans le monde entier. En Inde, tes prix du bois ont haussé en termes réels à un taux composé annuel de 5,8 pour cent entre 1970 et 1980 (Bentley, 1984). Ces augmentations ont probablement été encore plus sensibles au cours des dernières années. Les prix des bambous ont enchéri de manière analogue de même que ceux du bois de feu et des fibres. Outre cette tendance à la hausse, les prix de certains produits forestiers non ligneux ayant des cycles de production annuels subissent de fartes fluctuations. Ainsi, les coûts des cocons de tasar dans certaines parties de l'Inde sont tombés de 44 pour cent entre 1983 et 1984 et ont ensuite plus que doublé en 1985 par rapport à leurs niveaux de 19842/. Les fluctuations des prix affectent tant la rentabilité que la viabilité des entreprises quand les consommateurs éventuels sont pauvres ou lorsque des produits de substitution non forestiers cherchent à s'imposer, comme dans le cas de certains dérivés des fibres.

2/ Les données relatives aux années 1983 et 1984 proviennent de FAIR, 1985. Celles pour 1985 ont été tirées d'enquêtes informelles menées dans l'état du Bihar en Inde.

Problèmes d'approvisionnement en matières premières affectant les petites entreprises forestières

La cause prédominante des problèmes d'approvisionnement en matières premières, dans le cas de l'Inde du moins, réside dans la perte généralisée du couvert forestier et la faible productivité des forêts. Ces facteurs seront examinés en même temps que d'autres dans les sections qui suivent. En attendant, nous analyserons trois séries de causes affectant la source des matières premières (les forêts), à savoir les causes institutionnelles telles que les forces de marché, et celles associées à la politique et à l'administration publiques.

a) Causes portant sur les ressources: La contrainte fondamentale exercée sur les matières premières, à savoir leur pénurie, est imputable à la limitation des peuplements forestiers, à leur disparition accélérée, à leur faible productivité, à la perte de leur diversité et à leur répartition géographique inadéquate. En Inde sur environ 83 millions d'hectares (mha) de terres officiellement classées comme forêts et pâturages permanents, de 23 à 46 mha seulement sont estimés porter un couvert forestier.3/ De 1970 à 1980 la perte de couvert végétal a été estimée à 1,5 mha par an (GOI, 1985). La productivité et l'intensité du matériel; sur pied des forêts restantes se situeraient bien en deçà de leur potentiel.4/ La productivité estimée varie entre quatre et 25 pour cent de ce potentiel. Fait encore plus important que tes peuplements et leur rendement moyen pour les revenus des petites entreprises de transformation rurales est la répartition géographique et la diversité des forêts restantes, car la disponibilité ou la présence sur place de ressources forestières abondantes sont étroitement liées à ces aspects. On ne dispose pas à cet égard de données détaillées bien qu'une forte perte de diversité ait été relevée (Gadgil et al, 1983). Cependant, une analyse du type et des processus de déboisement indique que la perte du couvert végétal a été la plus lourde dans les zones accessibles, tes forêts mixtes et près des installations humaines dans des forêts soumises à la forte pression exercée par les opérations d'exploitation.
3/ Voir, par exemple, Gadgil et al 1983; Bentley, op. cit. GOI, 1985; GOI, 1982.
4/ Gadgil et al, op. cit.; Bentley, op. cit.
De nombreuses industries forestières, notamment dans les secteurs traditionnel et informel, fournissant les groupes les plus défavorisés, associent la collecte/extraction avec la transformation et le commerce. Pour ce type d'entreprise, la distribution et la diversité des ressources sont bien plus importantes que l'ensemble des peuplements forestiers du pays, car la perte des ressources voisines ne peut être compensée par la présence d'autres plus éloignées. Parmi les raisons notoires de cette situation on peut citer la facilité d'accès de beaucoup de forêts en Inde, la surexploitation (planifiée ou non), l'exploitation anarchique notamment des produits non ligneux, une énorme carence d'investissements au cours des années et le fait de n'avoir pas tenu compte des petites entreprises dans les programmes de reboisement, fait qui a souvent résulté en un choix étriqué d'essences et un manque de coordination entre les efforts de plantation et ceux d'expansion des petites entreprises.

b) Causes institutionnelles: les causes institutionnelles des problèmes relatifs aux matières premières comprennent les demandes concurrentielles, le type de marché de ces matériaux et l'absence d'infrastructures.

En vue d'obtenir les rares ressources disponibles, les petites entreprises forestières qui utilisent des matières premières doivent rivaliser avec les consommateurs urbains, les industries et certaines utilisations finales tel le bois de feu. Le bois en est un exemple notoire, les marchés urbains absorbant 80 pour cent des sciages (Chetty, 1985). La décimation progressive des forêts et la centralisation des approvisionnements ont favorisé les centres urbains mieux servis par le réseau de traitement et de distribution. La transformation du bois est désormais une entreprise éminemment urbaine, non seulement parce que c'est là qu'existe la demande mais encore à cause de la situation facteurs de production et liaisons. Le bambou, considéré naguère comme une mauvaise herbe et facilement récolté par les artisans ruraux, est une exemple typique d'une matière première dont se servent les petites entreprises rurales et qui est soumise à la pression des demandes de l'industrie du papier. En effet les papeteries cherchent à se tailler la part du lion en vertu de concessions à long terme octroyées par l'administration forestière pour leurs approvisionnements en bambou. Un autre exemple est celui de certaines herbes utilisées dans la fabrication de cordages qui ont, elles aussi, leur emploi dans l'industrie du bois et du carton.

Allumage d'un four à carboniser

Dans le cas de certaines matières premières, la structure du marché milite contre les intérêts des petites entreprises rurales. Le bois est un bon exemple d'un marché orienté vers les grossistes et les centres urbains et qui n'est pas du tout structuré pour servir les petites entreprises rurales décentralisées. Le commerce des feuilles de Diospyros melanoxylon est encore un exemple. Il y a quelques années divers gouvernements d'état avaient nationalisé la récolte de cette matière première. En dépit de ces mesures, certaines entreprises continuent à en effectuer la cueillette; les feuilles vendues aux enchères du département des forêts sont achetées par des monopsonistes, en même temps producteurs monopolistes, qui vendent ces feuilles à des millions de petits producteurs pour la fabrication sous contrat de bidis à des conditions estimées à juste titre abusives (Anuradha et al, 1984).

Le manque d'infrastructure constitue une contrainte notamment pour les entreprises engagées dans la récolte, la transformation et le commerce de divers produits forestiers non ligneux tels que les graines oléagineuses d'origine forestière, les prunes cerises, etc. Ainsi, malgré une abondance de graines de Shorea robusta, par exemple, les villageois qui sont tributaires de la récolte et du commerce de ce produit pourraient trouver leur activité bloquée par l'absence de routes, d'entrepôts intermédiaires, etc.

Un autre exemple est la pénurie d'infrastructures qui empêche de fournir des œufs sains aux villageois qui élèvent les insectes producteurs de tasar pour en utiliser les cocons.

c) Politique et administration publiques: certaines politiques et pratiques appliquées par les services forestiers contribuent également à accentuer le problèmes d'approvisionnement des petites entreprises forestières rurales. Ainsi, les forêts sont souvent découpées en vastes parcelles pour des raisons d'exploitation et d'aménagement. Il en résulte que les ménages et les petites entreprises ne peuvent faire des offres aux enchères et sont obligées d'acheter les matières premières par le biais d'intermédiaires à des prix élevés, quand bien même ces matériaux croîtraient pour ainsi dire dans la cour de leur maison. De même les services forestiers ne sont pas organisés pour répondre avec souplesse aux besoins des petits entrepreneurs.

Les matières premières sont normalement vendues en l'état et en vrac aux enchères à partir de dépôts forestiers disséminés; en outre pour des motifs de comptabilité qu'une organisation publique est obligée de tenir, l'opération suit une procédure rigide. Enfin, les services forestiers peuvent interdire l'enlèvement d'arbres pour certaines activités telles que la carbonisation en vertu de normes sur la conservation des ressources naturelles.

Organisations et programmes visant à résoudre les problèmes d'approvisionnement en matières premières

Il existe en Inde quatre catégories d'institutions publiques (autres que les banques) qui poursuivent l'objectif d'appuyer les petites entreprises. Ce sont des institutions ayant une responsabilité sectorielle telles les administrations forestières, ou s'occupant du développement de certains produits tels que la soie, le coir, etc., ou encore créées à dessein pour la promotion des petites entreprises, ainsi que des institutions de financement. En outre, des associations engagées dans la gestion du développement rural et des organisations volontaires privées fournissent également une aide aux petites entreprises.

Les institutions à responsabilité sectorielle dispensent normalement aux petites entreprises rurales une aide dans la mesure où celle-ci fait partie de leurs objectifs et mandats élargis. Cette aide comprend la promotion et l'administration de politiques appropriées et la fourniture d'assistance technique. Les institutions sont d'ordinaire organisées sur une base territoriale et ne comprennent pas de divisions spécialement chargées d'aider les petites entreprises.

Les institutions créées pour le lancement de certains produits et articles fournissent un appui aux petites entreprises dans la mesure où ces dernières jouent un rôle de premier plan dans la production de ces articles. En Inde la soie, le coir et les métiers à tisser à main représentent des domaines où le secteur des petites entreprises occupe une place importante, tant dans la production que la première transformation, et des organisations de promotion ont été instituées pour leur offrir une aide. D'une manière générale, ces organisations encouragent la recherche et le développement, fournissent un appui politique, par exemple en soutenant les prix, assurent des achats gouvernementaux, etc., dispensent des services de vulgarisation technique et en matière d'infrastructures. Les organisations en question relèvent souvent d'une organisation mère qui remplit des fonctions de développement et de promotion de caractère général telles sont le Central Silk Board (Office central pour la soie) et l'Office of the Development Commissioner for Handlooms (Bureau du Commissaire chargé du développement des métiers à tisser à main) et qui à son tour dépend d'un organisme étatique, comme par exemple le département de la sériculture, auquel incombe la responsabilité de l'exécution.

Des organisations indépendantes ont également été créées en vue de promouvoir et d'aider les petites entreprises rurales. En Inde il existe deux groupes d'organisations de ce type: d'une part la All-India Khadi and Village Industries Commission (KVIC) (Commission pour le Khadi et les industries villageoises de l'Inde) et ses contreparties au niveau de l'état, les Commissions KVI, et de l'autre, l'administration des petites industries formée par le directorat des petites entreprises de transformation du gouvernement central, les directorats d'état des petites entreprises de transformation, les District Industries Centers (DIC) (Centres des industries de district), la National Small Industries Corporation (NSICS) (Société nationale des petites industries), les sociétés à l'échelon des états et diverses institutions offrant des services de formation, consultation et développement de l'esprit d'entreprise.

La KVIC fut instituée en tant qu'organisme de promotion indépendant par un Acte du Parlement indien en 1957. Ses contreparties au niveau des états, les KVIB, sont également des organismes statutaires. Du point de vue opérationnel, la KVIC agit par l'entremise des KVIB, plusieurs petites institutions affiliées (non gouvernementales), des associations de producteurs et des organisations volontaires privées. Ce groupe d'institutions fournit une aide aux entreprises de filage et de tissage et à un group d'industries villageoises menant des activités telles que la menuiserie, la fabrication d'objets en bambou, l'extraction d'huile, etc. qui sont réunis officiellement sous le nom de "Khadi and village industries sector". Ces institutions offrent un appui en matière de formation, de développement et de vulgarisation technologiques, d'approvisionnement en matières premières, outils et équipement, de commercialisation et de crédit.

Les organisations des petites entreprises de transformation accomplissent des fonctions de promotion et d'aide pour le développement de politiques telles que des facilitations en matière d'appui institutionnel et infrastructurel, des incitations et subventions, l'approvisionnement en matières premières rares et importées une aide à la commercialisation, etc.

Les banques et les institutions financières offrent également une assistance aux petites entreprises au moyen de programmes spéciaux de crédit.

Les institutions publiques engagées dans le développement de l'administration et les organisations volontaires privées fournissent aussi leur appui aux petites industries. Les premières s'intéressent principalement à la formation, la gestion des incitations et l'appui à la commercialisation. Les autres offrent le cas échéant une aide élargie qui comprend l'approvisionnement en matières premières.

Aide à l'approvisionnement des petites Industries forestières en matières premières

Cette aide est fournie aux petites entreprises forestières principalement par les services forestiers et les institutions KVI. Les organisations volontaires privées n'interviennent qu'en des cas isolés. En ce qui concerne le tasar les tâches incombent aux institutions s'occupant de la promotion de la sériculture. Les sections qui suivent examineront ces actions et leurs limites.

a) Services forestiers: en vue d'approvisionner en matières premières les petites entreprises forestières en Inde, les efforts des services administratifs forestiers portent sur la gestion des concessions et la vente de matières premières. En outre, quelle que soit la portée de ces efforts, ils visent seuls deux produits à savoir le bois et le bambou. Les pratiques adoptées sont à peu près les mêmes pour toute l'Inde (GOI, 1984).

Le bois (de construction, de menuiserie, pour les objets d'artisanat et les outils) est mis à la disposition des consommateurs de deux façons. Tout d'abord les services forestiers autorisent des utilisateurs de confiance à couper dans les forêts du bois d'une taille, d'une qualité et d'une quantité préétablies soit gratuitement, soit à un prix avantageux et ce, en signe de reconnaissance des droits coutumiers et des concessions dont jouit la population rurale. La deuxième méthode est celle des ventes et des enchères qui ont lieu dans des dépôts forestiers où les entrepreneurs des petites entreprises rurales peuvent acheter les matières premières dont ils ont besoin. Dans certains cas, encore une fois en guise de concession, les services forestiers stockent certains types de bois pour des usages spécifiques, telles par exemple les bûches d'Acacia catechu pour la fabrication de moyeux de roues pour les chars à bœufs.

Le bambou est mis à la disposition des utilisateurs de trois manières différentes. Dans certaines zones du pays, les paysans ont le droit d'en couper une certaine quantité pour la construction de leurs maisons en vertu de leurs droits coutumiers. En outre, le bambou est vendu dans les dépôts gouvernementaux en même temps que le bois. Enfin, les services forestiers fournissent des quantités prescrites de bambou à des groupes connus d'ouvriers qui travaillent ce matériau traditionnellement dans des zones spécifiques du pays.

Ainsi, le Buruds de l'Andhra et du Maharashtra, le Basores du Madhya Pradesh, les Vansfodias du Gujarat, les Turis du Bihar, etc. ont le droit de prélever des bambous chaque année en quantités prescrites dans les dépôts des services forestiers à des prix avantageux. Dans certains cas, des sociétés (traditionnelles) de travailleurs de bambou ont été constituées pour faciliter l'administration de cette concession.

Ce système d'approvisionnement en matières premières entraîne des problèmes aussi bien opérationnels que conceptuels. Parmi les premiers figurent le manque de souplesse, une disponibilité centralisée et rare, une qualité médiocre et de hauts coûts d'administration pour les services forestiers. Pour la vente du bois, par exemple, les prix sont calculés sur la moyenne des prix des trois dernières années et les stocks sont vendus en l'état. D'ordinaire les dépôts emmagasinent du bois rond plutôt que scié ou débité. Si un menuisier, par exemple, avait besoin d'une demie grume il risquerait de ne pas l'obtenir, et le dépôt ne modifiera en aucune façon les prix préétablis pour compenser les différences de qualité ou de prix par rapport au marché. Les dépôts se présentent plutôt sous forme de comptoirs que de magasins de vente au détail; ils sont rares et disséminés, situés dans quelques centres urbains ou concentrés près des forêts, encore qu'on cherche actuellement dans certaines zones de créer un réseau plus étoffé de points de vente, notamment pour le bois de feu. Les matières premières ne sont pas toujours disponibles dans les dépôts et les ventes aux enchères ne s'effectuent pas régulièrement. En outre des problèmes de qualité se posent souvent, notamment dans le cas du bambou qui est souvent transporté sur de longues distances et arrive au dépôt desséché et inutilisable aux fins des travaux artisanaux. La gestion des concessions, comme dans le cas du bambou, dans un milieu où sévit une pénurie de ressources, est sujette à des négligences tant de la part des services forestiers que des bénéficiaires.

Les problèmes tes plus importants sont, naturellement, de nature conceptuelle. Les services forestiers ne sont généralement pas équipés (sauf dans une mesure limitée lorsqu'ils traitent avec des groupes tribaux) pour fournir des matières premières, et encore moins un appui significatif aux petites entreprises forestières. L'appui consiste en des concessions octroyées à des producteurs traditionnels plutôt qu'à des nouveaux). C'est pourquoi dans l'ensemble aucun effort n'a été fait pour établir des plantations en vue d'augmenter les disponibilités en matières premières en faveur des petites entreprises forestières rurales, ni pour développer une infrastructure de transformation préliminaire, d'entreposage et de distribution. Les services forestiers n'ont pas incorporé le développement des petites industries dans leurs politiques, leurs programmes et leur organisation en tant que moyen de mettre en valeur les forêts en associant les revenus ruraux traditionnels (dans la mesure consentie par un milieu caractérisé par des carences croissantes) plutôt que d'investir dans le développement à long terme des forêts pour créer des revenus supplémentaires.

Les petites entreprises rurales peuvent satisfaire leurs besoins en matières premières

b) Institutions d'appui aux petites industries forestières: L'infrastructure institutionnelle s'occupe en premier lieu des petites industries du secteur moderne. Normalement, l'aide founie porte sur les matières premières importées et les matériaux rares. L'institution d'appui la plus efficace à l'égard des petites entreprises forestières en Inde est l'infrastructure du Khadi et des industries villageoises (KVI). Dans chaque état, les offices du KVI organisent les fournitures de matières premières par le biais de leur réseau d'entrepôts et de centres de production. Les besoins en matières premières telles que la laine, le coton, les cocons, etc. sont calculés chaque année sur la base d'informations fournies par des institutions et des entreprises affiliées. Les matériaux sont ensuite achetés en vrac et distribués.

L'infrastructure des KVI agit également en qualité d'agence d'approvisionnement de matières premières, notamment pour certains produits forestiers, tels que les graines oléagineuses d'origine forestière, les fibres, les cocons, les plantes médicinales, etc. Ces matières premières sont ensuite fournies à des petites entreprises rurales et des institutions affiliées.

Ainsi, l'appui à la commercialisation et celui à l'approvisionnement en matières premières fournis aux petites entreprises se complètent l'un l'autre. Malheureusement l'infrastructure des KVI n'a qu'une portée limitée tant du point de vue géographique qu'en termes de types d'entreprise. En effet, elle ne fournit qu'un pourcentage réduit des artisans du pays, la couverture a été particulièrement faible dans le domaine de la transformation du bambou, des roseaux et de stravaux de menuiserie (KVIC, non daté). La KVIC a cependant joué un rôle important dans le développement des petites entreprises de traitement des produits forestiers dont les activités portent sur la récolte, la transformation et la vente de certains produits forestiers non ligneux tels que le graines oléagineuses, les plantes et les herbes médicinales. En tout état de cause, l'infrastructure des KVI ne peut augmenter la production des matières premières qui représent le souci principal des services forestiers.

c) Autres institutions: Des organisations volontaires privées, certains programmes gouvernementaux tels ceux destinés aux groupes tribaux et les institutions, créées pour certains produits tels que la soie ou les objets d'artisanat fabriqués par les petites entreprises rurales, fournissent à leur tour une aide aux petites entreprises forestières rurales en ce qui concerne l'approvisionnement en matières premières. Il faut toutefois reconnaître que leurs efforts en faveur des petites entreprises forestières sont plutôt limités.

Transformer les contraintes en occasions de gains: une nouvelle perspective pour les petites entreprises forestières

Le défaut principal de l'assistance organisée en faveur des petites entreprises forestières est l'absence d'une stratégie globale permettant d'augmenter les revenus ruraux en intégrant, pas le biais d'une processus dynamique d'exploitation des ressources et de réinvestissement, le potentiel productif de forêts mal aménagées à la demande de biens et services d'une économie en expansion. Les petites entreprises forestières ne font en réalité partie ni de la foresterie ni des petites industries. Les analyses forestières conventionnelles ont normalement mis l'accent sur les graves problèmes portant sur la dégradation des ressources, leur durabilité et l'approvisionnement et l'entreposage des matières premières industrielles (ainsi que sur le bois de feu ces dernières années). Les intérêts des petites entreprises rurales n'affectent la foresterie que dans la mesure où certains produits forestiers tels que ceux dits secondaires, qui constituent la base des gains des petites entreprises, sont également une source de revenus pour l'administration forestière et, à un degré encore moindre, où des occupations rurales traditionnelles sont menacées en raison de l'épuisement de certaines matières premières forestières. Dès lors, les initiatives d'une certaine envergure prises récemment dans le domaine forestier ont été des programmes d'une conception plus ou moins uniforme de boisement à grande échelle, le renforcement des mesures de conservation et la réglementation de la récolte et de la vente des produits forestiers secondaires. L'importance du rôle que pourraient jouer les revenus dégagés des petites entreprises rurales à l'égard des problèmes classiques de la foresterie n'est pas encore bien comprise.

Par ailleurs, les analyses conventionnelles portant sur les petites entreprises rurales affrontent en premier lieu les problèmes des entrepreneurs et des entreprises. Elles se concentrent sur les contraintes liées aux facteurs de production et aux liaisons qui ont un effet inhibiteur sur la viabilité et la croissance de l'entreprise. Les interventions s'efforcent de lever ces contraintes, normalement à travers la vulgarisation, les services et les programmes d'appui. Cette approche a l'avantage de donner une impulsion à l'essor de la société. En effet, les secteurs où prédominent les entreprises, les zones plus développées et les couches à haut revenu en bénéficent et la richesse est ainsi réellement créée. Mais les plus pauvres, eux, ne font pas partie des entrepreneurs, et leurs moyens d'existence ne dépendent pas des secteurs dynamiques qui sont les premiers à recevoir les appuis conventionnels octroyés aux petites entreprises rurales. Le moyen le plus sûr d'augmenter leurs revenus est de faire en sorte qu'ils deviennent eux aussi des entrepreneurs et qu'ils investissent dans des secteurs ruraux moins dynamiques tels que la foresterie, la transformation des produits alimentaires, l'élevage, l'énergie renouvelable, etc.

Une approche plus générale à la foresterie qui commencerait par étudier les capacités du secteur de créer des revenus indépendants pour les pauvres ruraux par le biais des petites entreprises forestières montrerait que, grâce à celles-ci, ces pauvres ruraux pourraient devenir d'importants producteurs et investisseurs dans le secteur forestier, au lieu d'en être les destructeurs (ou mieux les consommateurs) comme ils semblent l'être aujourd'hui. Ainsi, plutôt que de laisser tarir une source prometteuse de gains en interdisant la production de charbon de bois, on pourrait adopter une approche plus créative et promouvoir l'industrie du charbon de bois en aidant les pauvres ruraux à établir des plantations destinées à la production de bois à cet usage, les administrations forestières devraient également orienter les activités forestières rurales, traditionnellement axées sur la vannerie, la récolte de produits autres que le bois, etc., vers des lignes de production plus rentables comme la conversion des produits non ligneux à des usages urbains et industriels, l'industrie de la pâte, l'énergie, etc.

Une pareille approche à l'analyse des petites entreprises rurales, qui débuterait par l'examen des moyens qu'emploient les pauvres pour réaliser leurs revenus, pourrait révéler qu'ils sont incapables d'exploiter le potentiel de gains offerts par les petites entreprises rurales (qu'il s'agisse ou non d'entreprises forestières) pour une série de raisons qui vont au-delà des contraintes relatives aux facteurs de production. Parmi celles-ci figurent l'inaptitude des pauvres à supporter (ou réduire/administrer) les risques, à concevoir une idée susceptible d'être transformée en activité, à établir ou mettre au point un réseau de liaisons à partir de leur position actuelle de faiblesse économique et sociale, à obtenir que les politiques, les programmes et les infrastructures publiques tiennent compte de leurs besoins. Bref, les pauvres opèrent au-dessous de ce qu'on pourrait appeler le seuil de l'entreprise. Les approches qui tenteraient de développer les petites entreprises rurales rurales en fonction de cette analyse chercheraient vraisemblablement à affronter ces contraintes de manière qu'elles puissent atteindre ce seuil. Ces deux approches combinées porteraient à ce que nous appelons "l'entreprise adoptive"5/ où une organisation extérieure assume le rôle d'entrepreneur.

5/ Le terme "entreprise adoptive" est utilisé par Vijay Mahajan de la Professional Assistance for Development Action de New Dehli pour décrire le projet d'industrialisation rurale de son organisation. On pourrait arguer que des politiques publiques visant la promotion de l'entreprise privée produiraient les mêmes résultats bien plus efficacement que la création d'entreprises adoptives. En effet, la croissance des petites entreprises en Inde et certaines initiatives prises en vue du développement des forêts et des terres incultes (cf. GOI, 1982) semblerait appuyer le modèle de l'entreprise privée. Cependant ces mêmes données montrent également que, tandis que le modèle affronte les problèmes de croissance et de productivité, ceux de la distribution liés à la création de revenus pour les groupes ruraux défavorisés ne sont pas pris en compte.

Dans ce cas l'entrepreneur identifie pour les pauvres des moyens de réaliser des revenus, les convertit en une série d'activités rentables, établit l'organisation nécessaire, crée les liaisons, met au point les processus et fournit les facteurs de production, gère l'entreprise jusqu'au moment où les pauvres seront en mesure de relever ces fonctions de gestion ou quelques-unes d'entre elles, et en suite se retire ou bien se borne à jouer un rôle de service, de direction ou d'association. Un exemple bien connu de ce processus est l'expérience Amul dans l'industrie laitière de l'Inde et le programme de développement laitier qui en est résulté. Les activités des fondateurs d'Amul et des institutions qu'ils ont aidé à établir vont bien au-delà de la simple vulgarisation, des services d'appui ou de tout autre effort de développement que les pouvoirs publics envisageraient. On pourrait mieux définir tout cela par le terme esprit d'entreprise.

Cette méthode de développement convient particulièrement bien aux petites entreprises forestières en milieu rural pour plusieurs raisons. Maintes activités prometteuses auraient besoin pour s'épanouir de quelques apports initiaux tels que le tasar, la gomme laque, l'énergie (plantations à bois de feu pour les marchés urbains et la production de charbon de bois et d'électricité), des graines oléagineuses forestières, etc. qui dépassent les moyens d'un ménage pauvre et excèdent les fonctions d'une organisation à objectif unique. Il est des problèmes de portée, d'accès à la terre et d'intégration verticale qui ne peuvent être appréhendés au niveau de la famille ou même du village. La foresterie intensive (par opposition à l'aménagement des forêts naturelles) n'est pas normalement une occupation rurale traditionnelle. Elle comporte de longues périodes de gestation alors que maintes activités des petites entreprises forestières présentent des risques élevés et imprévisibles. Plus important encore, la durabilité à long terme des forêts dans beaucoup de pays en développement est axée sur ce qui a été désigné comme te "développement à fort coefficient de revenu", à savoir une dynamique neuve d'exploitation et de réinvestissement des ressources qui appelle une optique intégrée.

De nombreux projets pilotes de ce type sont déjà en cours de réalisation en Inde, tant en ce qui concerne les petites industries de traitement des produits forestiers que les autres entreprises rurales. Ci-dessous sont décrits quelques-uns de ces exemples.

a) Projet de mise en valeur de terres incultes de l'Utthan: L'Utthan est une organisation volontaire privée de l'état du Gujarat dans l'ouest de l'Inde qui assiste un groupe de villages à proximité du golfe de Cambay. La pénétration de l'eau de mer à l'intérieur des terres fait qu'une grande partie des sols de ces villages (souvent jusqu'à 90 pour cent) ont des taux de salinité très élevés; la nappe phréatique sous-jacente est elle aussi fortement saline. En raison de la faible productivité agricole de ces sols, la plupart des habitants de la zone complètent leurs revenus en travaillant comme migrants. Conscient du fait que le relèvement du niveau de vie des populations de la zone dépendait de la productivité de ces terres salines incultes, et que la foresterie constituait l'un des moyens de les exploiter, l'Utthan s'employa à approfondir ces solutions. Elle s'aperçut que deux essences forestières croissaient naturellement dans la zone, à savoir Prosopis juliflora et Salvadora persica. En fait, la récolte et la vente (aux commerçants de Bombay) des graines de Salvadora représentait déjà un gagne-pain accessoire pour un certain nombre de paysans, encore que la récolte eût baissé au cours des dernières années, les peuplements de Salvadora ayant été graduellement détruits par des troupeaux de chameaux migrateurs et des ramasseurs de bois de feu. Prosopis représentait également une source de revenus car on pouvait vendre son bois comme combustible dans les centres urbains et pour alimenter les fours à chaux et à briques. En outre on pouvait en tirer du charbon de bois et le vendre à Bombay et à Ahmedabad.

Cependant, les villageois n'avaient jamais planté ces arbres, d'une part parce que l'arboriculture ne représente pas une activité traditionnelle et, de l'autre, car aucun villageois ne prit l'initiative de mettre au point l'organisation nécessaire et de réunir les techniques et le capital indispensables (ce qui du reste coûta par la suite un effort considérable) pour établir les plantations. En effet, ces villageois n'auraient pu ni assurer la viabilité d'une telle entreprise ni savoir comment l'améliorer à travers un système de commercialisation performant et des efforts visant le développement du produit.

L'équipe de l'Utthan travaillant dans ces villages consulta des chercheurs spécialisés en salinité du sol et d'autres experts, et étudièrent des débouchés pour les graines de Salvadora (pour la production d'huile à usage industriel), le charbon de bois et le bois de feu. Elle parvint à la conclusion que tant Salvadora que Prosopis pouvaient être cultivées profitable ment dans la région et que des revenus pouvaient être réalisés par le biais des petites entreprises rurales en plantant ces essences dans des terres incultes privées ou collectives et en transformant et en vendant leurs produits. Ils conclurent en outre que du moment que les villageois n'avaient jamais entrepris pareille activité, et que ni les risques ni les rendements n'étaient entièrement prévisibles, la plantation de la première parcelle aurait dû être financée moyennant des crédits à des taux avantageux. Après quelques essais préliminaires, un projet pilote fut mis en route; en 1986, 78 familles participèrent à l'établissement de plantations à l'aide de crédits à faible taux d'intérêt octroyés par une institution publique. De nouveaux débouchés plus rentables ont déjà été identifiés pour la commercialisation des graines de Salvadora et plus tard, lorsque la production sera suffisante, on pourra extraire l'huile sur place. De même, lorsque les plantations de Prosopis seront installées, on pourra implanter une usine de charbon de bois. L'Utthan a aidé les villageois à créer un groupement informel pour exécuter le projet qui pourra se transformer un jour en une organisation formelle. L'Utthan entend se retirer de l'entreprise une fois que celle-ci sera capable de voler des ses propres ailes.

Plantation de Prosopis

b) Le projet des industries rurales de PRADAN: PRADAN (Professional Assistance for Development Action) est une organisation volontaire privée couvrant toute l'Inde. Elle avait été créée initialement pour fournir une aide technique professionnelle aux organisations volontaires privées en plaçant son personnel à plein temps et à moyen long terme dans ces organisations pendant une certaine période. Plus tard, PRADAN décida de mettre sur pied ses propres projets, notamment dans les domaines où existaient le besoin et le potentiel pour entreprendre des actions nouvelles. Le premier de ceux-ci lancé par PRADAN a porté sur la promotion des petites entreprises rurales. Contrairement au projet de l'Utthan, où la fonction d'entrepreneur évoluait en quelque sorte dans le temps, PRADAN précisa très clairement dès le début (sur la base de son expérience de développement acquise au ras du sol) quel aurait été son rôle en tant qu'entrepreneur "adoptif" dans l'identification des domaines se prêtant à la création d'activités rentables et susceptibles de devenir des entreprises indépendantes et viables au profit des populations pauvres.

Une équipe de projet s'accorda avec la Industrial Development Bank of India (IDBI) (Banque de l'Inde pour le développement industriel) sur des mesures d'appui à prendre de concert, et fonda une société de promotion à but non lucratif conformément aux dispositions de la section 25 de l'Indian Companies Act. Cette société, qui incorpora les membres de l'équipe de projet en tant que cadres, identifia une zone (choisie sur la base de ses besoins et de son potentiel) pour y installer son premier groupe d'entreprises rurales, trouva des "idées" à réaliser et les développa en propositions d'entreprise détalillées, y compris un plan organisationnel de la dévolution des responsabilités.

Les trois propositions d'entreprise choisies jusqu'à présent comme projets pilotes portent sur l'ingénierie simple, l'élevage de volaille et la cultivation de champignons. De ces trois propositions les deux dernières sont déjà en cours de réalisation. La production de tasar et autres activités forestières à petite échelle constituent des possibilités futures et un projet pour le tasar est déjà à l'étude. Le type d'organisation choisie sera une société privée à responsabilité limitée pour chaque groupe d'entreprises d'un même lieu. La société détiendra des actions des producteurs principaux. Au début, elle sera contrôlée par la compagnie de promotion de PRADAN mais sera par la suite relevée par les producteurs. La compagnie de promotion de PRADAN, qui a reçu un crédit de l'IDBI pour financer l'un des projets et cherchera à obtenir une participation analogue de l'IDBI et d'autres institutions financières, bancaires ou gouvernementales pour les autres projets sera chargée de développer chaque entreprise en une affaire rentable avant le transfert des responsabilités. Il est prévu le projet recevra également une aide de programmes gouvernementaux spécifiques mis en œuvre à l'intention des populations pauvres que ce projet se propose d'aider. Par exemple, les producteurs participants augmenteraient leur capital social au moyen de prêts à terme octroyés au titre du programme de crédit rural du gouvernement.

c) Divers projets de développement du tasar tropical: L'industrie du tasar représente l'activité la plus riche en promesses pour les petites entreprises forestières en Inde, bien que son niveau actuel soit jugé trop en deçà de son potentiel réel pour créer des revenus ruraux. Le tasar tropical est le tissu tiré du fil de soie du cocon de l'insecte Antherea mylitta qui se nourrit des feuilles de diverses espèces de Terminalia (les feuilles d'autres arbres ne représentent qu'une source d'aliments secondaire). Les insectes producteurs de tasar ont été, par tradition, élevés à l'état sauvage sur des arbres dans les forêts ou les remblais des champs. Le taux de productivité et de valeur ajoutée (à la main-d'œuvre) dans ces conditions est très faible et l'élevage des insectes et la récolte des cocons de tasar sont demeurées des activités accessoires parmi les populations tribales. Jusqu'à il y a environ vingt ans, l'industrie du tasar desservait presque exclusivement le marché traditionnel intérieur des tissus fins fabriqués à partir d'un fil tordu bobiné entre les paumes ou les cuisses, un procédé pénible effectué généralement, comme on pouvait s'y attendre, par les femmes et les enfants.

Alors qu'aujourd'hui encore le tasar provient de l'élevage en pleine forêt et que le fil continue à être principalement bobiné, ces cernières années des développement prometteurs ont été réalisés tant en ce qui concerne la production de nouveaux revenus que pour réduire la pénibilité du travail. Telles sont la création de nouvelles occasions de marché (celui intérieur moderne et celui d'exportation utilisant tous deux des fils plus grossiers ou des mélanges) et la mise au point de systèmes d'élevage des insectes dans des parcelles de Terminalia arjuna plantées en rangs serrés et étêtées. La productivité de la main-d'œuvre dans ces conditions est bien plus élevée, les risques plus contrôlables et l'organisation simplifiée. Selon certaines estimations, le prix d'équilibre du tissu dans ce cas serait de 50 pour cent inférieur à celui courant ce qui aurait d'évidentes répercussions sur le marché potentiel.

Plusieurs initiatives récentes visant à exploiter les possibilités de revenu du tasar ressemblent aux exemples des entreprises adoptives mentionnées plus haut. La plus développée de ces initiatives, malgré son étendue limitée, est peut-être celle entreprise par le Mahila Vikas Sangh (MVS) un consortium de petites organisations volontaires privées dans l'état indien du Bihar.

Il y a environ cinq ans, quatre organisations volontaires engagées dans l'exécution de programmes de développement rural d'une vaste portée, y compris la fabrication de tasar, fondèrent le MVS en vue de partager un réseau de vente, le transfert de technologie et des services de mobilisation de fonds et de commercialisation pour la mise au point d'un projet intégré fondé sur le tasar et visant la création de revenus pour les femmes rurales pauvres. Chaque organisation membre a, depuis lors, mis sur pied un centre de formation et production, des unités décentralisées de production communautaire (filage et tissage) et des parcelles forestières expérimentales. La majeure partie des cocons est encore achetée sur le marché mais il est prévu que les villageoises établissent des plantations d'arjuna sur des terres incultes privées, collectives ou gouvernementales pour y élever les insectes en vue d'en tirer la soie et de la tisser. Actuellement le MVS et ses participants fournissent tous les services, à savoir l'approvisionnement en cocons et œufs sains, les modèles de tissu, un appui à la commercialisation, des intrants pour les nouvelles plantations, la formation des nouvelles recrues et la gestion. Le plan organisationnel à long terme n'a pas encore été établi mais il est probable que ces fonctions seront transférées à quelque entreprise connexe contrôlée par les producteurs. Un projet analogue pourrait bientôt être mis en route par PRADAN.

d) Initiatives prises par les administrations forestières: des organisations de développement forestier et tribal dans divers états de l'Inde ont mis au point des projets visant la création de revenus et jouant un rôle assez semblable à celui d'entrepreneur adoptif. Beaucoup d'entre elles se présentent sous la forme de centres de production, dont la viabilité sans appuis paraît incertaine, utilisent des membres de tribus comme ouvriers salariés et ont des liaisons en amont et en aval inadéquates; cependant l'embryon de l'idée semble y être. Un exemple intéressant est l'usine de contreplaqué, placage et sciage implantée par la Société de développement forestier du Madhya Pradesh, où des membres de tribus sont à la fois les producteurs principaux et les actionnaires.

Dans tous les cas cités plus haut maints problèmes tels que la reproductibilité, l'étendue, la viabilité sans appuis, etc. demeurent irrésolus. Ce qui importe toutefois c'est que dans chaque cas on s'interroge davantage sur le potentiel des petites entreprises de créer des revenus pour les populations pauvres (dans le cas des petites entreprises en associant la création de revenus au développement forestier) que sur les contraintes pouvant affecter des entreprises existantes ou potentielles.

Il en découle que la principale contrainte, qui a été implicitement ou explicitement identifiée et levée, est l'absence d'esprit d'entreprise. Le résultat, ou mieux la promesse, dans chaque cas n'est pas une solution temporaire aux difficultés opérationnelles liées à la non-disponibilité des facteurs de production et à l'absence ou l'interruption des liaisons, comme pour la promotion traditionnelle des SSE, mais une intégration plus dynamique et plus durable du développement forestier à la création de revenus tirés de la forêt pour les plus pauvres.

Rôle des organisations internationales

La méconnaissance générale des petites entreprises de traitement des produits forestiers (et des petites entreprises en général) ne connaît pas de bornes. Il existe diverses estimations du potentiel d'emploi dans la foresterie et du, potentiel de rendement et de revenu de divers produits tirés des forêts. Quelques études de cas isolés décrivent les problèmes des vanniers (pour maints groupes la contrainte principale est la commercialisation et non l'approvisionnement en matières premières) ou des menuisiers. La recherche systématique fait presque totalement défaut. La promotion de cette recherche et la dissémination des résultats est un domaine où les institutions internationales peuvent jouer un rôle important.

Le deuxième domaine où l'aide de donateurs pourrait être utilisées avec bonheur est la promotion d'initiatives pilotes associant la création de revenus pour les pauvres ruraux, par le biais des petites entreprises forestières, avec la régénération et le développement des forêts.

Enfin, cette aide pourrait servir à stimuler l'échange d'idées et de connaissances entre les différents secteurs des petites entreprises rurales au sein des pays en développement et entre ces pays.

Ouvrier forestier écorçant une grume

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